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ONG arabes : Les déclarations du Sommet de la Ligue arabe n’ont pas pour but la réforme, mais la tromperie de l’opinion publique arabe et de la communauté internationale
MEMRI
Article mis en ligne le 4 juin 2004

Le quotidien Al-Qods Al-Arabi, édité en arabe à Londres, a publié une déclaration commune de 34 organisations arabes non gouvernementales (ONG) qui ont uni leurs voix pour condamner la Ligue arabe après le sommet tenu en Tunisie les 22 et 23 mai 2004.

Ces ONG se plaignent que rien n’a été entrepris au Sommet de la Ligue arabe pour promouvoir la réforme dans le monde arabe, précisant que cela pourrait justifier une intervention étrangère visant à imposer la réforme. Voici une traduction de la déclaration des ONG, suivie de la liste des signataires : (1)

Les ONG « déplorent les minuscules résultats du Sommet arabe (…) qui justifient les pressions extérieures »

" Les organisations soussignées déplorent les minuscules résultats du Sommet arabe sur les sujets [concernant] le monde arabe - à commencer par la réforme politique. Les organisations soulignent que ces résultats n’ont pas atteint le [niveau] des demandes de réforme internes et régionales des organisations de la société civile dans le monde arabe - en particulier [des réclamations de] la Deuxième initiative d’indépendance, publiée par le Premier forum civil parallèle au Sommet arabe, organisé à Beyrouth en mars par l’Institut du Caire pour l’étude des droits de l’Homme, avec la participation de 52 ONG. (2)

En outre, [les résultats] sont contraires aux promesses des gouvernements arabes antérieures au Sommet. Cette incapacité à progresser et la répression continue des réformateurs par les gouvernements arabes apportent une justification aux [instances] étrangères qui exercent des pressions, légitimant les initiatives externes de réforme.

La meilleure preuve de l’incapacité du Sommet arabe à respecter ses propres engagements concernant la réforme politique dans les pays arabes est qu’il s’est satisfait de quelques déclarations d’intentions, faisant des promesses sans définir de programme politique ou prendre d’initiative concrète favorable à la démocratie, en fixant des dates. « Lier la réforme à la Palestine et l’Irak, » comme si pour les libérer, il fallait maintenir la corruption, la torture et l’autocratie «  » Les gouvernements arabes s’entêtent à tergiverser et à perdre leur temps en liant la réforme à la résolution du problème palestinien et à la fin de l’occupation en Irak, comme si pour libérer la Palestine et l’Irak, il fallait maintenir la corruption, la torture, l’autocratie et l’absence de démocratie, d’autorité de la loi et des droits de l’Homme dans le monde arabe.

D’autre part, la déception [des ONG] est accrue par l’affirmation de la ’Charte arabe révisée des droits de l’Homme’, qui avalise une régression de la condition des peuples de la région, comparée aux autres peuples du monde. (3)

Sous sa forme actuelle, la charte ne garantit pas un mécanisme efficace de surveillance et de protection des droits de l’Homme dans les payas arabes, et n’assure pas le droit à la participation politique au moyen d’élections libres et objectives, ou le droit de former des partis politiques ainsi que des syndicats. [La charte] limite le droit de grève, avalise la limitation des droits de la femme, et ignore l’existence et le rôle des organisations des droits de l’Homme. "


Le but de ces déclarations rhétoriques n’est pas la réforme, mais la duperie

" Il est évident que ces déclarations rhétoriques n’ont pas pour objectif de réformer, mais bien de tromper l’opinion publique arabe ainsi que la communauté internationale, au vu des événements intervenus dans certains pays arabes au moment [même] où ces déclarations de réforme étaient préparées : l’oppression politique en Syrie de ceux qui défendent les droits de l’Homme était au plus fort avec, à son comble, la récente arrestation d’Aktham Naaissa, président des Comités pour la défense des droits de l’Homme [en Syrie], et d’autres activistes, ainsi que la restriction de la liberté d’opinion, d’expression et du droit de rassemblement. (4)

A cela s’ajoutent les derniers événements de Bahreïn, l’arrestation de 20 défenseurs de la démocratie et la menace de retirer la licence accordée au Centre des droits de l’Homme de Bahreïn. [Viennent encore] l’échec du Conseil national des droits de l’Homme en Egypte, qui n’a pas réussi à présenter sa proposition d’annulation de l’état d’urgence [en Egypte] en raison des pressions exercées par le gouvernement, la détention de défenseurs de la réforme en Arabie Saoudite, ainsi que le refus du nouveau gouvernement algérien d’annuler l’état d’urgence et d’autoriser les manifestations, ou encore les efforts déployés par le gouvernement tunisien pour étouffer la Ligue tunisienne des droits de l’Homme en gelant les fonds qui lui sont alloués et réprimer une manifestation pour la liberté de presse.

Alors qu’il parle de réforme et de la nécessité de s’ouvrir à [l’idée de] société civile, le gouvernement tunisien a repoussé la demande de l’Institut du Caire pour l’étude des droits de l’Homme de tenir un forum des ONG en parallèle au Sommet arabe. A également été ignorée la requête du Premier forum civil parallèle au sommet arabe d’envoyer deux représentants civils du forum au Sommet arabe en qualité d’observateurs. "


Le Sommet n’a rien dit des éliminations et des graves violations des droits de l’Homme

" Le Sommet n’a rien dit des éliminations à grande échelle dans la région de Darfour, au Soudan, et des graves violations des droits de l’Homme et de la loi internationale commises là-bas - lesquelles ont atteint le stade de nettoyage ethnique - par des milices soutenues par le gouvernement soudanais. [Elles ont lieu] au mépris du rapport d’une délégation de la Ligue arabe envoyée pour répertorier les faits, confirmant les graves violations des droits de l’Homme commises à Darfour par l’administration locale du Soudan.

L’incapacité du sommet à remplir ses obligations peut représenter une justification supplémentaire à une intervention étrangère à Darfour. Malgré la dénonciation par les gouvernements arabes des agissements des forces de l’occupation en Irak, particulièrement des crimes de torture infligée aux prisonniers irakiens par les forces américaines et britanniques, le Sommet n’a pas ouvert le dossier des arrangements bilatéraux entre la Ligue arabe et les Etats-Unis, lesquels accordent l’immunité aux troupes américaines en situation d’être jugées par la Cour internationale pour crimes de guerre.

Cela affecte la crédibilité de toutes les promesses du Sommet arabe qui prétend se montrer juste envers le peuple irakien et les victimes des violations des forces américaines.

Malgré le nombre croissant de violations des droits de l’Homme dans les territoires occupés [en Palestine] et les derniers crimes perpétrés contre des civils palestiniens à Rafah, le Sommet s’est contenté de dénoncer, sans prendre de mesures concrètes pour poursuivre les criminels de guerre israéliens et accorder la protection internationale aux Palestiniens. « Le Sommet a été un échec total ; il n’y aura pas de réforme tant que les Arabes continueront de croire aux promesses rhétoriques » Pour prouver leur sérieux dans le soutien accordé au peuple palestinien, les gouvernements arabes doivent faire plus que formuler des déclarations à l’attention de la presse et manier la langue de bois pour la consommation intérieure, car cela ne mène à rien : [il faudrait] accorder une assistance humanitaire aux Palestiniens et alléger leurs souffrances, en respectant les droits des réfugiés palestiniens dans les pays arabes d’accueil, en mettant fin à la discrimination dont ils souffrent et en exerçant des pressions sur l’Administration américaine pour qu’elle cesse de prendre partie de façon aussi flagrante pour Israël et de fuir son engagement à la création d’un Etat palestinien en 2005.

Le Sommet arabe a été un échec total, même dans ses efforts pour calmer les pressions exercées par l’opinion publique intérieure et la communauté internationale. Il a été confirmé que la réforme ne pourra pas être mise en œuvre tant que les populations arabes, les partis politiques, les syndicats et les organisations des droits de l’Homme, ainsi que les autres institutions de la société civile ne prendront pas la situation en main et ne cesseront pas de croire aux promesses rhétoriques. "

Les signataires :


L’organisation égyptienne des droits de l’Homme
L’Initiative égyptienne pour les droits individuels
Le Programme arabe pour les activistes des droits de l’Homme (Egypte)
Le centre saoudien des droits de l’Homme (Londres)
La Fédération des Tunisiens pour le droit à la citoyenneté des deux côtés de la Méditerranée (Paris)
L’Association irakienne des droits de l’Homme
Le Centre d’entraînement et d’information des droits de l’Homme (Yémen)
Le Centre démocratique social égyptien
Le Centre de liberté de la presse du Golfe (Oman)
Le Forum pour la société civile (Yémen)
La Ligue libyenne des droits de l’Homme (Allemagne)
L’Organisation palestinienne des droits de l’Homme (Liban)
Al-Haqq (Palestine-Ramallah)
Al-Shami (Centre des réfugiés et de la diaspora palestinienne, Palestine-Ramallah)
L’Association algérienne des droits de l’Homme
Les Comités des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie (Paris)
Les Comités de défense des droits de l’Homme en Syrie
Le Réseau irakien pour le développement et la culture des droits de l’Homme
La Société des droits de l’Homme de Bahreïn
L’Association marocaine des droits de l’Homme
L’Association des droits de l’Homme pour l’assistance aux prisonniers (Egypte)
Le Centre palestinien des droits de l’Homme (Gaza-Palestine)
Le Centre pour la recherche et le développement alternatif (Egypte)
L’Association des droits de l’Homme en Syrie
L’Association démocratique des femmes marocaines
Le Centre pour l’étude des droits de l’Homme au Yémen
Le Centre d’études soudanaises
Le Centre de Bahreïn des droits de l’Homme
Le Centre Al-Mezan des droits de l’Homme (Palestine-Gaza)
Le Centre pour la défense des libertés et des droits humains (Liban)
Human Rights Watch tunisien
L’Institut du Caire pour l’étude des droits de l’Homme (Institution régionale et internationale)

(1) Al-Qods Al-Arabi (Londres), le 27 mai 2004

(2) L’Institut du Caire pour l’étude des droits de l’Homme entreprend des recherches sur les droits de l’Homme dans le monde arabe, dans le but de promouvoir les droits de l’Homme dans la région. Voir http://www.cihrs.org/home/home_A.htm. La deuxième Initiative d’indépendance provient de 50 ONG appartenant à 13 pays arabes, et a été lancée au cours du Premier forum civil parallèle au Sommet arabe, à Beyrouth, les 19-22 mars 2004. L’Initiative présentée aux ambassadeurs arabes et au Secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa réclame l’abolition de l’état d’urgence, la libération des prisonniers politiques, la création de tribunaux indépendants, des mesures de réforme économique et administrative, la lutte contre la corruption, le renforcement des mécanismes de transparence, la défense les droits de l’Homme, pour ne citer qu’une partie des requêtes. Islam Online, le 27 mars 2004. Le texte de l’Initiative peut être consulté sur http://www.apfw.org/indexenglish.as....

(3) En 1994, La Ligue arabe a établi la Charte arabe des droits de l’Homme, qu’aucun des 22 Etats membres n’a signé. Le Conseil de la Ligue arabe a décidé, en mars 2003, de revoir la Charte, mais le premier Forum civil parallèle au Sommet arabe a émis des réserves quant à la version révisée. Islam Online, le 27 mars 2004.

(4) Le 13 avril 2004, les forces de sécurité syriennes ont arrêté Aktham Naaissa sans donner d’explication. Quelques jours plus tôt, les Comités de défense des droits de l’Homme en Syrie, qu’il dirigeait, avaient publié un rapport annuel sur l’état des droits de l’Homme en Syrie. AlJazeera.net, le 25 avril 2004.

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