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Le quotidien syrien Al-Watan : la France s’est tournée vers la Syrie et détournée d’Israël
MEMRI Middle East Media Research Institute
Article mis en ligne le 17 mars 2010

L’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy a marqué l’ouverture d’un nouveau chapitre dans les relations franco-syriennes. Après trois années de for te tension entre les deux pays consécutives à l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais Rafic Hariri, le président Sarkozy a souhaité faire fondre la glace et se rapprocher de la Syrie. Sa politique a fortement contribué à sortir la Syrie de son isolement au niveau international et à améliorer le statut de celle-ci au Moyen-Orient [1].

La politique de Sarkozy envers la Syrie lui a valu les éloges de la presse syrienne, en particulier du quotidien Al-Watan, proche du régime syrien. Ces derniers mois, ce quotidien a publié plusieurs articles sur la politique de la France au Moye n-Orient. Ces articles accordent au sénateur Philippe Marini, à la tête de l’Association parlementaire pour l’amitié franco-syrienne, le mérite du rapprochement entre les deux pays. [2] Ils soulignent également qu’en modifiant la position de la France vis-à-vis de la Syrie, Sarkozy a aussi modifié sa position face à Israël, étant désormais disposé à considérer Israël comme la source des problèmes au Moyen-Orient.

Voici des extraits d’articles d’Al-Watan :

Al-Watan : Un chercheur français reconnaît qu’Israël est la source de tous les problèmes au Moyen-Orient

L’un des articles évoque la conférence annuelle d’institutions françaises d’études sur le Moyen-Orient, où celles-ci ont fait part de leurs trouvailles respectives afin de conseiller les autorités françaises sur la politique à adopter au Moyen-Orient. Le quotidien souligne qu’un haut fonctionnaire du ministère français des Affaires étrangères, qui supervise et finance ces institutions de recherche, a assisté à cette conférence. Il ajoute que l’un des conférenciers a surpris ses collègues en annonçant qu’il y avait un sujet digne de discussion : l’existence d’Israël et son rôle au Moyen-Orient. Al-Watan le cite en ces termes : « Dites moi : avez-vous rencontré un [seul] problème où Israël ne se trouve pas impliqué au premier plan ? Même le problème confessionnel [à savoir, les conflits entre chiites et sunnites d’une part, chrétiens et musulmans de l’autre] est lié à l’existence dans la région d’un pays appartenant à une dénomination [religieuse] particulière. Qui aurait pu penser que les dénominations ont droit à l’auto-détermination [sans l’exemple d’] Israël, dont l’existence même repose sur le droit à l’auto-détermination d’une dénomination se faisant appeler nation ? Montrez-moi un problème sur lequel nos institutions se sont penchées et qui n’est pas le fait d’Israël. Abandonnons notre politique de l’autruche et cessons de nous mettre la tête dans le sable. Réévaluons l’orientation de nos recherches, afin d’aider les décisionnaires politiques de notre pays. Considérons l’Iran, la Turquie, la Syrie, l’Irak, l’Arabie saoudite, l’Égypte, le Darfour et le Soudan, la crise économique de Dubaï et l’[ensemble] de la situation économique et sociale au Moyen-Orient de façon plus objective... »

L’article d’Al-Watan sous-entend que ces déclarations ont été approuvées par les dirigeants français. Son auteur, le journaliste Issa Al-Ayyoubi, cite des sources élyséennes selon lesquelles le Président Sarkozy aurait répondu favorablement à cette nouvelle suggestion, [la considérant] comme une découverte scientifique susceptible d’altérer la réflexion [politique de la France]. Al-Ayyoubi ajoute que des personnes ayant dernièrement rencontré Sarkozy avaient relevé un changement de sa perception de la région, comme en témoignerait sa position sur les résolutions 1559 et 1701 de l’ONU, l’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne et le dossier nucléaire iranien. Al-Ayyoubi ajoute : « C’est la première fois que la France ne tient pas compte d’une éventuelle réaction d’Israël. En fait, elle a pris plusieurs décisions au mépris [total] des considérations israéliennes, notamment sur la question libanaise... »[3]

Selon Al-Watan, un diplomate français aurait déclaré que la nature d’Israël et son rôle doivent changer

Al-Watan publie en outre les déclarations « d’un diplomate français ayant servi à Beyrouth » qui se serait déclaré satisfait des récents développements intervenus au Proche-Orient. Il aurait [également] affirmé qu’aux yeux de la France, la nouvelle situation géopolitique de la région était plus logique et plus réaliste. De plus, l’engagement de la Turquie auprès du « camp de la résistance » modifie considérablement l’équilibre des forces au Moyen-Orient, apportant une nouvelle dimension géostratégique à la politique de la résistance lancée par la Syrie et l’Iran. Le diplomate a indiqué que la question ne concernait pas l’existence d’Israël, mais sa nature et son rôle qui devaient être réévalués, précisant que les Israéliens devaient comprendre que les temps ont changé et que leur rôle est aujourd’hui différent.

Analysant ces déclarations, le journaliste d’Al-Watan estime que c’est la position déterminée du camp de la résistance qui a suscité le changement d’approche de la France face à la Syrie et à d’autres pays du Moyen-Orient. Selon lui, la France se féliciterait du virage pro-syrien de l’Arabie saoudite, et s’étonnerait de l’incapacité du président égyptien Hosni Mubarak à adapter sa politique à la nouvelle donne dans la région [4].

Selon Al-Watan, les déclarations de Kouchner ne reflètent pas la position de Nicolas Sarkozy

Plusieurs semaines après la publication de cette analyse, le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner s’est opposé aux alliés de la Syrie, le Hezbollah et l’Iran, réfutant par son attitude les commentaires du [journal] Al-Watan : suite à sa rencontre avec le Premier ministre libanais Saad Al-Hariri, le 21 Janvier 2010, M. Kouchner a déclaré que le problème du Liban n’était pas Israël mais le Hezbollah, susceptible d’attaquer Israël pour servir les intérêts iraniens. Un peu plus tôt, il a déclaré que la France était contre l’annulation de la Résolution 1559, qui n’avait pas été pleinement appliquée, et contre la fin du mandat de Terje Roed-Larsen, envoyé spécial de l’ONU pour la mise en œuvre de cette Résolution. La déclaration de M. Kouchner est intervenue immédiatement après les communiqués de la Syrie exigeant de mettre fin à la mission de Larsen au motif que la Syrie s’était conformée à la Résolution et que Larsen avait une politique anti-syrienne [5].

Dans une tentative pour concilier les déclarations de M. Kouchner et le descriptif d’Al-Watan, un article du journal affirme que la position du ministre est en contradiction avec la politique de Sarkozy, et que ses déclarations sur le Hezbollah ont en fait embarrassé le président français. L’article affirme : « Quand le président Sarkozy a nommé Kouchner ministre des Affaires étrangères, ce n’était pas pour qu’il se rebelle mais pour qu’il accepte de lui obéir. Il n’a pas été facile à Sarkozy d’endurer les conséquences de cette nomination au sein de son parti et en France. » L’article déclare également que ce n’est pas la première fois que Kouchner ignore les instructions de Sarkozy concernant le Moyen-Orient, ajoutant que le ministre des Affaires étrangères se soucie plus des nouveaux conservateurs que des intérêts de son pays et de sa position dans le monde arabe.

L’article indique aussi que « Sarkozy et la majorité des Français pensent que leur intérêt réside [dans le rapprochement] avec le monde arabe, de la mer [Méditerranée] au Golfe. C’est un monde qui n’accepte pas les justifications de Kouchner de l’agression sioniste... Kouchner a embarrassé la France, pionnière dans le rejet de l’agression [israélienne]. [En fait,] il a placé plusieurs fois l’Europe dans l’embarras, déclarant hier encore vouloir accélérer la mise en place de sanctions contre l’Iran... alors que la France est contre le principe des sanctions, qui ne donne aucun résultat... » [6]


Notes :

[1] Voir l’ Enquête et analyse n ° 583 du MEMRI, "La Syrie retrouve son rôle pivot dans la région et sur la scène internationale, 1er février 2010, http://www2.memri.org/bin/french/ar... .

[2] Al-Watan (Syrie), 22 octobre 2009. Marini a été récemment nommé envoyé spécial en Syrie. Al-Watan (Syrie), 31 janvier 2010.

[3] Al-Watan (Syrie), 6 janvier 2010.

[4] Al-Watan (Syrie), 23 août 2009. Suite à l’assassinat d’Al-Hariri, l’Arabie saoudite est devenue l’un des principaux adversaires de la Syrie dans le monde arabe. Toutefois, elle a adopté l’an passé une politique de rapprochement avec la Syrie, qui a culminé avec la visite du roi Abdallah le 7 octobre 2009. L’Égypte, d’autre part, est restée sur ses positions et ses relations avec la Syrie demeurent tièdes. Voir l’Enquête et analyse n° 583 du MEMRI, « La Syrie retrouve son rôle pivot dans la région et sur la scène internationale », 1er février 2010, http://www2.memri.org/bin/french/ar...;; MEMRI Inquiry and Analysis No. 591, « Syrian Daily Challenges Egypt’s Status in Arab World, » February 24, 2010, http://www.memri.org/report /en/0/0/0/0/0/0/3993.htm

[5] Al-Safir (Syrie), 21 décembre 2009.

[6] Al-Watan (Syrie), 27 janvier 2010.



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