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Antiaméricanisme pas mort
Par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 21 janvier 2010

Il n’est pas surprenant que les présidents vénézuélien, Chavez, et bolivien, Morales, n’aient pas manqué l’occasion de vilipender les Etats-Unis à propos de leur engagement dans l’assistance qu’ils apportent au peuple haïtien. En revanche, on a pu être davantage surpris que le secrétaire d’Etat français à la coopération, Alain Joyandet, de retour de Haïti, ait lui-même, parlé d’une « occupation » américaine du pays.

Aussi, ne peut-on que se féliciter que l’Elysée ait tenu, pour reprendre l’expression utilisée par Le Monde, daté du 21 janvier, à « clarifier la position française de soutien à l’action américaine en Haïti ».

En effet, c’est sans doute par attachement à l’idéologie gaulliste, marquée par son antiaméricanisme primaire, que Monsieur Johandet a pu utiliser cette formule.

Certes, il est vraisemblable que les troupes américaines, se trouvant, en quelque sorte en « position dominante » (pour reprendre une expression couramment utilisée dans l’Union européenne), ait pu commettre des maladresses.

La situation d’urgence à laquelle elles doivent faire face explique, en grande partie, les « ratés » qui ont pu être constatés.

Il est regrettable que certaines ONG aient cru devoir également faire preuve de cet antiaméricanisme primaire, latent en France depuis le retour au pouvoir du général de Gaulle en 1958 et qui a, malheureusement perduré, après son départ, il y a, pourtant, déjà quatre décennies.

Le président Sarkozy a, heureusement, démontré par sa réaction à la gaffe commise par son (sous)ministre qu’il entendait rompre avec cette fâcheuse tradition.

On peut difficilement parler d’ « occupation », dès lors qu’il est patent que l’intervention américaine, et les formes qu’elle prend, peuvent se prévaloir de l’assentiment des autorités haïtiennes, comme en témoignent plusieurs déclarations officielles.

En admettant que les Etats-Unis sont, rapidement, intervenus avant d’y avoir été « invités » à le faire, alors qu’initialement on ne savait pas si le président Préval était encore en vie, alors que le palais présidentiel avait été détruit, cela de diminue en rien la légitimité de cette intervention.

On sait, en effet, malgré une multiplication des situations de crise, que s’il n’existe, pas encore, du moins à notre avis, de « droit d’ingérence » même sous forme d’intervention humanitaire, il est, désormais acquis que la communauté internationale est tenue à un « devoir de protéger » (v. sur ce point la dernière édition – la 20ème - de notre manuel de droit international public, publiée,il y a quelques jours, en collaboration avec notre collègue Gérard Teboul, aux éditions Dalloz, p. 88).

Il n’y a donc pas lieu de se formaliser de la forme et du moment de l’intervention étrangère face à la carence des autorités nationales, dès lors qu’en dernière analyse, celles-ci expriment, d’une façon ou d’une autre, leur assentiment, quel qu’en soit le moment.

L’initiative américaine de prendre en quelque sorte « en mains » la situation se justifie d’autant plus que s’il y a bien, en principe, une mission des Nations Unies, forte de plusieurs milliers d’hommes (MINUSTAH), celle-ci, avait perdu son chef dans la catastrophe, ainsi que plusieurs autres responsables.

Cette controverse, née à propos de la réaction américaine face au drame haïtien nous donne l’occasion d’évoquer ce que d’aucuns ont appelé la réponse « disproportionnée » d’Israël (www.desinfos.com/spip.php?page=arti...).

Ce n’est évidemment pas l’importance (sic) de la communauté juive (une centaine de personnes sur 8,5 millions d’habitants), qui explique l’envoi, dès l’annonce de la catastrophe, de deux avions gros porteurs israéliens avec plus de 200 personnes (médecins, infirmières, ingénieurs, etc…) permettant l’installation d’un hôpital militaire de campagne et l’action d’une équipe de recherche et de sauvetage de Zaka.

Ce n’est d’ailleurs pas la première fois, dans le passé récent, qu’Israël est en première ligne (ex. : Kenya, Turquie, et…), au nom des valeurs morales de la Bible, qui met l’accent sur la charité (tsedaka).`

Sans vouloir donner l’impression de diaboliser le monde musulman, on aurait aimé que des Etats arabes, voire la Ligue arabe ou l’Organisation de la Conférence islamique aient à cœur, d’apporter leur aide au secours de populations sinistrées dans le monde, au nom du même principe de charité que l’on retrouve dans le Coran.

Mais, il est tellement plus tentant, dans ces mêmes milieux, de diaboliser Israël, accusé de tous les péchés de la création, plutôt que de l’imiter au nom de valeurs communes….

Il est vrai que les Evangiles ne font pas partie des sources de l’islam, de telle sorte que la parabole de la paille et de la poutre lui est étrangère….



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