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Esprit d’ouverture : 2009, une année de transition qui s’achève en trois actes tragiques pour l’Amérique.
Marc Brzustowski, pour http.//lessakele.over-blog.fr et www.aschkel.info
Article mis en ligne le 1er janvier 2010
  • Dédicace furtive à l’ami Laurent Murawiec z"l, qui nous a quitté aux première lueurs d’octobre de cette année et qui aurait certainement exposé ce qui suit de façon plus crue et directe... Difficile de faire le point sur une année aussi mouvante que celle qui s’achève, 2009 exposant tous les signes extérieurs d’une période de transition, sans que rien de décisif ne se dessine à l’horizon bleu du globe.

Il est, néanmoins, intéressant de relever ce qui a transité ou comment bougent les lignes, durant ce laps de temps qui nous file entre les doigts, comme le contenu volatil d’un sablier.

Transition d’abord, parce que les tenants du pouvoir ont changé, au timon du premier pays du monde, les Etats-Unis. Un jeune président métis, inexpérimenté, mais bourré de bonnes intentions quasi-messianiques et le verbe haut, prend les rênes, sur la foi d’une promesse indéfectible : « change ! », qui se dit encore, en anglais de Chicago : « Yes ! We can ! ». Alors, au-delà les belles formules marketing, qu’est-ce qui a pu être fait, et de quelles potentialités exceptionnelles sont aujourd’hui, un an plus tard, dotées les Américains ? Il apparaît bien aléatoire de le dire.

D’autant qu’à l’heure où nous rédigeons, les Talibans d’Afghanistan viennent de commettre, pour la St Sylvestre, un attentat au cœur même d‘une base de la très prestigieuse CIA, dans la province de Khost, tuant sa responsable et 7 autres agents et contractants, en blessant 6 autres. Ce nouveau drame se déroule une semaine après une tentative avortée d’explosion en vol sur une ligne menant d’Amsterdam à Détroit (Michigan) ; à peine plus d’un mois et demi après la tragédie de Fort Hood (Texas), qui vit un psychiatre militaire d’origine palestinienne massacrer 13 de ses compagnons d’armes… Comme si le mal qui ronge l’Amérique se logeait au cœur de sa conception de ses rapports avec le monde.

Rappelons-nous : il fallait à Obama, inverser la tendance de l’impopularité de l’Amérique dans le monde arabo-musulman. Et, là où son prédécesseur, parvenu aux plus hautes fonctions la veille d’un 11 septembre, promettait des larmes et du sang, son successeur s’était juré de tendre la main de la concorde universelle, même à ses pires ennemis. Alors, il y eut le discours inaugural du Caire qui débutait par ses mots : Salam Aleykoum !

Sinon que pour un coup d’essai, le jeune dirigeant démocrate a semblé ne pas bien décrypter, sur le prompteur, le monde auquel il s’adressait. Fort de l’histoire unifiée des 50 états qu’il représente, il voulait comme parler d’un seul tenant à une mythique civilisation « arabo-musulmane » marchant d’un seul et même pas, celui de la Oumma. Il s’exprimait, en fait, face à un puzzle de nations, d’ethnies, de clans dominants se défiant des stratagèmes de leurs voisins et rivaux immédiats. Le discours fut pris pour ce qu’il était, un effet d’annonce, une note de bonnes intentions, sans conséquences ni objectifs concrets. Pire, les pays arabes, aux régimes aussi autoritaires que vascillants, se mettaient à redouter clairement que les mains tendues d’Obama, même embrassant celle du Roi d’Arabie, servent surtout à renforcer la puissance des ennemis, tout en affaiblissant la sécurité des alliés des Etats-Unis.

Désormais, cette conception semble étaler au grand jour les failles de cette bonhommie, par les négligences répétées auxquelles conduit une attitude naïve ou timorée, mettant en danger la vie même des représentants sécuritaires de l’Oncle Sam : on apprend que l’islamikaze d’hier, à la frontière pakistanaise, avait été invité et pas même fouillé par ses hôtes. Un « ami de l’Amérique », même doté d’une ceinture d’explosifs, reste un ami et cela ne se discute pas. De même qu’aucune mesure, qui aurait pu être perçue comme « discriminatoire », n’a jamais été prise, malgré des informations inquiétantes de contact avec al Qaeda, contre Nidal Hassan. Ainsi, aussi, s’explique que Farouk Abdulmuttallab ait, tranquillement, pu voyager jusqu’à tenter de mettre sa mission à exécution, stoppé net par l’action salvatrice d’un passager néerlandais, à qui la CIA doit bien un bouquet de tulipes.

A l’épicentre de la mosaïque moyen-orientale, Obama faisait comme s’il se permettait de remettre à demain l’urgence de la question nucléaire iranienne, à qui était proposé l’apaisement du temps de la "négociation », c’est-à-dire de la poursuite en toute impunité de son programme. Inversant les priorités, il se focalisait sur le centre d’attention de ceux qu’il comptait séduire par ses paroles affables : Israël et ses quelques centaines de m2 supplémentaires d’implantation, alias croissance naturelle. La nouvelle administration, comme pour se donner des accents tranchant avec l’ancienne alliance indestructible entre les Etats-Unis et Israël -à une sorte de paroxysme historique, lors de la présidence de GW Bush et de la guerre conjointe contre la terreur-, fustigeait tant et plus un autre pouvoir en émergence : celui de la coalition autour de Benjamin Netanyahou, sensiblement plus ferme sur les questions essentielles que son prédécesseur Olmert, qui eut pu être malléable à souhait.

Là encore, il n’en fut rien. Netanyahou pliait sur quelques concessions programmatiques (reconnaissance d’un futur état palestinien démilitarisé, en échange d’une même reconnaissance de l’état juif et de la souveraineté israélienne sur Jérusalem, gel de 10 mois du développement des implantations…) dans le sens des souhaits de son homologue de Washington, mais ne cédait rien sur l’essentiel. De fait, la balle retournait dans le camp de Mahmoud Abbas, réfugié dans la position sécurisante, mais quelque peu embryonnaire, du refus de tout pas en avant. Washington assouplissait progressivement sa position, en regrettant quelques décisions de Jérusalem ou exigeant des « éclaircissements » sur tel ou tel point, opération ou construction. Mais le spectre d’une confrontation diplomatique directe entre les deux administrations s’éloignait. En 2009, le Shin Beth peut présenter le bilan sécuritaire de l’opération « Plomb Durci » et des autres mesures discrètes prises, par une absence d’attentat en Israël et dans l’ensemble de ses représentations à travers le monde, malgré la douzaine de tentatives avortées du Hezbollah pour venger Mughniyeh.

Un second volet de l’écart entre les discours, tels que celui du Caire et les réalités concrètes de terrain concernait la stratégie qu’allait finalement adopter Obama, face au défi afghano-pakistanais, dont il avait fait, durant sa campagne un enjeu bien plus vaste que celui de l’Irak pour GW Bush ; façon de marquer sa différence en tant que futur Commander in Chief. Et sur ce plan, il lui restait à faire ses preuves. Le monde resta longtemps suspendu à l’indécision, apparaissant vite chronique, du nouveau venu dans l’arène des conflits centrasiatiques et moyen-orientaux. Le Général Mc Cristal insistait longtemps sur le besoin de renfort sur le front, évalué à un minimum de 40 000 « boys ». On dit même que les couloirs du Pentagone bruissaient de ces discordes entre l’Etat-Major et l’Administration Centrale.

Le problème afghan est complexe. D’abord, d’anciens chefs de guerre corrompus tiennent les rênes du pays, autour d’Amid Karzaï dont la fiabilité est plus que sujette à caution. La solution ne peut donc être purement militaire, puisque la nature du pouvoir, quoi que moins sanglante et oppressive, n’a pas grand-chose à envier aux barbares talibans, avec ses mêmes trafics d’influence et d’opium auxquels il se livre, sans apporter concrètement de développement aux Afghans, touchant le fond de la pauvreté, du dénuement et du désespoir. Ensuite, le problème posé par l’Afghanistan n’est rien sans une révision de fond en comble des rapports avec « l’allié pakistanais », qui joue de l’influence talibane pour faire diversion dans son rapport de force permanent avec la puissance indienne dans la région. Les attentats complexes de Mumbaï en 2008, qui posent un scénario difficilement maîtrisable à l’ensemble des services de sécurité à travers le monde, furent la démonstration tragique des conséquences de ce double-jeu.

Il fallait donc à Obama conditionner l’envoi de troupes à un effort quelconque de transparence de la part du captateur du pouvoir à Kaboul, appuyé à un « surge » autant civil que militaire, visant à renforcer, de concert, les infrastructures afghanes et la formation des troupes suffisamment encadrées et épaulées par la fraîcheur des bataillons de choc occidentaux repassant à l’offensive. D’autre part, il devait faire pression sur les dirigeants du Pakistan, toujours trop près de renouer avec les Talibans, et les inciter à un renforcement de la lutte menée contre les groupes insurrectionnels, liés à al Qaeda ; tout en accentuant, côté US, le rythme et l’intensité des raids aériens et des éliminations par voie de drones « Predator » dans les zones tribales et parfois, en territoire même du Pakistan souverain.

Les décisions qu’il s’est finalement résolu à prendre, à la fin de cette année, après une longue réflexion, qui n’était pas tout-à-fait tissée que de tergiversations, modifient quelque peu le profil du nouveau dirigeant et contribue à le faire prendre un peu plus au sérieux par ses détracteurs. Mais, d’autre part, elles transposent directement sa propre image conciliatrice sur la ligne de front, comme le lui rappellent amèrement les trois évènements du 5 novembre au Texas, du jour de Noël, avec l’infiltration d’un terroriste nigérian au-dessus de Détroit, et du jour de l’An, par la mort de 7 des agents de la CIA, depuis une base d’où ils n’ont rien vu venir, mais au contraire, incité pacifiquement à les rejoindre pour « discuter ».

Moins enclin à stigmatiser Israël de façon unilatérale, s’appuyant sur la médiation égyptienne à l’adresse de Mahmoud Abbas, plus régulier sur les comptes qu’il demande à ceux, au Pakistan ou en Afghanistan, qu’il aide directement, à condition qu’ils soient également prêts à « mettre le paquet », à moins que les Etats-Unis ne prennent sur eux d’accélérer le mouvement, là où il ne saurait être question de victoire-éclair, le Barack Hussein Obama de la fin décembre n’est plus tout-à-fait celui qui discourait au Caire au joli mois de mai. Il n’est plus du tout, non plus, cette sorte d’égérie des anti-guerre, aux Etats-Unis, qui alimentait les urnes de ses critiques de l’interventionnisme de Bush en Irak. Au contraire, il se trouve directement défié et victime politique des inclinations imprudentes et dangereuses de ses propres services et conseils.

Autre conséquence indirecte de cette gouvernance flottante, le climat en Europe semble, par contrecoup, se durcir à l’encontre des pratiques de « Chari’a graduelle », « d’islamisme légal » ou « islamisme 2.0 », comme les désignent Daniel Pipes. Le vote suisse contre les minarets a été suivi d’une série de sondages de défiance contre l’islamisation rampante, dans toute l’Europe. En France, le débat sur « l’identité nationale » n’a pas réussi, malgré toutes ses précautions sémantiques, à faire l’impasse sur les questions de remplacement de population et de modification des comportements socioculturels qu’impose un « Islam en France » toujours plus revendicatif, se singularisant par sa visibilité, parfois outrancière (burqah, conquête de quartiers, comme le XVIIIè, convertis à la prière publique, encadrée de services d’ordre salafistes). Les questions frémissent, faisant le départ entre des élites frileuses et attachées aux a priori de l’antiracisme et de la discrimination positive que contourne et dont se sert, précisément, l’islamisme, et les murmures de mécontentement populaire, voyant ses propres symboles foulés au pied (drapeaux et voitures qui flambent, émeutes sous la Tour Eiffel, conspuassions régulières de la Marseillaise, rejet du « vivre-ensemble » par des manipulations identitaires ostentatoires, malgré la loi sur la laïcité…). Les manœuvres dilatoires visant à ostraciser le débat se multiplient, de la part d’intellectuels, comme Alain Badiou, devenu tardivement le petit père des « Damnés » et autres « Indigènes de la République », eux-mêmes promoteurs du Hezbollah au sein de l’Université française, ou de politiques (Montebourg, De Villepin, Cambadélis...) brandissant régulièrement le spectre de « Vichy » contre toute mesure conservatoire d’une cohérence quelconque et d’une continuité historique française.

D’autre part, sur le plan international, plus Obama tempère les mesures qu’il convient de prendre à l’encontre de l’Iran, plus certains leaders européens, moins versés dans le diplomatiquement correct, s’inquiètent de sa désinvolture. Ainsi, souvent, la France de Sarkozy se saisit-elle des menaces de durcissement. Elle est d’autant plus impliquée dans la question des droits de l’homme en Iran que de nombreux Occidentaux, comme Clotilde Reiss, sont l’otage de la répression des Mollahs contre toute critique interne ou externe.

Il faut encore ajouter au carburant de l’Obama nouveau -contraint et forcé-, l’appel à l’aide qui lui vient du Yémen, confronté à une insurrection chi’ite commanditée directement de Téhéran, à laquelle s’adjoignent les réseaux d’al Qaeda résurgents d’autres théâtres d’opération, que ce soit d’Irak ou d’Afghanistan. Mais le profil de bien des têtes de réseaux réapparaissant sur cette nouvelle scène de guerre jihadiste lui revient, une fois encore, en boomerang, quant à ses promesses inconsidérées de campagne. En effet, un grand nombre d’entre elles semble sortir frais et moulus de l’école de Guantanamo qu’il s’était promis de fermer. Les sorties précoces n’ont pas tardé à porter leurs « fruits », mais là encore, le décompte est saumâtre. Beaucoup ont brigué des postes de leaders des cellules les plus actives et métastasiques contre les pouvoirs en place.

Par l’ouverture du front du Yémen, ce sont ses alliés arabes qui se trouvent, de plus en plus, engagés dans une guerre par procuration avec l’Iran. Comme si les incertitudes sur la stabilité en Irak, liées à la multiplication des actes terroristes, après les retrait des villes des troupes américaines ne pouvaient suffire. Le même scénario se joue vraisemblablement, par l’approvisionnement direct ou indirect des Taliban par Téhéran, ainsi que l’alliance objective que l’on peut lire entre groupes insurrectionnels chi’ites et al Qaeda, au Yémen, vers la Somalie ou ailleurs, plus à l’Ouest vers le Maghreb et l’Afrique subsaharienne (Nigéria, Mali, Mauritanie...).

Il s’agit, probablement, des premiers indices de la guerre à outrance, mais non-déclarée, menée par les Pasdaran, contre ceux qu’ils considèrent comme responsables des déboires du pouvoir mollachique, depuis les fameuses élections truquées de juillet 2009 à Téhéran.

Et c’est là que se rappelle à Barack Obama, le dossier entrouvert, mais sur lequel aucune décision ferme n’a été prise à cette heure et qui augure de l’avenir incertain de toute la région, en Asie Centrale comme au Moyen-Orient.

Là, en effet, où l’on pouvait s’attendre à un renforcement des sanctions, l’Amérique tapant du poing sur la table d’une négociation à laquelle l’Iran n’a jamais consenti, Obama est demeuré évasif et excessivement prudent. Au point d’en perdre l’esprit d’initiative ? Qui mène la danse, de son désir « d’engagement » vis-à-vis de la puissance iranienne montante, mais contestée jusque dans ses ruelles sombres et ses salles de viol et de torture systématisées ?

Récemment, aussi bien le Congrès que le Sénat américain votaient massivement l’accentuation des sanctions économiques contre le programme nucléaire des Mollahs, par des mesures contre l’exportation d’essence raffinée à l’Iran. Mais, l’Administration Obama faisait savoir qu’elle envisageait des « sanctions plus ciblées », par crainte de pénaliser, du même coup, l’opposition en révolte, susceptible de mettre à mal le pouvoir en place. Cela dit, à force de ménager un adversaire hostile et rusé, il est également possible, par là, de prolonger son maintien au pouvoir, sans jamais permettre, au contraire, la moindre libéralisation en faveur de la société prétendument épargnée par le relâchement du régime de sanctions. Elle aurait plutôt besoin qu’on l’en débarrasse, vite et fort. Au contraire, c’est peut-être osciller dans le sens de la prise en otage du peuple iranien tout entier : « si l’Occident nous sanctionne, nous serrons la vis, lentement... ». Et la répression se renforce, le projet nucléaire est en passe d’aboutir, « pour 2011 » disent les experts. Allez, encore un petit sursis...

Si, d’autre part, l’on crédite d’une certaine plausibilité le jeu d’alliances terroristes en Orient et en Asie, hésiter à frapper le régime islamiste au cœur, c’est lui offrir la marge de manœuvre suffisante pour le lancement de sa guerre jihadiste préventive, lui laissant l’initiative, au risque de subir ses coups, là où il n’aura que l’embarras du choix de ses cibles. Avoir tout loisir de frapper les intérêts occidentaux et martyriser son propre peuple, le régime sadique des Mollahs est aux anges.

2010 s’entrouvre par deux avertissements particulièrement sévères pour les services de renseignement américains (si l’on veut encore excepter l’auto-aveuglement de Fort Hood). Obama, achevant à peine son précédent discours de colère et de promesse de poursuivre les « extrémistes » partout où ils se trouvent, se voit aussitôt renvoyé dans ses cordes. Le Jihad lui démontre, de sa signature sanglante au paraphe de toute « négociation », qu’il n’a pas forcément les moyens de sa politique et de ses menaces de rétorsion. Le pacifiste du Caire est devenu le belliqueux menaçant, mais empêtré dans ses propres contradictions de cette fin d’année. Il lui faudra monter un cran plus haut pour se mettre au niveau des enjeux et des défis que lui adressent ceux à qui il tend encore la main pour mieux qu’ils la mordent… L’absence de volonté politique explicite et de cadre pour la faire appliquer est le meilleur terreau pour la perpétuation du « grand jeu »...



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