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De récents articles de l’écrivain saoudien libéral Raid Qusti évoquent la nécessité de repenser l’Education en Arabie Saoudite et les restrictions religieuses imposées aux femmes saoudiennes.
MEMRI
Article mis en ligne le 25 mai 2004

Dans une série d’articles récemment publiés dans le quotidien saoudien en anglais Arab News, le journaliste saoudien libéral Raid Qusti (1) évoque la nécessité de repenser le système éducatif saoudien, auquel il reproche de produire des terroristes, et de procéder à des réformes religieuses favorables aux droits des femmes saoudiennes. Voici des extraits de ces articles :

Article 1 : Combien de temps avant le premier pas ?

Ci-après les extraits d’un article intitulé « Combien de temps avant le premier pas », publié le 5 mai 2004 :

" Presque chaque jour apporte son lot de nouvelles d’incidents terroristes en Arabie Saoudite. A chaque fois que j’espère et que je prie pour que cela cesse, les choses semblent empirer (…)

Samedi, cinq occidentaux ont été tués à Yunbu de sang froid ; des témoins affirment que le corps de l’un d’entre eux a été traîné dans la rue par une jeep conduite par les terroristes. Des attentats suicides, des camions GMC chargés d’explosifs, des mitraillettes, des grenades propulsées par des roquettes ; pour moi, tout cela évoque plus les rues de Kaboul ou de Falloujah que Riad, Djedda ou Yunbu. A chaque fois que je me remémore les incidents terroristes de l’année dernière, je me souviens de ce qu’un responsable saoudien a une fois déclaré à un groupe d’invités dans une ambassade étrangère : ’Ce n’est qu’un nuage noir qui passera’, a-t-il dit. C’était il y a un an, avant les attentats de l’enceinte de Muhaya, le 8 novembre, et la pagaille à laquelle nous assistons aujourd’hui.

J’aimerais pouvoir rencontrer cette même personne aujourd’hui pour lui demander quel temps il fera l’année prochaine. Y aura-t-il encore des nuages noirs, des pluies de bombes et de grenades propulsées par des roquettes ? Turki Al-Sudairi, rédacteur en chef du journal Al-Riyadh , a donné une explication à tous ces incidents, dans une émission sur les racines des actes terroristes. Il a affirmé que les auteurs de ces actes adhéraient à l’idéologie du mouvement Juhaiman, qui s’est emparé de la Grande mosquée dans les années 1970. Son idéologie consistait à accuser les autres d’infidélité et à procéder à leur élimination, qu’il s’agisse d’occidentaux - qui, selon eux, devaient être renvoyés de la Péninsule arabique-, ou de croyants musulmans refusant de suivre leur voie. Ils ont disparu dans les années 80, 90 de la vue du public, puis ont de nouveau émergé avec leur idéologie destructrice. La question qu’Al-Sudairi a oublié de poser est la suivante : que vont faire les Saoudiens ?

Si nous refusons, en tant que nation, de regarder en face les racines [du mal], comme nous l’avons fait ces vingt dernières années, l’émergence d’un nouveau groupe ayant la même idéologie ne sera qu’une question de temps. Avons-nous contribué à créer ces monstres ? Notre système éducatif, qui n’insiste pas particulièrement sur la tolérance à l’égard des autres confessions - ni même à l’égard des autres écoles de pensée islamiques - doit être reconsidéré de bout en bout.

La culture saoudienne elle-même, qui fait que la plupart d’entre nous n’accepte pas les autres modes de vie, imposant le nôtre aux autres, doit aussi être reconsidérée. Et le fait que du CM1 à la Terminale, nous n’enseignons pas à nos enfants qu’il existe d’autres civilisations dans le monde et que nous faisons partie de la communauté internationale, nous contentant de ressasser [l’histoire] des empires islamiques, vaut aussi la peine d’être revu. Et pour finir, le climat religieux dans le pays doit changer, ce sur quoi a insisté notre propre ministre des Affaires islamiques, sans toutefois donner suite.

Ce voyage de mille km commence par un premier pas. Allons-nous encore attendre trente ans pour assister aux conséquences de notre attente ? " (2)


Article 2 : tradition et religion

Dans un article du 12 mai 2004 intitulé « Tradition et religion », Qusti évoque les droits des femmes dans le Royaume :

" J’aimerais remercier Dr Laila Al-Ahdab du fond du cœur. Je lui suis reconnaissant de son article paru dans [le quotidien saoudien] Al-Watan  : ’Que faut-il suivre : la tradition ou la religion ?’ Il a ouvert les yeux de tous les Saoudiens, hommes et femmes, désireux d’apprendre comment la situation actuelle des femmes dans le Royaume a tout à voir avec les traditions et pratiquement rien avec notre religion.

Dans cet article, Dr Laila cite des exemples tirés d’Al-Bukhari et de Muslim (les deux plus fiables sources de hadiths), illustrant l’absence de ségrégation entre hommes et femmes dans la vie publique aux débuts de l’islam, et le fait que les femmes ont représenté un facteur clé de développement social dans pratiquement tous les domaines. Or ce n’est certainement pas le cas dans notre actuelle société traditionnelle. Au contraire, des Saoudiens ultra-conservateurs ne cessent aujourd’hui d’encourager les musulmanes à n’avoir aucune vie publique et à rester chez elles. L’auteur donne plusieurs exemples tirés de nombreux hadiths relatés par Al-Bukhari et Muslim, illustrant comment les premières musulmanes assistaient aux sermons des mosquées (ce qui, la plupart du temps, n’est pas permis ici), vendaient des produits au marché (interdit ici vu que les autorités estiment que ce serait commettre le péché de mixité), s’occupaient des blessés et des malades (non admis ici à cause de la mixité que cela implique, considérée comme un péché), et d’autres exemples encore.

D’autres hadiths dans Al-Bukhari relatent que certaines compagnes du prophète Mahomet (que la paix soit sur lui) lui avaient demandé l’autorisation de se battre, et que cette autorisation leur avait été accordée. Un hadith mentionne même une discussion publique entre hommes et femmes, ce qui prouve que la mixité était admise, mais que la décence et le respect étaient de mise aux débuts de l’islam. L’auteur mentionne en outre comment, dans divers hadiths, les compagnons du Prophète admettent les femmes en public, aux visites, mariages et autres cérémonies publiques. Un point intéressant soulevé par Dr Laila est qu’un grand nombre des traditions auxquelles nous nous raccrochons - et que nous allons jusqu’à imposer aux autres - se révèlent, à la lumière de l’histoire islamique, étrangères à notre religion. En fait, certaines de ces traditions nous jouent aujourd’hui des tours. Les terroristes s’en servent à des fins personnelles dévoyées.

Je pense en particulier à l’abaya et au fait de couvrir le visage de la femme en public. C’est la norme en Arabie Saoudite. Les terroristes de Riad ont réussi à s’enfuir jusqu’à Djedda parce qu’ils portaient des abayas et avaient le visage recouvert. On a pensé qu’il s’agissait de femmes, ce qui les a rendus pratiquement inapprochables. Un journal a même publié une photo de plusieurs abayas dans une villa bombardée à Djedda, où se cachaient des terroristes. A la question d’une journaliste au ministre des Affaires étrangères Saoud Al-Faisal, pour savoir ce que le gouvernement pouvait faire pour empêcher les terroristes d’utiliser des abayas, le ministre a répondu que cette question devait être adressée au ministre de l’Intérieur (…)

Dernièrement, le cheikh Saleh Al-Hussein a déclaré à Al-Sharq Al-Awsat que les femmes visitant le Royaume n’étaient pas obligées de porter l’abaya. Il a rappelé pour preuve que des millions de musulmanes font le Hajj, toutes vêtues de leurs vêtements traditionnels. J’aurais aimé que ce cheikh insiste sur le fait que les musulmanes n’ont pas l’obligation de se couvrir le visage ; le hadith établit qu’au cours du Hajj et de l’Umrah, c’est une infraction de le faire, mais certains parmi les femmes et les hommes qui travaillent à la Grande mosquée de la Mecque ont besoin qu’on le leur rappelle. Bien que ce soit un fait connu que les femmes ne devraient pas se couvrir le visage pendant le Hajj et l’Umrah - fait que nos savants religieux ne peuvent contester -, certaines personnes à la Grande Mosquée harcèlent les femmes au visage découvert. Une musulmane américaine m’a raconté sa première visite à la Grande Mosquée : alors qu’elle se tenait debout en face de la Kaaba, saisie par la spiritualité du moment, un barbu s’est mis à lui crier dessus : ’Couvrez-vous le visage !’, lui assenant ensuite un coup de bâton dans le dos. Qu’il est triste que des êtres pareils aient le droit de se faire appeler musulmans ! Tout aussi triste le fait que la plupart d’entre eux ignorent la vérité et la tolérance prônée par l’islam. " (3)

[1] <http://www.memri.org/bin/#_ednref1> Pour plus d’informations sur Raid Qusti, voir la Dépêche Spéciale n°665 de MEMRI

[2] <http://www.memri.org/bin/#_ednref2> Arab News (Arabie Saoudite), le 5 mai 2004.

[3] <http://www.memri.org/bin/#_ednref3> Arab News (Arabie Saoudite), le 12 mai 2004.

L’Institut de Recherche Médiatique du Moyen-Orient (MEMRI) est une organisation indépendante à but non lucratif qui traduit et analyse les médias du Moyen-Orient. Des copies des articles et autres documents cités, ainsi que toute information d’ordre général, sont disponibles sur simple demande.

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