Pour la très grande majorité d’entre nous, les derniers jours de septembre et les premiers d’octobre furent éclairés par nos belles solennités de Tichri. Mais que dire de toutes ces familles endeuillées ? De toutes ces familles ayant un proche hospitalisé ? De ces familles dont l’un des leurs est retenu captif on ne sait où et dans quelles conditions ?

Que de chaises désespérément vides à table, sous la Souccah, à la Synagogue ! Des chaises désespérément vides qui, l’année dernière, ou ces dernières années, étaient encore occupées par des êtres chers à qui, dans la joie, pour Rosh Hachana et Kippour, on avait souhaité Chana Tova ve Gmar ‘Hatima Tova.

Sans être particulièrement superstitieux, j’ai quand même constaté que les mois d’octobre passés furent de triste mémoire pour Tsahal et, par là même, pour Israël et les Juifs. Espérons qu’il n’en soit pas de même cette année et que ce mois d’octobre puisse enfin nous donner à assister à la libération de notre frère et fils Guilad. Que ce mois d’octobre ne soit pas comme les mois d’octobre passés. ! Jugez plutôt.

Le 16 octobre, ce sera le vingt-troisième anniversaire de la capture de Ron Arad, Lieutenant-navigateur de l’Armée de l’Air qui, s’éjectant de son F-4 Phantom au dessus du Sud-Liban le 16 octobre 1986 fut capturé par des terroristes d’Amal et « vendu » à l’Iran comme un vulgaire esclave via le Hezbollah. Toutes les tentatives d’Israël pour obtenir sa libération, ou ne serait-ce que des informations concrètes sur son sort, furent vaines (*).
Le 12 octobre 2000, il y a aujourd’hui exactement 9 ans, ce fut le martyre des deux jeunes réservistes israéliens, Vadim Norzich (Z’’L) et Asi Avrahami (Z’’L) qui, égarés dans Ramallah, furent lynchés par une foule déchaînée
Ce même jour, 12 octobre 2000, un Colonel retraité de Tsahal, Elchanan Tenenbaum, personnage dit-on quelque peu « louche et douteux », fut enlevé par le Hezbollah. Il eut de la chance, lui, car Israël le « récupéra » en « échange » de plus de 400 terroristes arabes.
Le 14 octobre 1994, Nachshon Wachsman (Z’’L), ce jeune militaire de 19 ans enlevé le 9 octobre 1994 par le Hamas, fut assassiné. Coïncidence des dates, ou (très) triste ironie de l’Histoire, ce même jour, le terroriste en chef Arafat, le plus grand tueur de Juifs depuis hitler, recevait le Prix Nobel de la Paix !! C’est vraisemblablement cet assassinat qui fait hésiter Israël à lancer une opération pour libérer Guilad.
Le 7 octobre 2000, le Hezbollah capturait et assassinait trois militaires israéliens, Abraham Binyamin (Z’’L), Adi Avitan (Z’’L) et Omar Souad.
Et pour mémoire, tout le monde s’en souvient bien sûr, la guerre dite « du Kippour », qui coûta la vie à plus de 2.600 Israéliens, débuta le 6 octobre 1973. Six ans auparavant, le 21 octobre 1967, des vedettes lance-missiles égyptiennes coulèrent le Eilat, un navire de guerre israélien causant la mort de 40 marins israéliens.

En Israël, des manifestations en souvenir de Ron Arad commémorent régulièrement l’anniversaire de sa capture. En France, quelques rassemblements à l’initiative d’organisations privées eurent lieu les premières années de sa captivité. Seule, une des stations de la fréquence Juive parisienne rappelle tous les matins le nombre de « jours de captivité du navigateur israélien Ron Arad » et un hebdomadaire en fait de même pour Guilad à chaque parution. Kol hakavod !

En France, il aura fallu attendre ces derniers mois pour que le portrait de Guilad soit peu à peu accroché à la façade de certaines mairies, à commencer par la mairie du XVIème arrondissement de Paris à l’initiative du remarquable M. Claude Goasguen.
Nous venons d’avoir (enfin) des nouvelles de Guilad mais je m’interroge toujours avec effroi sur le sort de Ron Arad (*), cité plus haut, ainsi que sur ceux de Zacharie Baumel, Yehuda Katz, Zvi Feldman, capturés le 11 juin 1982 et de Guy Hever, ce militaire disparu à l’âge de 20 ans le 17 août 1997.

N’oublions jamais ! Nos Sages nous enseignent que les Juifs ont l’obligation impérative de racheter les captifs, obligation considérée comme une grande mitzva quoique ne figurant pas dans la Thora. Maïmonide écrivait qu’« il n’existe pas de commandement plus important que le rachat des prisonniers », pidyon chvouïm en hébreu. Ce pydion incombe à la Communauté toute entière et Israël paie pour cela souvent très cher pour le respecter. Il m’a même été dit que ce commandement était tellement important que la Halacha permettait que l’argent collecté en vue de la construction d’une Synagogue serve au pidyon. Il me souvient encore que, le 30 juin 1997, lors d’une manifestation devant l’Ambassade d’Israël à Paris, manifestation placée sous le slogan «  Sois responsable de ton prochain - Arévim zé la zé  », le précédent Grand Rabbin de France déclara « qu’on pouvait aller jusqu’à vendre une Synagogue » pour ne pas transgresser cette mitzva.

Plus que jamais nous devons nous mobiliser et tout faire afin que le sort de Guilad Shalit détenu par le Hamas n’arrive pas à ressembler à ceux des autres militaires israéliens disparus. Il ne faudrait pas que dans 20 ans nos enfants et/ou petits-enfants se posent et/ou nous posent cette question : « Avez-vous vraiment respecté le principe du Arévim zé la zé  » ?

(*) Le 27 septembre 1987, presque un an après sa capture, Ron adressait à sa famille une lettre, certes émouvante et pleine d’espoir, dans laquelle cependant il écrivait, en guise d’avertissement : « Ne jouez pas avec le temps, agissez comme s’il ne nous en restait plus ». Quelle prémonition !
Ne jouons donc pas avec le temps en ce qui concerne Guilad que nous avons (enfin) vu, plus de 3 ans après son enlèvement, pendant 2 petites minutes et dont nous avons (enfin également) entendu la voix pour ces fêtes de Souccot.

Charles Etienne NEPHTALI
12 octobre 2009