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à l’Est d’Eden : la charge de la Cavalerie américaine sur Jérusalem
Marc Brzustowski pour : http://lessakele.over-blog.fr et www.aschkel.info
Article mis en ligne le 21 mars 2010

Georges Mitchell sera de retour au Proche-Orient pour amorcer les discussions israélo-palestiniennes, ce dimanche. Ce séjour a été reporté, suite à l’incident diplomatique lié à l’annonce de la construction de 1600 logements à Ramat Shlomo. Pour rappel, ce quartier orthodoxe se situe au Nord, et non à l’Est de Jérusalem, au beau milieu d’un no man’s land.

Il n’est, a priori, pas concerné par les tractations indirectes entre Israéliens et Palestiniens. On n’en est qu’au stade des discussions. Les travaux eux-mêmes n’interviendront pas avant 3 ans. Néanmoins, on concédera - et Benjamin Netanyahou l’a reconnu- que l’effet produit avait tout d’une bourrade inamicale à l’adresse de Joe Biden. Durant, cette visite, on devait chanter à l’unisson les louanges de l’amitié indéfectible entre les Etats-Unis et Israël.

L’invité de marque, a dénoncé vertement ce qu’il a immédiatement pris pour une manœuvre réfléchie, un coup monté. Il déclare alors : « Ce que vous faites-là met en danger la vie de nos soldats qui se battent en Irak, au Pakistan et en Afghanistan ! ». Ces propos amers découlent d’une stratégie invoquée depuis le début de la Présidence Obama. Le chef de Cabinet Rahm Emmanuel est, sinon l’instigateur, du moins le porte-parole de cette ligne : il s’agit de conditionner toute réflexion stratégique sur le nucléaire iranien et l’engagement militaire en Asie Centrale et en Orient à la résolution du conflit israélo-palestinien. Israël se voit ainsi tenu responsable des éventuelles déconvenues de la politique américaine face au Jihad global. Il en irait de sa responsabilité si Assad et Ahmadinedjad narguent Mme Clinton sur les dossiers du Levant.

L’alliance bienheureuse contre le terrorisme et les insurrections jihadistes du temps de Georges W.Bush s’est, désormais, retournée contre Jérusalem. L’Etat juif est sommé de subordonner sa propre sécurité, en un mot : sa souveraineté, aux approximations de la politique arabe des Etats-Unis. C’est le mythe du 51è état de l’Union ; autrement dit, la transformation d’Israël en République bananière devient l’objectif central de cette administration.

Biden a, ensuite, semblé accepter les explications de son hôte. Pour peu qu’il y ait eu confusion, maladresse d’un Ministre de l’intérieur, on aurait pu croire l’affaire close à ce moment là. La crise dure depuis plus d’une semaine et risque d‘affecter la réunion du Quartette. Elle a été relancée par toutes les voix que compte le staff de l’Administration Obama : Hilary Clinton exigeait des explications sur un ton fort autoritaire. Elle a sommé Netanyahou de lui répondre sur 3 points :

  • L’extension du gel des implantations à Jérusalem-Est (revendication reprise par la Quartette).
  • L’extension indéfinie du moratoire prévu jusqu’en septembre, tant que durent les négociations
  • De nouvelles concessions à définir, à l’adresse de Mahmoud Abbas.

    David Axelrod lui emboîtait le pas.

    Même le Commandant en Chef du CentCom, le très estimé Général Petraeus accuse Israël des blocages dans le processus de paix. Ils auraient pour effet direct d’étendre l’influence de l’Iran dans la région. Reprenant les termes de Biden, lors d’un briefing devant le Sénat, il a dénoncé l’impact de la politique israélienne sur ses propres opérations en Asie centrale et en Irak. Plusieurs membres de son équipe se poseraient même la question de l’opportunité d’un transfert des territoires palestiniens sous la juridiction du CentCom.

    Parmi de nombreux amis d’Israël au Sénat, l’ancien candidat John Mc Cain a interpelé Petraeus : « au-delà des implantations, est-ce qu’il n’est pas directement question de l’existence même d’Israël ? Aussi pourriez-vous tenir compte de ce qui peut être fait pour réduire les tensions avec le plus proche allié et ami des Etats-Unis, sous bien des aspects ! ».

    Le Premier Ministre israélien a déjà concédé un gel de dix mois de la construction en Judée-Samarie. Il n’a pas souhaité qu’une telle mesure s’étende également à Jérusalem. La pleine souveraineté sur Jérusalem réunifiée fait partie de ses convictions depuis toujours. Une marche arrière sur cette décision ferait certainement voler en éclat la coalition qu’il est parvenu à réunir pour conduire les affaires du pays.

    La crise déclenchée au plus haut niveau par Washington a été murie depuis longtemps. Elle a en ligne de mire de faire en sorte que « Bibi » Netanyahou lâche du leste au sujet de la Capitale de l’Etat hébreu. Un journaliste juif libéral, ami proche de Barack Obama analyse cette ambition, dans les colonnes de « The Atlantic ». Jeffrey Goldberg explique qu’Obama a bien orchestré cette crise. Le président américain a ensuite nié qu’elle ait été réellement importante. Il compte bien en garder la maîtrise sur le long terme.

    L’objectif, selon Golberg, n’était pas seulement de grappiller des concessions supplémentaires. Il s’agit de provoquer un schisme au sein de l’actuelle coalition : la mise en cause directe d’Eli Yishaï, Ministre de l’intérieur et, dans la foulée, le départ d’Avigdor Lieberman des Affaires étrangères. L’Administration entend faire entrer des dirigeants plus proches de ses positions, plus malléables aussi, au sein du Gouvernement israélien ! Le nom de Tsipi Livni est, bien entendu, évoqué comme celui de la candidate idéale au poste de Premier Ministre ou à la diplomatie.

    Kadima ne s’est jamais réellement remis de la disparition prématurée d’Ariel Sharon de l’avant-scène. Son entrée aux affaires est marquée par une guerre mal conçue au Liban. A sa sortie, il a passé le relais après une autre guerre mieux coordonnée à Gaza. Mais elle donne lieu à une nouvelle guerre juridique de longue haleine. Entretemps, toutes les concessions qu’il proposait aux Palestiniens ont été rejetées, durant la Conférence d’Annapolis. Celle-ci a marqué un coup d’arrêt au processus de paix.

    La morale de l’histoire est qu’un gouvernement conçu comme faible est sujet au harcèlement de ses ennemis. Il en a ainsi été pour celui d’Olmert. Il en va ainsi pour l’actuelle Administration Obama, en déclin sur la plupart de ses dossiers intérieurs et extérieurs. Sa chute est difficile à freiner dans les sondages. On conçoit alors qu’il est urgent pour lui de voir Israël s’aligner intégralement sur sa politique et de croire réduire ainsi le coût de ses errements diplomatiques. Cette prédilection à faire profil bas face aux exigences arabes et aux provocations iraniennes n’est pas dans la tradition politique d’Israël. On peut rappeler que Menahem Begin a pu signer la paix avec l’Egypte, parce qu’il était considéré comme un dur. Mais les concessions viennent après l’instauration de la paix, dans le cadre d’un partenariat réel.

    Les projections diplomatiques de Barack Obama sonnent donc pour le moins faux. Elles résultent plus de l’idéologie et de la méconnaissance du terrain que d’une stratégie efficace.

    Il ne s’agit pas seulement d’ingérence dans les affaires d’un pays souverain, mais de pressions et de crises feintes pour le voir appliquer la vision de la « pax americana », selon une doctrine élaborée à la Maison-Blanche. A moins qu’elle n’ait été conçue à Ryiad, et qu’elle colle parfaitement au fameux plan saoudien.

    Barack Obama démontre que lorsqu’il n’est pas en capacité de contribuer à une « révolution de velours » chez les Mollahs de Téhéran, il se sent plus à son aise pour tenter d’en provoquer une chez son « meilleur ami et plus grand allié au Moyen-Orient ».

    Si l’on reprend, en tout cas, les marques d’affection mielleuses de chacun de ses adjoints, à chaque fois qu’ils appellent, en sous-main, au suicide d’un gouvernement… et aux concessions sans fin d’une nation entière.



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