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Bush, Sharon et l’Europe.
© Profff
Article mis en ligne le 18 avril 2004

Après l’élimination de Abdel Aziz Al-Rantisi, dont le programme était la destruction de « l’entité sioniste », nous avons entendu le coeur des pleureuses européennes. C’est vraiment sans importance, parce que l’Union Européenne, qui va bientôt s’agrandir à 25 états membres, n’a pas de politique méditerranéenne. La preuve personne n’a jamais entendu parler d’une initiative européenne crédible, même dans les Balkans.

L’échec de la deuxième intifada.

Dès avant la conférence de presse de Messieurs Bush et Sharon, Abou Ala, alias le Premier Ministre palestinien Qoreï et son patron Arafat ont déclaré que la position américaine mettait un terme à toute perspective de paix. Alors, que la seule Charte palestinienne est un obstacle majeur à la paix, parce que 15 de ses 33 articles réclament la destruction de l’ « entité sioniste ». Cette menace grotesque vis-à-vis du pouvoir médiateur des Etats-Unis cache mal la raison du tapage : la position américaine telle que présentée par le Président Bush reconnaît la défaite de la deuxième intifada. Toute défaite ayant des conséquences pour les battus, un euphémisme pour vaincus, la position américaine disqualifie de facto l’Autorité palestinienne issue des accords d’Oslo.

Cette nouvelle donne prend en compte deux conséquences de l’échec de l’intifada, sauf sur le plan médiatique.

1. L’absence de toute Autorité palestinienne, parce qu’il y en a plusieurs : le Fatah et ses satellites (Brigade des martyrs d’Al Quds), le Hamas, le Jihad islamique et j’en passe. Ces bandes armées et leurs terroristes peuvent facilement se déployer et sévir dans le contexte d’une société qui se tribalise de plus en plus et où les vestiges de maigres structures démocratiques servent d’alibi à la légitimation que l’Union Européenne (UE) apporte à Arafat et à sa politique. Bref, il n’y a pas d’Autorité centrale palestinienne, parce qu’il n’y a pas de représentation démocratique palestinienne. Donc, le soutien de l’UE à la soi-disant Autorité palestinienne, incarné par Arafat, contribue à priver les Palestiniens de leur liberté. Et les Israéliens n’ont rien à voir avec cela.

2. La politique irrédentiste d’Arafat a conduit à islamisation du mouvement national palestinien, qui est devenu un enjeu majeur de l’Islam politique. Alors, quand le Président des Etats-Unis admet que les frontières qui seront négociées entre les Israéliens et les Palestiniens ne seront pas nécessairement les lignes de cessez-le-feu qui prévalaient avant juin 1967, il indique que pour les Américains, la Palestine n’est pas une terre d’Islam, mais un pays qui devra négocier ses limites avec son voisin israélien. D’une certaine manière, le Président Bush introduit une exigence de laïcité. En effet, en affirmant que des communautés juives doivent pouvoir vivre en paix en Judée et en Samarie, que ces régions soient ou non sous souveraineté palestinienne, le Président des Etats-Unis affirme que la future Palestine sera un état démocratique, à l’instar de son voisin israélien.

Il est normal qu’avec de telles exigences, l’ancien leadership, celui des défaites successives des première et deuxième intifadas, doive partir, car il a montré qu’il était non seulement allergique à Israël, mais aussi à la modernité (l’état de droit, la technologie et la permissivité, dont le libre examen). Les exigences américaines sont à comprendre dans le cadre du « Greater Middle-East », qui pour avoir quelque chance de succès ne peut en laisser aucune à l’Islam politique. Or, l’islamisation du mouvement national palestinien par ses Autorités multiples et tribales disqualifie l’Autorité palestinienne représentée par Arafat et les siens, parce qu’elle n’est pas fiable et que son pouvoir s’amenuise, parce qu’il a perdu sa raison d’être aux yeux de tous les Palestiniens tant ceux qui ont choisi l’Islam politique que ceux qui aspirent à la démocratie et au développement.

L’UE en spectateur et non en acteur

L’UE ne reconnaît pas la nouvelle donne, même si le Chancelier Schröder a clairement dit qu’il n’y aurait plus de dispute avec les Etats-Unis et que les 10 pays qui vont rejoindre l’UE le 1er. mai prochain sont inconditionnellement pro américain. D’autant plus, que l’histoire du XXème. siècle ne leur permet pas de faire confiance à l’Allemagne ou à la France. En ce qui concerne l’Allemagne, il y a le problème des Allemands expulsés de Gdansk, des Sudètes, de la Silésie, etc. et en ce qui concerne la France, personne n’a oublié Vichy. Ceci pour dire, qu’avec l’entrée de ces 10 pays, les Etats-Unis ont de facto un droit de veto au Conseil des Ministres européens et que le Chancelier Schröder et M. M. Barnier, le nouveau patron du Quai d’Orsay ont très bien compris cela, et ils ne sont pas les seuls. Néanmoins, ils se sont rabattus de même que leurs collègues de l’UE sur un symbole pour se sentir exister : ils se sont virtuellement aligné sur la position d’Arafat, comme ils le font depuis des années. En effet la Commission européenne a déclaré aujourd’hui jeudi 15 avril que le feu vert américain au plan d’Israël était « très différent » de la position approuvée par les Quinze le mois dernier.
Conformément aux engagements actuels, « l’UE ne reconnaîtra aucun changement » apporté aux « frontières d’avant 1967 autre que ceux » intervenus dans le cadre d’un « accord entre les parties », a déclaré Reijo Kemppinen, porte-parole de la Commission européenne.
La « logique » de la déclaration des participants au sommet européen du mois dernier « est très claire. Cela continue d’être la position de l’Union européenne », a-t-il souligné.
(Jerusalem Post du 15 avril 2004).

Cette position qui n’en est pas une dans la mesure où les derniers événements indiquent que la « carte routière » n’a pas encore progressé, parce que les Palestiniens ne sont près ni à arrêter le terrorisme comme moyen stratégique, ni à reconnaître la légitimité de l’existence de l’Etat Nation des Juifs. De plus, la vision de l’UE consiste à retourner à une situation qui existait il y a 37 ans, comme si depuis la guerre des Six Jours, rien ne s’était passé… Pour l’UE les frontières d’Israël sont déjà établies, avant tout accord entre voisins et sans la moindre consultation avec au moins l’un des intéressés. L’UE si prompte à donner des leçons de démocratie, ne semble pas penser que le seul Parlement démocratique du Moyen-Orient, la Knesset, a son mot à dire dans une décision concernant l’Etat d’Israël. Pour l’UE les frontières d’Israël sont constituées par les lignes de cessez-le-feu d’avant la guerre des Six Jours. En conséquence de quoi, la paix signifie pour l’UE que les Palestiniens entérinent ce compromis entre le partage de 1949 et les conséquences de la politique pan arabe de Nasser. Il y a dans cette vision de l’Europe du partage de la Palestine, une position anachronique dans la mesure où elle ne tient pas compte de l’échec de deux intifadas et de l’islamisation du mouvement national palestinien. Pis, l’UE fait semblant d’ignorer que cette position européenne a déjà été rejetée par le camp palestinien, parce que les propositions du gouvernement Barak allait dans la sens du tracé de la frontière israélo-palestinienne suivant les lignes de cessez-le-feu du 1er. juin 1967.

Cet acharnement à soutenir le camp arafatiste dont les objectifs ne sont pas ceux que lui prêtent les médias européens, surtout les médias francophones, réduit les possibilités d’intervention positive de l’UE dans la guerre israélo-palestinienne. Beaucoup de pays de l’UE se sont mis dans une impasse, parce qu’il y a trois ans, quand éclatait la réponse de Yasser Arafat aux propositions de paix du gouvernement Barak, les pays de l’UE et particulièrement les pays latins, ont levé tous les tabous concernant le devoir d’informer, c’est-à-dire de respecter le libre arbitre des citoyens, ce qui a conduit à une rationalisation de l’antisémitisme, sous les oripeaux de l’antisionisme. Ces pays pensaient ainsi se mettrent à l’abri d’une menace qu’ils ne pensaient pas pouvoir combattre de front. En défendant une soi-disant politique arabe, c’est-à-dire le soutien à tous les régimes conservateurs et despotiques, ces états ont organisé avec l’aide de leurs médias un dérivatif au ressentiment des masses musulmanes sous-prolétarisées. Le dérivatif fonctionne, trop bien : les sondages faisandés comme celui d’Eurobaromètre 150, le rapport de European Monitoring Centre on Racism and Xenophobia (EUMC) que les autorités européennes avaient tenté d’enterrer et ensuite la honteuse ressuée qu’ose nous servir Mme. Winkler, patrone de l’EUMC, etc. Dans ce contexte, des gouvernements européens ne peuvent plus s’engager dans une politique de défense qui viserait ouvertement l’Islam politique, parce que d’après l’UE, il s’agit de lutter contre le terrorisme et ses causes et il ne s’agirait pas d’une guerre de civilisation. Le soutien inconditionnel à Arafat n’est que l’épiphénomène de l’absence d’une réponse politique à l’Islam politique, ce qui n’offre d’autre solution à l’UE de rompre avec les Etat-Unis ou s’aligner. Tout indique que la plupart des pays de l’UE se sont alignés ou sont en train de s’aligner sur les Etat-Unis.



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