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L’auteure koweïtienne Ibtihal Al-Khatib : Comme Israël, le Hezbollah devrait ouvrir une enquête sur sa conduite pendant la guerre.
MEMRI Middle East Media Research Institute
Article mis en ligne le 14 mars 2010



Dans un entretien télévisé, l’auteure Ibtihal Al-Khatib s’est déclarée pour la séparation du politique et du religieux, estimant en outre que le Hezbollah devait ouvrir une enquête sur sa conduite pendant la guerre de l’été 2006.

Dans cet entretien, diffusé le 27 janvier 2010 sur la télévision libanaise LBC (propriété saoudienne), elle déclare : « Tout mouvement de résistance motivé par la religion m’effraie. » Citant l’exemple de l’Europe à l’époque des Croisades, elle affirme que celle-ci n’est devenue stable que grâce à la séparation des pouvoirs. Elle explique que la région est instable en raison de « la confusion entre politique et religieux ». Pour Al-Khatib, « la répression est source d’instabilité, qui engendre à son tour des révolutions. »

Ce n’est pas la première fois qu’Al-Khatib évoque ces sujets, critiquant le rôle du Hezbollah dans la guerre et affirmant que la laïcité est la seule façon de préserver la liberté de culte dans le monde arabe.

Ci-dessous des extraits de l’interview diffusé le 27 janvier 2010 sur LBC.

Voir le clip sous-titré en anglais sur MEMRI TV : http://www.memritv.org/clip/en/2396.htm

Voir les déclarations passées d’Ibtihal Al-Khatib : http://www.memritv.org/clip/en/1720.htm



« Je me présente comme Koweïtienne, pas comme chiite, car les croyances spirituelles relèvent du domaine privé »

Ibtihal Al-Khatib : Vous m’avez présentée comme chiite, mais je me présente toujours comme Koweïtienne. Je ne révèle pas mes croyances spirituelles en public car c’est une affaire personnelle. C’est une question de principe visant à souligner que mes croyances spirituelles relèvent du domaine privé.

Interviewer : Je pensais que vous objecteriez à ce que je vous présente comme chiite et demanderiez à être présentée comme « musulmane », plutôt que comme chiite ou sunnite. 



Ibtihal Al-Khatib : Non. Juste comme une Koweïtienne. 

[...] 



Ibtihal Al-Khatib : Le p ays doit accepter toutes les religions. L’Egypte, le Liban, le Koweït - les différentes communautés de ces pays doivent pouvoir se sentir comme des citoyens égaux : Koweïtiens, chrétiens, musulmans, laïques... 



Interviewer : Est-ce que votre pays renie votre religion ? 



Ibtihal Al-Khatib : Si la législation est religieuse, alors oui, évidemment. Elle s’attaque à vos croyances si celles-ci ne sont pas conformes au courant dominant. C’est pourquoi je dis toujours, et c’est une question de principe, que je ne me catalogue par spirituellement, parce que c’est une affaire entre moi et mon créateur. Je ne me définis que comme Koweïtienne. < BR>
Interviewer : Je respecte votre opinion, bien sûr. Pourquoi demandez-vous qu’une enquête soit ouverte au sujet du Hezbollah ? 

« A l’instar d’Israël, le Hezbollah aurait du procéder à son autocritique après la guerre »

Ibtihal Al-Khatib : Je pense qu’une enquête aurait dû être menée au sein même du Hezbollah, par les partisans du Hezbollah plus encore que par ses adversaires. Si j’ai subi de quelconques pertes, et même si je me considère comme victorieux, je dois enquêter sur les problèmes rencontrés et les moyens qui auraient permis d’éviter la mort, les pertes matérielles, etc. Or il n’y a pas eu d’enquête. A la place, il y a eu [des cérémonies] triomphales. Une victoire « divine » a été dé clarée, avec distribution de bonbons. 

Ils ont fait passer la victoire avant l’autocritique, malgré toutes les pertes subies par le Liban. Ils auraient du commencer par faire comme Israël, qui a procédé à son autocritique alors qu’il a subi moins de pertes en termes de vies et de biens. Le Hezbollah aurait aussi dû faire son auto-examen pour examiner les problèmes qui se sont posés. 

[...] 

Le rapport Winograd a reconnu le bilan des pertes israéliennes et je respecte cette approche – en tant qu’approche, non parce que c’est l’approche d’Israël, car le fait de rendre des comptes est la première étape vers le succès. Si ce rapport avait glorifié Israël, je v ous aurais dit qu’il ne vaut rien. Mais ce fut un véritable auto-examen, ayant pour but d’évaluer les mesures à prendre à l’avenir. Le Hezbollah aurait dû faire de même. 

[...] 

Je pensais alors que les décisions du Hezbollah étaient mauvaises et qu’elles sortaient du cadre de l’État libanais. C’est comme si le Hezbollah était devenu un Etat dans l’Etat. 

[...] 

Tout mouvement de résistance motivé par la religion m’effraie, car les motivations religieuses occultent toutes les autres. 

[...] 

« Quand les croyances spirituelles prennent le pas sur le politique, il faut s’at tendre à des effusions de sang »

Regardez l’Europe, avec toutes ses croisades et ses mouvements chrétiens purs pour la libération des terres et la propagation du christianisme. Tous ces mouvements ont mené à des effusions de sang, et n’ont rien donné. Les mouvements religieux... 



Interviewer : A qui la faute ? 



Ibtihal Al-Khatib : C’est ce qui arrive quand les croyances spirituelles prennent le pas sur le politique.
[...] 

La motivation du Hamas, par exemple, est religieuse. Il croit que les musulmans finiront par être victorieux et que les Juifs seront vaincus. Comment Israël et le Hamas peuvent-ils dialoguer ? Il n’y a pas de place pour le dialogue. 

Cela est tout aussi vrai pour Israël. Israël est un pays raciste, parce qu’il a été établi sur des fondements juifs religieux. Peut-être y a-t-il aujourd’hui dans ce pays une démarche laïque, et qu’ils essaient de séparer... Leurs débuts sont toutefois juifs. Ce massacre mutuel ne finira jamais. 

[...] 

L’Europe est le meilleur exemple de cela. Elle a mené des guerres de religion pendant des siècles, et finalement, même l’Eglise a compris leur inutilité. On ne peut pas forcer... Je dis toujours qu’il y a deux choses que l’on ne peut pas imposer : la foi et l’amour. Vous ne pouvez pas forcer quelqu’un à vous aimer, ni à croire ou ne pas croire en quelque chose. 

L’Église s’en est rendu compte et a confiné son rôle à la prédication, à l’octroi d’une orientation spirituelle et morale, mais s’est retrouvée coupée de la politique. L’Europe n’est devenue stable que quand l’Église a été séparée de la politique. Cela a permis aux Européens de s’unir, malgré leurs diversités religieuses. 

Interviewer : Mais... 



Ibtihal Al-Khatib : Laissez-moi finir. Aujourd’hui, les musulmans et les personnes d’autres confessions se réfugient en Europe. Là, ils trouvent plus de sécurité et de stabilité que dans leur propre pays islamiques. Ils émigrent là où il y a des opportunités de travail et de la liberté d’expression, et même la liberté de croyance dont ils sont privés chez eux. 

[...] 

Ceux qui sont persécutés chez eux, que ce soit au niveau économique ou religieux, émigrent vers les pays de « l’Occident infidèle » afin de respirer économiquement, socialement, et même dans leurs pratiques re ligieuses. C’est la meilleure preuve de ce que je dis. On pense que j’appelle à séparer la religion de la société et que je ne veux pas du tout de religion dans la société. C’est un jugement naïf. 

[...] 

Interviewer : Etes-vous pour la paix avec Israël ? 

« Le temps est venu de dialoguer avec Israël »

Ibtihal Al-Khatib : C’est une question très délicate. Je voulais en parler dans mon prochain article, suite à une conversation que j’ai eue avec mon père. Je lui ai dit que nous devons à présent dialoguer. Cela fait cent ans que les Palestiniens meurent, et peut-être le temps est-il venu de dialoguer, pour que la société palestinienne puisse se construire et que ses enfants puissent vivre, étudier et avoir de meilleures opportunités que ces massacres ininterrompus. 

Interviewer : Pensez-vous que les Israéliens pourraient accepter le dialogue, vu qu’ils sont aussi adeptes de la force ?

Ibtihal Al-Khatib : Ils représentent actuellement le camp le plus puissant, alors que les Palestiniens sont le camp le plus faible au niveau international. 

Interviewer : Donc, nous devrions céder ? 

« Nous devrions mener une résistance plus avisée »

Ibtihal Al-Khatib : Absolument pas. Nous devons mener la résistance, mais d’une autre manière. À mon avis, nous devrions mener une résistance plus avisée. 

[...] 

Prenez, par exemple, le Japon après la Seconde Guerre mondiale, après que les bombes atomiques furent larguées sur les deux villes japonaises. Le Japon a capitulé, disant : Nous avons perdu la guerre et les États-Unis ont gagné. Nous n’allons pas leur en vouloir. Nous n’allons pas en faire une obsession. Il a commencé à se reconstruire et aujourd’hui, le Japon est devenu une menace économique importante pour les États-Unis. Il s’est reconstruit aux niveaux technologique et économique. 



Interviewer : Mais la Palestine et Israël sont différents des États-Unis et du Japon. 

Ibtihal Al-Khatib : Ce sont des cas différents. Mais ce que je dis, c’est que nous devons abandonner la politique d’affrontement. 

[...] 



Interviewer : Pourquoi certains pays arabes et musulmans rejettent-ils l’idéologie chiite ? 



Ibtihal Al-Khatib : Tout d’abord, je pense que c’est l’idéologie de la minorité - pas nécessairement en termes de chiffres, mais en termes de puissance politique, tout comme l’idéologie sunnite en Iran, où elle est réprimée. Vu que religion et politique sont confondus, si la direction est sunnite, les chiites sont réprimés, et si la direction est chiite, les sunnites sont réprimés. Cette r épression entraîne de l’instabilité, qui à son tour engendre des révolutions. C’est pourquoi cette région est instable.



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