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Abracadabra et poudre de perlimpinpin !
Par Stéphane Juffa © Metula News Agency
Article mis en ligne le 11 mai 2004

Dominique de Villepin a déclaré, lors d’une cérémonie au cimetière juif profané de Herrlisheim, qu’il voulait « que chacun dans notre pays se sente concerné par de tels actes, que chacun à son échelon de responsabilité, ait le souci du respect, de la tolérance, de la lutte contre toute forme de racisme et de xénophobie » et il a souhaité que « l’enquête soit diligentée dans les meilleurs délais ».

Quelques jours plus tard, c’était le monument érigé à la mémoire des combattants juifs de la 1ère guerre mondiale, dans le cimetière de Fleury-Devant-Douaumont, qui était vandalisé. Même Adolf Hiltler l’avait épargné, bien que sa dédicace fût rédigée en hébreu, par respect pour ces combattants. Jacques Chirac faisait part, quant à lui, de son « indignation », estimant que « les inscriptions nazies et antisémites découvertes au mémorial de Douaumont constituent une insulte grave à la mémoire de combattants français qui ont donné leur vie pour la patrie ».

Il a également promis, encore une fois, de renforcer la protection des sites et des institutions juifs.

Certains démocrates, certains israélites et même certains médias juifs, ont repris ces formules et jugent que les plus hauts personnages de l’Etat français ont ainsi rempli leur devoir envers eux.

A la Ména, on a cherché mais en vain la trace d’enquêtes - je pourrais l’écrire au singulier, « d’une enquête » - diligentées dans les meilleurs délais qui auraient abouti, relativement aux centaines de saccages, d’attentats et de molestations qu’ont subi les Juifs de France ces dernières années. On a cherché le nom d’un condamné et on se serait satisfait de celui d’un inculpé. On a cherché des procédures en marche, en exécution de l’affirmation des mesures de tolérance zéro pour les actes antisémites et racistes. On n’a rien trouvé.

Au plan judiciaire, on a plutôt relevé des actes montrant une volonté étatique de « ne pas faire de vagues inutiles », surtout du genre de celles qui pourraient mouiller des membres de la communauté musulmane. Et puis, on a vu que le pouvoir politique français n’hésitait pas à s’ingérer brutalement dans la marche du judiciaire afin d’évacuer les plaintes dénonçant les dirigeants du terrorisme arabe. Je pense particulièrement à Kadhafi dans l’affaire du DC-10 de l’UTA et, beaucoup plus récemment, au traitement ubuesque des plaintes de victimes françaises du terrorisme de Yasser Arafat [lire l’interview de Me Michel Calvo].

S’agit-il, de la part de Jacques Chirac et de ses plus proches partisans, car c’est assurément d’eux que nous parlons, d’un nouveau plan démoniaque suivant des visées antisémites ? Un projet qui empêcherait à dessein les institutions de l’Etat de fonctionner afin d’acculer les Juifs français à la perte de leur identité ou à l’exil ?

Nous ne le croyons pas. Je veux dire, précisément, que nous ne pensons pas qu’il s’agisse d’un « nouveau » projet. C’est Monsieur Chirac, cependant, et personne d’autre, qui a introduit le conflit israélo-arabe au cœur du débat hexagonal, en adoptant des préférences pro arabe extrêmes et en laissant des dictateurs comme Saddam Hussein et des collaborateurs de dictateurs, tel son autre ami Rafic Hariri, corrompre la classe politique française et les milieux industriels à coups de valises de pétrodollars.

Ce que l’observation des événements nous montre, c’est que le pensionnaire de l’Elysée n’a aucunement l’intention de se battre pour ses Juifs. Il n’a pas dans l’idée de s’attaquer aux raisons de l’antisémitisme qu’il connaît aussi bien que nous ; ainsi Chirac se contente-t-il de sauver les apparences afin que son pays ne passe pas à l’étranger pour « globalement antisémite », ce qui serait catastrophique pour les affaires et qui disqualifierait a priori les thèses de « sa politique étrangère ». Afin d’éviter ce fâcheux étiquetage, tout en ne changeant strictement rien aux causes des actes antisémites, le Président agit sur quatre registres : 1) Il fait décréter des mesures de rétorsion policière et judiciaire aussi exemplaires qu’inappliquées (inapplicables ?) à l’encontre des auteurs d’actes antijuifs. 2) Avec ses ministres, il multiplie les déclarations sans suite condamnant les actes antisémites. 3) Il renforce effectivement la protection policière des intérêts israélites, prenant le risque, que nous avons dénoncé, de singulariser encore plus une communauté déjà jetée à l’opprobre. 4) Il envoie aux Etats-Unis, le pays le plus intransigeant contre les régimes pratiquant l’antisémitisme d’Etat, ses rares ministres atlantistes, Nicolas Sarkozy et Jean-François Copé, à qui, par un hasardheureux on prête une ascendance juive, pour expliquer à l’Administration américaine et aux influentes organisations juives, que la France n’est pas antijuive et que le gouvernement fait « tout ce qu’il peut » pour contrôler la situation.

Chirac pisse dans un violon, en s’assurant que cela fait beaucoup de bruit. Mais aucune des mesures qu’il prend ne possède de signifiance trans-symbolique, aucune d’entre elles ne contient ne serait-ce que l’esquisse des moyens qu’il faudrait pour briser la vague antijuive. Pire encore, aucune de ces mesures n’a véritablement été conçue pour briser cette vague.

Les vraies mesures, celles qui ont du poids et de l’effet, celles qui dessinent effectivement une politique, le pensionnaire de l’Elysée les prend dans la direction inverse. Il pèse ainsi de toute sa densité, afin que le premier ministre malaisien, auteur de propos islamo nazis, ne soit pas stigmatisé dans une motion de l’Union Européenne. Il fait défendre, toujours au sein de l’Europe, jusqu’à l’extrême limite du raisonnable, par de Villepin, alors en sa qualité de ministre des affaires étrangères, qu’on inclue le Hezbollah et le Hamas sur la liste des organisations pratiquant le terrorisme. Encore dernièrement, Chirac se fend d’un message de condoléance appuyé à l’occasion du décès de l’ambassadeur français qui avait souillé le statut des Juifs français en qualifiant Israël de « petit Etat merdeux, responsable de toutes les guerres de la planète ».

Et Dominique de Villepin, le fidèle lieutenant, n’a-t-il pas toujours prôné l’envoi d’une force d’interposition militaire internationale non consensuelle afin de « séparer » les Israéliens des Palestiniens ? Lui et le Président n’ont-il pas ainsi épousé la stratégie de l’Intifada, celle qui était censée obtenir l’envoi de cette force, justement, en instrumentalisant le terrorisme, l’assassinat collectif sur sélection ethnique de… Juifs ?

N’ont-ils pas, au travers de la sémantique glauque des communiqués quotidiens du Quai, encouragé leur presse nationale à stigmatiser le droit d’Israël à se défendre ?

Sûr que connaissant fort bien le fonctionnement de la télévision publique bleu blanc rouge et notamment sa large dépendance face aux prises de caps élyséens, nous ne pouvons pas soustraire le Président Chirac à ses responsabilités dans l’incitation à la haine des Juifs, dont elle s’est fait l’outil. La Télévision qui a inventé de toutes pièces l’assassinat d’un enfant palestinien par des soldats juifs, qui a diffusé gratuitement son imposture à toutes les chaînes du monde et qui refuse maintenant, au mépris de ses propres règles, de reconsidérer les faits et de crever l’abcès antijuif.

Et cette autre chaîne publique, TV5, quasi dirigée par le Quai, qui a diffusé un reportage accusant à tort les soldats juifs d’avoir pillé et saccagé le plus saint des lieux de cultes chrétiens, la basilique de la nativité, et qui refuse, alors même que les auteurs du reportage ont publiquement reconnu leur erreur et l’ont corrigée, sur l’intervention de la Ména, de rétablir la vérité.

Parmi les vraies mesures, celles qui ont prise sur les sentiments du public, la véritable lutte contre l’antisémitisme ne nécessite-t-elle pas que l’on rassérène l’agence de presse de l’Etat France, qui persiste a appeler « colons » des enfants de deux ans, qui viennent de se faire massacrer à bout portant et de sang froid par des énergumènes que l’AFP persiste à appeler des « activistes » ou des « militants ». L’AFP, qui, uniquement pour la guerre des Juifs, continue à titrer sur le nombre « de Palestiniens tués par les Juifs » et qui voudrait nous faire croire que c’est de l’information.

Ceci pour la démonisation du Juif dans les médias d’information sur lesquels Jacques Chirac exerce une influence incontestable. Mais on n’a jamais vu non plus un communiqué émanant de l’Elysée expliquant à Edwy Plenel que d’affirmer qu’un mur juif s’attaque aux terres chrétiennes peut avoir une influence désastreuse sur les fondamentalistes chrétiens, qui badigeonnent des Croix gammées dans les cimetières juifs ou que prétendre, comme Edgar Morin dans le même Monde, que nous sommes une nations de sadiques qui n’atteindrait l’orgasme qu’en humiliant les autres peuples, peut encourager des gens bien pensants à faire la peau aux sadiques ?

La prévention des violences antijuives, c’est aussi de faire en sorte que les textes soient appliqués par les tribunaux (les textes existent, les procès ont lieu, mais sur la base du principe de tolérance 1’000) et qu’on ne puisse plus confondre des appels au meurtre ethnique avec le droit de critiquer, raisonnablement, avec les réserves d’usage, et non systématiquement, tel ou tel gouvernement. Surtout, et ce me semble absolument élémentaire, qu’on ne confonde pas, comme au Moyen Age, la critique d’un acte politique avec la condamnation de prétendues malfaisances ataviques de tout un peuple !

Voilà. J’ai exprimé, à la manière circonstanciée de la Ména, je pense, pourquoi je ne crois pas un seul instant que Monsieur Chirac et sa cour aient la moindre intention d’éradiquer l’antisémitisme en France. Mais l’inaction, en la matière, lorsque l’on détient le pouvoir politique, vaut un dol au moins aussi grand que l’acte de celui qui tient la brosse enduite de peinture rouge. A mes yeux, l’antijuivisme français possède des responsables reconnaissables. Ce sont ceux-là mêmes qui couvrent leur inconscience archi-coupable en récitant des principes universels que sont le respect, la tolérance, la lutte contre toute forme de racisme et de xénophobie et l’indignation, lorsque ces principes deviennent des poncifs, faute d’être courageusement et effectivement défendus.

Il ne suffit pas d’écarter les phalanges pour prétendre combattre l’antisémitisme


Dé-démonisez les Juifs, par un rééquilibrage sans faille de l’information proche orientale et l’antisémitisme retournera sous la terre. Et entre-temps, montrez aux pyromanes déguisés en pompiers et en philosophes que vous n’êtes pas dupes. Que l’habit fait peut-être les moines mais pas les grands présidents.



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