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Mohammad-Amin Vialan va mourir
Guy Senbel
Article mis en ligne le 5 mars 2010

Mohammad-Amin Vialan va mourir. La condamnation à mort de cet étudiant iranien âgé de 20 ans arrêté lors des manifestations antigouvernementales de décembre 2009 a été confirmée en appel. Pour avoir jeté des pierres contre les forces de sécurité, le jeune homme a été reconnu coupable d’être en « guerre contre Dieu », d’atteintes à la sécurité de l’Etat et d’injures aux autorités.

Vialan étudiait à l’université de Damghan, à l’est de Téhéran. On lui reproche d’être membre de l’équipe de campagne de Moussavi, leader de l’opposition… L’Iran est un pays totalitaire. La démocratie n’existe plus dans ce pays où la justice est au service du régime dictatorial. Trait politique commun aux Etats totalitaires : la recherche d’un ennemi intérieur, Cinquième colonne en cheville avec des ennemis de l’étranger.

Jamais, le principe de « volonté du peuple », si cher aux Iraniens en quête de liberté, n’a été autant bafoué. En Iran, le rêve de créer un Etat de droit dure depuis un siècle. Toutes les tentatives ont échoué. La révolution de 1979 devait renverser le Shah et son pouvoir autocratique, mais les Mollahs coupèrent les ailes des révolutionnaires authentiques. Trente ans plus tard, les revendications n’ont pas changé, et ce même mépris de ceux qui croient à une dynamique démocratique reste inquiétant, tant pour les Iraniens, que pour la communauté internationale qui peine toujours autant à voter des sanctions fermes pour empêcher qu’un pays dangereux finisse par se doter de l’arme nucléaire.

Vialan va mourir, et avec lui, neuf autres manifestants antigouvernementaux ont été condamnés à mort et attendent une décision de la Cour d’appel. Tous ont été accusés d’avoir tenté de renverser le régime de Mahmoud Ahmadinejad. Le 28 janvier, deux militants de la liberté avaient été pendus.

La politique répressive d’Ahmadinejad ne s’arrête pas là. Le 23 février dernier, Abdolmalek Righi, chef du mouvement sunnite Joundallah, accusé par le régime iranien de comploter avec le Pakistan et les Etats-Unis contre Téhéran, était arrêté grâce à l’interception d’un avion à destination de Dubaï…

Qu’est devenu le célèbre réalisateur Jafar Panahi, arrêté à son domicile avec sa famille et des amis mardi 2 mars ? Cinéaste de la nouvelle vague iranienne, qui reçut le Lion d’Or à la Mostra de Venise et l’Ours d’argent à Berlin, il paye le prix d’un soutien inconditionnel à l’opposition gouvernementale.

Quant au principal quotidien réformateur iranien, Etemad, ainsi qu’un hebdomadaire contrôlé par la famille de l’opposant Mehdi Karoubi, ils ont été interdits de publication par les autorités iraniennes lundi 1er mars.

Malgré cette folie répressive, la « vague verte » s’étend. L’image de l’opposition a changé ces six derniers mois : les pro Moussavi ne sont plus des casseurs manipulés par les Sionistes… Au contraire, l’immédiateté, la brutalité de la répression font aujourd’hui douter ceux qui ne pouvaient croire à l’organisation d’une fraude électorale.

Les forces de l’ordre chargent les foules, tuent et jettent en prison des intellectuels responsables qu’il est difficile de classer parmi les « voyous » du régime. Miliciens bassidjis et forces anti émeutes organisent la chasse aux « antennes paraboliques », écoutent les téléphones portables ou surveillent les messageries sur Internet ; ceux qui traquent les responsables d’une « désobéissance civile » inventée inquiètent les populations et creusent davantage le fossé entre le régime et les Iraniens.

Les revendications de cette opposition ne sont pas anti-islamiques et la répression qui condamne les hommes à mort au nom de Dieu est injuste et révoltante. Car l’Iran bat tous les records criminels : 86 pendaisons publiques en 2005, 346 en 2008. Entre les dernières élections et l’investiture d’Ahmadinejad, 115 personnes ont été exécutées.

Pourtant, sur les murs des capitales du monde libre, les affiches dénonçant la dictature criminelle de l’Iran ne sont toujours pas collées. Les tracts dénonçant la répression des minorités arabes, balouches ou kurdes en Iran ne sont pas distribués.

Il y a urgence à dénoncer l’Iran, ses crimes et ses dangers. Il y a urgence à se mobiliser pour éviter le pire.

A 20 ans, Vialan sera peut-être pendu par un régime qui aime la mort. Mais il ne peut mourir seul.
Ce soir, nos pensées vont vers Guilad Shalit, otage du Hamas, soldat de Tsahal et citoyen français, privé de l’amour de ses parents depuis 1349 jours



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