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Viva l’Italia !
Albert Capino
Article mis en ligne le 19 avril 2004

Mais qu’est ce qui lui prend, à Capino ? Il a pris un coup de grappa sur la tête ? Il a bu trop de Chianti ?

Rien de tout ça. J’étais attablé, hier soir, dans un petit restaurant en Italie d’où je m ’apprête à rentrer. Je dînais tranquillement quand une clameur s’éleva de la salle située à côté, où se trouvait le bar avec la télévision. Trop loin pour entendre la cause des applaudissements, je demandais au « cameriere », lorsqu’il vint m’apporter la suite, quelle était la cause de cette joie ? Un but marqué en faveur de l’Italie lors d’une partie de « calcio » ?

« No », me dit-il, « ce sont les Israéliens qui ont descendu le chef du Hamas »…

Je savais depuis la matinée que Tsahal, profitant qu’il n’était pas entouré de civils, avait abattu Abdelaziz Rantissi dans un raid héliporté, mais c’est la réaction de ces Italiens qui me surprit.

Devant mon étonnement, qu’il dut prendre pour de la désapprobation, il crut bon de rajouter : « Mais vous savez, signore, c’était un méchant homme, un « pediatra » qui envoyait des enfants se faire tuer parmi les gens. Bien sûr ce n’est pas beau de tuer quelqu’un, mais les Israéliens ont eu raison ».

J’étais si ému que j’avais envie de me lever et de l’embrasser, de gagner la salle d’à côté et de crier « Viva Italia ! ». Ils m’auraient certainement pris pour un fou et je n’en fis rien, mais j’étais tout de même interloqué : l’Italie, si moquée par certains de nos compatriotes traitant leurs voisins Transalpins de « Ritals », Berlusconi, jugé si sévèrement par notre Président, pendant que lui-même part en visite en Algérie où il compare les 82% de son « plébiscite » avec celui de Bouteflika…

Mediaset, la holding du Président du Conseil Italien qui regroupe la majorité des médias est pourtant un modèle de pluralité : les nombreux organes de presse du groupe parlent d’une voix différente, ses propres chaînes de télévision critiquent la politique du gouvernement, au point que si l’on compare avec la France, j’ai l’impression parfois de vivre dans une République bananière.

Mais au-delà, ce qui me touche le plus, c’est la réaction du peuple italien. Dans la très catholique Italie, où « La Passion du Christ » n’a pas provoqué de polémique mais plutôt fait un flop, des gens de la rue ont applaudi à ce qu’ils considéraient comme l’élimination d’un monstre. Pas « l’assassinat d’un leader » comme le titrait notre presse... Et même si les écarts de langage du Président italien peuvent choquer certains, il parle d’Arafat comme d’un pantin ubuesque, pas comme du « Président légitimement élu du peuple palestinien », que nous serine le Quai d’Orsay. Il est vrai que Berlusconi n’a pas été élu avec 82% des voix, lui…

Mais où est le peuple français ? Où sont ces camionneurs qui, au hasard d’un voyage en Bretagne m’avaient dit - en 1967 - « Ils sont courageux, les Israéliens. Ce petit peuple se défend contre des ennemis dix fois plus nombreux qui veulent leur perte » ? L’opinion française a-t-elle été si facilement retournée par la phrase assassine du général de Gaulle cette même année, après la victoire de la guerre des six jours, quand il avait décrit les Juifs comme « Ce peuple dominateur et sûr de lui » ? La soif de pétrole a-t-elle fait de toute une nation des lécheurs de babouches ? Avons-nous perdu notre âme pour quelques barils de plus ?

Je crains que le cas soit grave, sinon désespéré. Après plus de trente ans de matraquage politico-médiatique, les gouvernements français ont progressivement réussi à dépeindre David comme un Goliath et faire passer l’agressé pour l’agresseur.

Le complexe post-colonialiste de l’Algérie, la honte d’une collaboration pétainiste mal digérée, ont conduit nos dirigeants successifs à manipuler l’opinion, à l’aide de nos médias consentants, pour désigner un coupable, le bouc émissaire par excellence que sont les Juifs et Israël.

Et ce n’est pas une question de droite ou de gauche : au Parti Socialiste, on vient de refuser à François Zimeray l’investiture pour se présenter aux prochaines élections européennes. Le verdict est tombé de la rue de Solférino : trop impliqué en faveur d’Israël.

Alors voilà. Aujourd’hui, j’ai honte d’être français. Et ne m’en veuillez pas si j’ai envie de vanter la bolognaise plutôt que de chanter la marseillaise et si je souhaite secrètement que la botte italienne donne un coup de pied au c… bordé de nouilles de la France.

Elle est trop gâtée, ne veut renoncer à rien. Elle est prête à toutes les compromissions pourvu qu’on ne l’emm... pas et qu’elle puisse envahir les routes des vacances avec ses RTT.

Alors tant pis. Aujourd’hui, j’ai envie de clamer : « NOUS SOMMES TOUS DES ITALIENS ! »

E viva l’Italia !



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