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L’héritage d’une immortelle, Simone Veil
Par Guy Senbel pour Guysen International News
Article mis en ligne le 19 mars 2010

Sa vie est une œuvre politique, au service des autres, et par grandeur d’âme simplement. Ses combats politiques et la symbolique qu’ils constituent sont une source d’inspiration mais aussi de défi. C’est parce qu’elle est fidèle à des valeurs de liberté et de justice, en quête d’harmonie, qu’elle se consacre à servir la chose publique.

Dans son discours de réception à l’Académie française, jeudi 18 mars, elle prononce avec une inaltérable pudeur l’éloge de son prédécesseur Pierre Messmer, revêtue pour la cérémonie de son habit vert d’immortelle, ceinte de son épée d’académicienne sur la lame de laquelle est gravé son numéro de déportée. Pour la réception de la sixième femme immortelle de l’histoire de l&rsqu o ;Académie française, Jean d’Ormesson offre un panégyrique républicain, une ode académicienne qui consacre l’héritage d’une immortelle, une grande dame parmi les grands hommes.

Simone Veil parle de sa mère morte au camp de Bergen-Belsen et de son père disparu dans les pays Baltes, « plus encore que je ne le suis, il serait ébloui que sa fille vienne occuper ici le fauteuil de Racine ». Ascendance académique oblige, le 13ème fauteuil qu’elle occupe désormais, fut occupé la première fois par le génie français. Dire que pour certains antisémites, les Juifs ne pouvaient comprendre complètement Racine…

Femme d’action et d’engagement, Simone Veil succède à Pierre Messmer, immense résistant qui prit le chemin de la France Libre le 17 juin 1940, la veille de l’Appel du général de Gaulle... Elle dit son admiration pour l’homme qui après son arrivée à Londres rejoint la Légion étrangère, pour « faire la guerre avec des gens sérieux ». Bir-Hakeim, El-Alamein…, elle rappelle que le révolté de 1940 ne cessera de s’acquitter de sa « mission de bouclier » et rendra hommage aux valeurs et à l’action qui l’ont guidé.

« Un homme politique ne doit pas chercher à plaire, mais à agir », clame-t-elle dans son discours. Femme politique, femme d’Etat, Simone Veil n’a cessé de mener des combats. Survivante des camps nazis, elle œuvre pour la mémoire de la Shoah. Elle défend la cause des femmes, et devient responsable des plus grands débats de société de la deuxième partie du 20ème siècle ; elle fait adopter la loi sur l’interruption volontaire de grossesse alors qu’elle est ministre de la Santé. Un combat moderne pour la dignité de la femme qui lui vaudra insultes et mépris, aboyés par des représentants de la France d’hier.

Simone Veil incarne aussi l’Europe, l’avenir de la paix. Présidente du Parlement européen, elle y recevra Nelson Mandela et Anouar El Sadate. Son combat pour les droits de l’homme se poursuit à la tribune de l’ONU où elle interpelle les pays qui n’ont pas encore ratifié la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Dans son discours de réception, Simone Veil n’aura évoqué qu’une seule fois Auschwitz et sa déportation dans les camps de la mort, unique occasion d’entendre l’improbable récit qu’un jour elle y retrouva l’espoir, après avoir lu un fragment de journal allemand qu’elle avait ramassé, et qui relatait le débarquement en Normandie.

Simone Veil vécut heureuse à Nice jusqu’en septembre 1943. Puis la Gestapo débarqua avec Aloïs Brunner. Arrêtée, déportée vers les camps de la mort avec sa famille, elle entre dans l’enfer d’Auschwitz le 15 avril 1944. Jean d’Ormesson affirme qu’elle accomplit une tâche presque impossible et s’obstine à survivre malgré Auschwitz, Dora, Bergen-Belsen.

Sous la Coupole, Jean d’Ormesson consacre une grande partie de son discours à la Shoah. « Je pense avec émotion à tous ceux et à toutes celles qui ont connu l’horreur des camps de concentration et d’extermination. Leur souvenir à tous entre ici avec vous. […] On ne sort pas de la Shoah avec le sourire aux lèvres. Une armée de bourreaux, les crimes du national-socialisme et deux mille cinq cents survivants sur soixante-seize-mille Juifs français déportés vous ont contrainte à vous durcir pour essayer de sauver votre mère et votre sœur, pour ne pas périr vous-même ».

Loyale, courageuse, « éternelle rebelle », « républicaine et morale », les compliments de Jean d’Ormesson sous la Coupole ont féminisé une féministe calme et résolue, une femme belle et digne, « tradition même » et « modernité incarnée ».

L’académicien rappelle que Simone Veil est la personnalité féminine préférée des Français, qui lui vouent admiration et affection pour ses combats, tous gagnés. Le combat pour sa vie, puis ses combats pour la vie des autres. Simone Veil est une survivante désormais immortelle.

Ce soir, nos pensées vont vers Guilad Shalit, otage du Hamas, soldat de Tsahal et citoyen français, privé de l’amour de ses parents depuis 1363 jours.



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