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Pour traiter de cette guerre, ils parlent soudain franglais…
Par Stéphane Juffa © Metula News Agency
Article mis en ligne le 31 mai 2004

Hier soir, dans son JT, studieusement repris ensuite dans les flashes de TV5, la chaîne publique de télévision française Fr2 a, à nouveau, contribué à importer le conflit israélo-palestinien en Europe.

Elle l’a fait par voie d’ingérence manipulatrice dans le résumé des péripéties de notre guerre. En victimisant des criminels fanatiques religieux et en criminalisant les soldats de l’armée d’un Etat démocratique. En usant avec préméditation d’une sémantique française qu’elle sait être absolument irrégulière. En ignorant à dessein les résolutions de l’Union Européenne, qui règlent les doutes qui pouvaient éventuellement exister quant aux désignations adéquates des uns et des autres.

Ces erreurs de discours ne sont ni banales ni sans effets. Les mots tuent, il n’est rien de le dire. Ce sont eux et eux seuls qui arment en France le bras des profanateurs de cimetières et des brûleurs de synagogues ; persister à feindre de l’ignorer, à prétendre combattre un antisémitisme sans causes et sans antisémites, c’est collaborer passivement à l’antijuivisme.

Au 20 heures de France 2, la présentatrice annonce que l’armée israélienne a éliminé trois activistes palestiniens. Mais des activistes, en français, ce sont « des partisans d’une attitude politique qui préconise l’action concrète, parfois au détriment de la réflexion et de la prudence. » (Larousse).

En quoi l’action de deux chefs des Brigades Izzedine al Kassam du Hamas est-elle une attitude politique ? Entre préconiser (recommander) une action concrète et perpétrer un assassinat collectif de civils, la différence se chiffre au nombre d’innocents tués.

La différence, c’est aussi celle qui existe entre un intellectuel civil, un activiste, et un terroriste, une personne armée qui s’attaque systématiquement à des civils. Il n’est plus possible de faire acte d’indulgence envers les journalistes pyromanes et de prétexter qu’ils ne savaient pas… ou encore qu’ils étaient inconscients des effets incendiaires de leur fausse information. Il faudrait désormais ne pas avoir dépassé la scolarité maternelle pour ne pas discerner que les médias de l’Etat français, AFP et Fr2 en tête, mènent campagne afin de dissimuler la vraie nature du terrorisme palestinien et de stigmatiser ceux qui le combattent, sous les traits caricaturaux d’assassins de civils. D’auteurs d’exécutions extrajudiciaires, pour citer précisément les porte-parole successifs de la diplomatie française.

Aucune référence aux actions concrètes de Wa’al Nasser dans le reportage d’Enderlin, l’un des deux terroristes éliminés dans l’opération qu’il commente. Cela aussi, c’est de la désinformation et de l’incitation à la haine. Rapporter qu’un homme a été assassiné sans expliquer ce que lui reprochaient ceux qui ont décidé de l’éliminer, c’est assurément tronquer la représentation des faits. Empêcher le consommateur de nouvelles de former son opinion par retranchement d’information. Le contraindre à sympathiser avec la victime d’une violence au demeurant, mais au demeurant seulement, unilatérale.

Pourtant Nasser avait sans aucun doute les mains pleines de sang, et s’il n’avait été définitivement empêché de nuire - cela aussi c’est une information prépondérante et omise par Fr2 - l’hécatombe dont il était l’organisateur n’avait aucune raison de s’interrompre. L’étang d’hémoglobine à l’actif de cet activiste est cependant profond, jugez-en par vous-mêmes : deux attaques contre le point de passage des ouvriers palestiniens à Erez, en janvier et en mars, dont l’une par la voie d’une femme kamikaze adultérine, recrutée par Nasser. Bilan : Quatre morts et cinq mutilés, y compris une ouvrière palestinienne, sans compter, bien évidemment - il me semble évidemment abject de mélanger dans un bilan ceux qui donnent la mort et leurs victimes - la kamikaze.

En avril 2003, Wa’al Nasser faisait sauter le bar à jazz « Mike’s Place » à Tel Aviv. Trois morts, dont une ressortissante française et soixante blessés.

Mars 2002, Nasser organise l’attaque contre l’implantation d’Atzmona : Cinq étudiants talmudiques tués et vingt-quatre blessés.

Décembre 2001 : un civil israélien mitraillé et tué. Novembre de la même année, une israélienne civile abattue à l’intersection de Gush-Katif.

Encore ai-je omis dans cette énumération macabre les tentatives d’actions concrètes de Nasser déjouées à temps par les Israéliens et le fait que la victime de l’exécution extrajudiciaire était le responsable principal de l’utilisation des missiles Quassam contre les agglomérations israéliennes limitrophes de la bande de Gaza. Et, à part Charles Enderlin - et par voie de conséquence une grande portion du public français - tous les journalistes en poste dans la région (voir le communiqué de l’agence Reuters) savaient que Wa’al Nasser était le chef du Hamas dans la ville de Gaza.

Inutile que je vous cite les exploits du second activiste, Mohamed Zarzour, éliminé par Tsahal dans la même opération. Mais croyez-moi sur parole, le palmarès terroriste de l’assistant de Nasser ne le cédait que d’une courte longueur sur celui de son chef. Les états de services de ces deux archi-criminels islamistes étaient assez fournis en tous cas pour que Charles Enderlin les élève, dans son commentaire, à la fonction de « chefs militaires du Hamas ».

Chefs militaires ? Chefs d’une armée, d’une force armée, membres du commandement des forces armées ? (Larousse)

Y a-t-il dans l’énumération du carnet de route de Wa’al Nasser qui précède le moindre fait d’armes qui puisse se confondre avec un acte de soldat ? De chef militaire ?

Non, certes. Comment ne pas voir alors dans ce nouvel écart sémantique - décidément, nous y en a beaucoup mieux parler f’ançais à Métula qu’à F’ance deux - une autre manipulation : Selon la présentatrice du journal, Israël a assassiné des activistes, donc des civils. Pour Charles Enderlin, des militaires ont éliminé leurs adversaires militaires… Dans cette vérité artificielle, très à l’abri de la connaissance factuelle de l’événement, on se placerait donc dans un cycle de violence entre soldats, normal, en quelque sorte, équilibré, en tous cas, appartenant aux aléas de la guerre.

La troisième victime de l’attaque de l’hélico israélien, dixit Enderlin, était un « militant » du Hamas ; en français, « le membre actif d’une organisation politique, syndicale ou d’une association » (Larousse).

C’est faire un usage immodéré des fausses équivalences connues entre l’anglais et le français, que de comparer, au JT de 20 heures du dimanche soir, le Hamas à une organisation syndicale, n’est-il pas ? Car, dans la langue de Shakespeare, a militant est effectivement « une personne engagée dans une guerre ou un combat : RELATIF à la guerre » (Dictionnaire Merriam webster’s) et an activist est « quelqu’un qui privilégie la pratique de l’action vigoureuse », donc quelqu’un qui n’adopte pas seulement, comme en français, une attitude politique recommandant l’usage de la violence mais quelqu’un qui peut éventuellement y prendre part.

Et la définition du Hamas et du Jihad islamique en tant qu’organisations radicales palestiniennes (ou islamiques, parfois), fréquemment adoptée à l’antenne, comme sur des dépêches de l’AFP et dans de nombreux articles du Monde, signifie en anglais (radical Palestinian organizations) qu’il s’agit d’organisations palestiniennes qui tendent ou qui sont disposées à effectuer des changements extrêmes dans les points de vue existants, les habitudes, la situation, les institutions. Des changements extrêmes, tels l’éradication de l’Etat d’Israël et de sa population.

En français, cependant, lorsque la presse reprend ce faux ami (gramm.) le lecteur ou le téléspectateur cultivé est invité à comprendre que le Hamas est un mouvement qui concerne la nature profonde de la Palestine ou de l’islam, suivant en cela la définition du Larousse : « Qui concerne la nature profonde de quelqu’un ou de quelque chose ».

Sacrées différences, sacrées erreurs, sacrée surprise, aussi, de constater que sur un sujet d’actualité spécifique, un seul, la presse française choisit de s’exprimer en franglais et à l’insu de son public. Ce serait pourtant si simple d’éviter ces tartuferies à connotations partiales évidentes. Plus important même, ce serait si simple de cesser d’inciter la population à bouffer du Juif parce qu’on joue délibérément avec la signification des mots de sa propre langue. Il suffirait de se référer, dans le doute, à la résolution prise par l’Union Européenne le 7 septembre 2003 (mise à jour officielle le 22 décembre 2003) sur les rives du lac de Garde, en Italie.

Cette décision qui, en principe, puisque la France fait jusqu’à mieux dit partie de l’U.E, puisque son ministre desAffaires Etrangères avait paraphé ce texte, aux côtés des quinze Etats membres et des dix pays alors candidats, devrait valoir, au moins pour les médias officiels français. Cette décision, par laquelle l’U.E plaçait la branche politique du Hamas sur sa liste des organisations terroristes, en addition de son bras armé (on dit « bras armé », Charles, pas « militaire ») des Brigades Izzedine al Kassam, qui y figuraient déjà.

Dès lors, il n’y avait apparemment plus, pour les journalistes-fonctionnaires, à se contusionner la langue ni à prendre le risque insensé d’inciter à la haine ethnique : Plus de militants mal francisés, ni d’activistes, pas plus que de radicaux ou encore des militaires, mais des terroristes ! Aussi vrai que les membres - que voilà un mot simple qui exprime bien ce qu’il veut dire : membre - d’une organisation terroriste sont des terroristes, pardi.

Et ça n’est pas le porte-parole de l’armée israélienne qui a jugé bon d’effectuer cette mise au point ô combien sérieuse, en connaissance de l’action du Hamas, mais l’Union Européenne. A l’époque, feu Abdel Aziz Rantissi, leader du Hamas, avait déclaré « que cette décision reflétait l’esprit de croisade des Européens et l’adéquation à la mentalité des sionistes et des Américains » et, menaçant, « les croisés ont donné naissance à Israël et paieront le prix de leur décision », avait ajouté le chef terroriste disparu, qui avait également appelé les musulmans à boycotter les produits européens.

Mais ces déclarations de Rantissi non plus n’avaient pas « retenu l’attention » des désinformateurs français, qui persistent à parler, presque chaque jour, du Hamas tout en n’ayant jamais « jugé utile » de dévoiler à leur public les attendus de la charte de cette organisation. Public de croisés, qui y découvrirait qu’il peut soit se plier aux lois du Prophète, soit se préparer à disparaître.

C’est vrai que ce genre d’affirmation est tellement inutile pour comprendre pourquoi l’activiste-chef militaire-victime Wa’al Nasser faisait sauter les bars à jazz et la serveuse française qui y travaillait… Reposez en paix, Rantissi, Yacine, l’AFP, FI, RFI et les télévisions publiques préfèrent déjà votre vocabulaire à celui de l’Union Européenne.



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