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Le directeur d’un hebdomadaire égyptien critique l’adhésion des Arabes à l’antisémitisme européen
MEMRI
Article mis en ligne le 2 mai 2004
dernière modification le 3 mai 2004

En décembre 2003, le musée des manuscrits de la bibliothèque d’Alexandrie exposait une traduction en arabe du Protocole des Sages de Sion dans une vitrine destinée aux livres saints des religions monothéistes ; l’ouvrage était exposé à côté de la Thora. (1) Commentant l’incident, Sallah Issa, directeur de l’hebdomadaire égyptien Al-Qahira, a critiqué dans l’hebdomadaire égyptien indépendant Nahdhat Misr la propagation d’idées antisémites par les médias égyptiens. Voici quelques extraits de son article : (2)

Au lieu de relever la stupidité de l’initiative (…), la presse a précisé que le Protocole était véridique à 100%

" Voilà quelques semaines, la bibliothèque d’Alexandrie exposait la traduction en arabe du Protocole des Sages de Sion, à côté de livres saints acquis par le département des manuscrits de la bibliothèque. Personne n’aurait relevé [l’incongruité], sans ce journaliste alerte toujours en quête d’effets inventés. Il a estimé inacceptable que cette initiative, participant de la noble lutte de libération de la Palestine de la rivière à la mer, passe sous silence le rôle de ses instigateurs.

Il [le journaliste] a interviewé le directeur du département des manuscrits de la bibliothèque ; [ce dernier] a annoncé avec orgueil que la Bibliothèque était fière de l’acquisition de ce livre [Le Protocole], ajoutant qu’elle avait oeuvré avec diligence pour l’exposer, vu qu’il s’agissait d’un des livres juifs sacrés, et précisant qu’à son avis, les affirmations de l’ouvrage concernant le complot juif pour contrôler le monde étaient exactes à 100%.

A peine l’entretien a-t-il été publié que les organisations sionistes occidentales y ont vu la preuve que la Bibliothèque d’Alexandrie était une institution antisémite. Ils ont demandé à ce que l’Union européenne, les [différents] gouvernements et les organisations internationales ayant participé au financement de la Bibliothèque et participant encore à la direction et au soutien de ses activités mettent un terme [à cette aide], vu que la Bibliothèque propageait des idées racistes et une culture de haine (…)

Les journaux qui ont évoqué ce stupide événement auraient pu éviter de faire honte à la Bibliothèque et de donner aux sionistes et à leurs alliés l’occasion de nous accuser d’antisémitisme et de racisme. Au lieu de quoi, ils se sont empressés d’attaquer la direction de la Bibliothèque, laquelle a du capituler face aux pressions des sionistes [en ôtant le Livre de l’exposition]. [La presse] a par ailleurs indiqué que tout dans Le Protocole des Sages de Sion était vrai à 100%. « Les cercles idéologiques et journalistiques essaient de présenter le conflit du Moyen-Orient comme un conflit religieux opposant les Juifs et l’islam en s’appuyant sur les légendes européennes antisémites médiévales » Ce n’est pas là la première impasse à laquelle nous ont menés certains cercles idéologiques et écoles de pensée journalistiques. [Ces cercles] croient qu’il est bon d’exploiter l’ignorance prédominante, considérant que l’unification du public arabe est une fin qui justifie le recours à toutes les armes - légales et illégales - dans le but de provoquer l’enthousiasme du public.

[Ces cercles] essaient de présenter le conflit au Moyen-Orient comme un conflit religieux entre les Juifs et l’islam existant depuis le complot des Banu Qurayza, des Banu Qaynuqa (3) et des autres Juifs de Médine contre le Prophète Mahomet. [Ces cercles] propagent l’idée que la bataille pour la libération de la Palestine est la continuation de la bataille de Khybar. (4)

[Ces cercles] n’ont pas hésité à répandre, épouser et publier toutes ces légendes, courantes dans l’Europe médiévale, afin de justifier la persécution des Juifs en raison de leur monopole des activités financières et des prêts ; l’une de ces légendes est ’la matza [pain azyme] de sang’ que les Juifs prépareraient à Pâques à partir du sang d’un enfant non-juif. Ces cercles répandent parmi les musulmans l’idée que tous les Juifs d’aujourd’hui sont les descendants des Juifs qui ont désobéi au prophète Moïse dont la prière a été exaucée quand Allah a transformé les Juifs en singes et en porcs. [Ces cercles prétendent également] que les Juifs sont responsables du crime de leurs ancêtres : la crucifixion de Jésus. Ils ont adhéré, et adhèrent encore de bon cœur à l’ouvrage stupide Le Protocole des Sages de Sion, forgé par les partisans de la tyrannie tsariste en Russie pour susciter la haine à l’encontre des Juifs, vu que plusieurs d’entre eux participaient à des activités révolutionnaires contre l’Empire [tsariste]. "


Ces idées ne résistent à aucun argument rationnel

" Le problème est que ces idées ne résistent à aucun argument rationnel. En outre, la logique sur laquelle elles se fondent pourrait nous mener à une impasse qui dans tous les cas nous placerait - nous et non les sionistes - sur le banc des accusés.

Il est inutile de confirmer au monde les fausses accusations propagées par les fanatiques européens, selon lesquelles notre islam nous appellerait à haïr les membres des autres religions monothéistes et nous inciterait à nous venger d’eux à cause de guerres qui ont eu lieu il y a quinze siècles.

Il n’est pas très intelligent d’adhérer aux mensonges répandus avec la vague de persécution des Juifs dans l’Europe médiévale, et à laquelle nous - Arabes et musulmans - n’avons pas participé, alors que les auteurs [de ces mensonges et persécutions] les condamnent aujourd’hui et présentent leurs excuses.

Il n’est vraiment pas très malin d’adhérer à un ouvrage comme Le Protocole des Sages de Sion, qui attribue aux Juifs l’honneur d’avoir planifié la Révolution française, clamé la devise ’Liberté, Egalité, Fraternité’, poussé les travailleurs à former des syndicats, encouragé le pluralisme politique et idéologique et suscité tous les mouvements révolutionnaires de l’histoire. « Il n’existe aucun rapport entre les sionistes de l’occupation actuelle et les Juifs du temps de Mahomet. » Ce qui est certain est qu’il n’existe aucun rapport entre les sionistes qui ont occupé et continuent d’occuper la Palestine et le reste des terres arabes et les Juifs de Khybar, les Banu Qurayza et les Banu Qaynuqa - [et s’il y avait un rapport], il serait du même ordre que le lien existant entre les musulmans modernes et leurs ancêtres qui ont envahi des parties de l’Asie, de l’Afrique et de l’Europe au Moyen-Age.

Si les Juifs sont aujourd’hui responsables des actes de leurs ancêtres, alors nous, musulmans, le sommes de toutes les guerres menées par nos ancêtres sur tous les continents, ce qui autorise les habitants [de ces continents] à nous combattre pour se venger des défaites essuyées au cours de ces anciennes guerres. "

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(1) Voir les Dépêches Spéciales n° 619 et 671 de MEMRI sur l’exposition de la Bibliothèque d’Alexandrie et ses suites

(2) http://www.gn4me.com/nahda/artDetails.jsp?edition_id=99&artID=285353, le 14 janvier 2004.

(3) Tribus juives qui vivaient sur la Péninsule arabique au 7ème siècle. Ces tribus ont été expulsées ou éliminées par les forces musulmanes.

(4) Khybar était la ville juive la plus riche et la plus puissante de la Péninsule arabique. En 628, elle a été conquise par le prophète Mahomet ; ce dernier a autorisé les Juifs qui s’y trouvaient à continuer de travailler leurs terres, à condition d’accorder la moitié de leurs récoltes aux musulmans de Médine. A l’époque du Second calife Omar Ben Al-Khattab, les Juifs ont été expulsés de Khybar et leurs terres distribuées aux musulmans.

L’Institut de Recherche Médiatique du Moyen-Orient (MEMRI) est une organisation indépendante à but non lucratif qui traduit et analyse les médias du Moyen-Orient. Des copies des articles et autres documents cités, ainsi que toute information d’ordre général, sont disponibles sur simple demande.

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