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Débâcle à Moscou
Par Charles Krauthammer | Adaptation française de Sentinelle 5770
Article mis en ligne le 17 octobre 2009
dernière modification le 16 octobre 2009

La seule chose plus comique que le Prix Nobel de la Paix de Barack Obama, ça a été la réaction de ceux qui ont estimé la récompense « prématurée », comme si le brio de la politique étrangère d’Obama est tellement évident et son succès si assuré que si seulement les cinq Norvégiens [du jury] avaient attendu quelques années, sa valeur de Nobel aurait été reconnue universellement.

Pour croire à cela, vous devez être un adolescent rêveur (de préférence scandinave et membre de l’Internationale Socialiste) ou bien un absorbeur sans discrimnation des points de presse de la Maison Blanche. Après tout, cela a été précisément l’effet donné aux divers tours apologétiques du président en Europe et au Moyen-Orient : l’auto-dénigrement national – pardonnez-moi, l’assistance et la compréhension – n’est pas destiné à obtenir des résultats immédiats ; il plante seulement les semences des bons sentiments d’où viendront les succès de la politique étrangère.

Chauncey Gardiner n’aurait pu mieux le dire. Eh bien, après neuf mois, revoyons cela.

Qu’a-t-on obtenu après qu’Obama ait tenu sa langue pendant qu’on tirait sur les manifestants iraniens, et de sa reconnaissance d’un régime voyou revenu illégitimement au pouvoir lors d’une élection frauduleuse ? L’Iran sévit contre l’opposition encore plus inexorablement et court à marches forcées vers son programme nucléaire.

Qu’a-t-on obtenu du retrait de l’évocation par la secrétaire d’Etat Hillary Clinton des droits de l’homme lors d’une visite en Chine, et du refus honteux d’Obama de rencontrer le Dalaï Lama (remise à plus tard a-t-on dit) ? La Chine n’a pas bougé d’un pouce sur la Corée du Nord, l’Iran ou les Droits de l’homme. De fait, elle pousse avec la Russie pour détrôner le dollar comme monnaie de réserve mondiale.

Qu’a-t-on obtenu du discours du Caire de « nouveau-respect-pour-les-Musulmans » et de la pression sans précédent sur Israël pour un gel total des implantations ? « « La pression sur les implantations est contre-productive » rapporte le ‘Post’, et les perspectives de paix arabo israéliennes ont « sans doute reculé ».

Et qu’a-t-on obtenu du seul vrai coup significatif d’Obama en politique étrangère – l’abrogation soudaine des accords sur les missiles de défense avec la Pologne et la Tchéquie auxquels la Russie s’était opposée avec virulence ? Pour les Européens de l’Est, à ça a été un coup de massue, la restauration gratuite de l’influence russe sur une région qui pensait avoir regagné l’indépendance sous la protection américaine.

Mais peut-être pas gratuitement. Nous avons sûrement obtenu quelque chose en échange de la vente de nos amis. Quelque brillant compromis pour obtenir un puissant soutien russe pour arrêter l’Iran dans sa course au nucléaire avant qu’il ne soit trop tard ? Contentez-vous d’attendre pour voir, ont dit les officiels du gouvernement qui ont alors joyeusement monté en épingle une déclaration alambiquée du président Medvedev une semaine plus tard comme justification de la trahison pour les missiles de défense.

La déclaration russe était si équivoque qu’une telle prétention paraissait ridiculement tirée par les cheveux à cette date. Eh bien, Clinton est allée à Moscou cette semaine pour conclure l’accord. Qu’a-t-elle obtenu ?

« La Russie ne change pas d’avis sur les sanctions contre l’Iran ; Clinton est incapable d’influencer sa contrepartie ». Tel fut le résumé succinct de la débâcle en titre du ‘Post’.

Remarquez bien avec quelle rudesse Clinton a subi une rebuffade. Le ministre russe des affaires étrangères, Serguei Lavrov a déclaré que « des menaces, des sanctions, et des menaces de pression » sont contre-productives ». Notez bien : ce ne sont pas que les sanctions qui sont moins qu’utiles, mais même la menace d’une simple pression.

Et cela empire. Ayant échoué à obtenir le moindre changement de la part des Russes, Clinton elle-même a changé de position – pour s’accommoder de la position russe ! Des sanctions ? Quelles sanctions ? « Nous n’en sommes pas encore à ce point », affirma-t-elle. « Ce n’est pas la conclusion où nous sommes parvenus… Nous préférons que l’Iran travaille de concert avec la communauté internationale ».

Mais attendez un peu. Obama n’a-t-il pas déclaré en juillet que l’Iran devait démontrer sa ‘compliance’ d’ici le sommet du G-20 à la fin septembre ? Et quand cette date limite a été dépassée, n’a-t-il pas alors averti l’Iran qu’elle serait confrontée à des « sanctions qui font mal » et qu’elle devrait adopter « un nouveau comportement ou assumer des conséquences » ?

Emporté avec le vent. Ce sont les Etats Unis qui font maintenant retraite de leur position déjà fragile d’il y a trois semaines. Nous ne prenons pas de sanctions désormais, voyez-vous. Nous en revenons aux discussions. Exactement comme le suggèrent les Russes.

Henry Kissinger a dit un jour que la tâche principale d’Anatoly Dobrynin, le perpétuel ambassadeur soviétique à Washington, était de redire aux dirigeants du Kremlin qu’à chaque fois qu’ils recevaient une proposition des Etats-Unis d’apparence désavantageuse pour les Etats-Unis, de ne pas croire que c’était un piège.

Il n’est nul besoin d’un Dobrynin aujourd’hui. Les dirigeants russes, croyant à peine à leur chance, n’ont pas besoin d’un interprète pour comprendre que quand l’équipe d’Obama se précipite comme des clowns pour porter des cadeaux et offrir des boutons de « remise en jeu », il n’y a pas d’arrière-pensée diabolique, intelligente, ni même rien de sérieux derrière. Ce n’est qu’amateurisme, emballé dans la naïveté, dans un fond de crédulité. En bref, le matériau même des Nobels.


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