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A l’ONU, de qui se moque-t-on ?
Par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 13 janvier 2010

Hier mardi, au cours d’ une visite près de la frontière libanaise, Ehud Barak, ministre de la défense israélien, déclarait : « Le calme règne actuellement, ce qui sert les intérêts de deux parties. Nous recommandons très fortement à l’autre partie de ne pas tenter de modifier cette situation ».

Ces paroles de paix se voulaient, optimistes, car, de fait, on apprenait, le même jour, que des fosses explosives contenant des douzaines d’engins piégés sophistiqués ont récemment été découvertes près de la route principale menant au village d’Al-Khiyam au Sud Liban. Et ce matin même, une information nous apprenait que trois personnes, dont deux enfants, ont été blessées, après l’explosion d’une bombe dans une localité du sud du Liban.

Mais ce ne sont pas ces informations que l’on trouve dans les communiqués diffusés par le service de presse de l’ONU.

Qu’on en juge plutôt.

Ledit service diffusait une dépêche selon laquelle « La Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) a vivement protesté contre le nombre important de survols de l’espace aérien libanais par l’armée israélienne au cours des derniers jours, en violation d’une résolution du Conseil de sécurité mettant fin à la guerre entre Israël et les combattants du Hezbollah en 2006 ».

Et afin de bien cibler le vrai responsable d’un danger potentiel, il était précisé : « de telles violations de la souveraineté libanaise tendent à exacerber les inquiétudes locales et sont en contradiction avec les efforts pour réduire les tensions et établir un environnement de sécurité stable dans le sud du Liban, a indiqué la FINUL ».

Et la FINUL indiquait qu’elle avait « signalé ces incidents au Conseil de sécurité de l’ONU via le Département des opérations de maintien de la paix ».

Effectivement, « depuis 2006, la FINUL proteste régulièrement contre les violations répétées de l’espace aérien libanais par l’armée israélienne ».

On entend moins parler, en revanche, des agissements du Hezbollah, qui expliquent, pourtant, la réplique d’Israël..

Et ce n’est qu’à la fin du communiqué de presse, qu’il est fait état du fait que « vendredi, elle a annoncé qu’en coordination étroite avec l’armée libanaise, elle enquêtait sur la découverte le 26 décembre par une patrouille de la FINUL d’une cache importante d’explosifs dans le sud du Liban, près de la frontière avec Israël. La nature précise des explosifs et les circonstances dans lesquelles ils ont été trouvés sont examinées attentivement ».

On notera qu’au bout de 13 jours, la FINUL n’ose toujours pas livrer les résultats de l’enquête, vraisemblablement, pour ne pas mécontenter le Hezbollah, qui a, pourtant,« signé » ainsi une nouvelle violation de la résolution 1701 adoptée par le Conseil de sécurité, après la guerre du Liban sud, à l’été 2006.

Or, il importe de souligner que depuis son retrait du Liban, à l’été 2000, Israël a été menacé, potentiellement, ou concrètement, précisément en 2006, par le Hezbollah.

Alors, l’ONU a beau jeu de reprocher à Israël de violer la résolution 1701, alors que cette même résolution réclamait « l’application intégrale des dispositions pertinentes des Accords de Taëf et des résolutions 1559 (2004) et 1680 (2006) qui exigent le désarmement de tous les groupes armés au Liban, afin que, conformément à la décision du Gouvernement libanais du 27 juillet 2006, seul l’État libanais soit autorisé à détenir des armes et à exercer son autorité au Liban (souligné par nous).

Au lieu de s’en prendre, en l’occurrence, uniquement à Israël, l’ONU devrait pourtant s’interroger sur les raisons de ces incursions israéliennes dans l’espace aérien libanais.

En réalité, à défaut de pouvoir pratiquement procéder à ce désarmement, pour lequel la FINUL ne dispose d’ailleurs pas du mandat d’y procéder elle-même, Israël entend, surveiller ce qui se passe au sol et prévoir, en temps utile, un nouveau déclenchement armé.

En quelque sorte, pour reprendre une formule utilisée par la doctrine internationaliste, Israël peut se prévaloir, en quelque sorte, d’un « droit de légitime défense anticipée » (P. Daillier, M. Forteau, A. Pellet, Droit international public, 8ème « éd., 2009, n° 566, p. 1041).

Il est, en effet, proprement scandaleux, alors qu’Israël s’est retiré du territoire libanais depuis plus de 9 ans, que l’Etat hébreu est encore contraint de veiller seul au « maintien de la paix » (sic) à la frontière libanaise.

Déjà, en 2004, soit 4 ans après le retrait des troupes israéliennes, le Conseil de sécurité se déclarait, dans sa résolution 1559 : « gravement préoccupé par la persistance de la présence au Liban de milices armées, qui empêche le Gouvernement libanais d’exercer pleinement sa souveraineté sur tout le territoire du pays ». Il réaffirmait, alors, « combien il importe que le contrôle exercé par le Gouvernement libanais s’étende à la totalité du territoire du pays et demandait « à nouveau que soient strictement respectées la souveraineté, l’intégrité territoriale, l’unité et l’indépendance politique du Liban, placé sous l’autorité exclusive du Gouvernement libanais s’exerçant sur l’ensemble du territoire libanais » et demandait « que toutes les milices libanaises et non libanaises soient dissoutes et désarmées ».

Il est vrai que, jamais, les gouvernements libanais successifs n’ont manifesté un quelconque empressement à étendre, effectivement, leur contrôle à l’ensemble du territoire du pays, comme l’y invitait le Conseil de sécurité.

C’est d’ailleurs une constante de la politique suivie par les gouvernements libanais depuis des décennies.

On ne se lassera jamais de rappeler que c’est cette démission des autorités libanaises, qui a permis, tout d’abord au Fatah de Yasser Arafat, dans les années 70, après la répression sanglante en Jordanie de « septembre noir », puis, après le départ d’Israël, en 2000, au Hezbollah de s’emparer du sud du pays, pour en faire une base d’attaques dirigées contre Israël.

Israël n’a jamais eu de revendication sur une quelconque portion du territoire libanais.

S’agissant du contentieux concernant ce qu’il est convenu d’appeler les « fermes de Chebaa », Israël soutient qu’il s’agit d’une portion de territoire syrien et non pas libanais.

Et, jusqu’à présent, l’ONU qui est censée se pencher sur la question n’a pas été en mesure de trancher objectivement la question.

Alors, de grâce, avant de chercher noise à Israël, il serait bon que l’ONU s’en prenne aux véritables « fauteurs de troubles »……



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