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Elections iraniennes, hypothèses et principes
Par Guy Senbel pour Guysen International News
Article mis en ligne le 12 juin 2009

Cette semaine, nous souhaiterions attirer l’attention de nos lecteurs sur les élections iraniennes du vendredi 12 juin. L’enjeu semble capital pour l’avenir de la paix et de la sécurité dans la région. Mahmoud Ahmadinejad, élu à la surprise générale en 2005 à la présidence d’un des plus puissants pays du Moyen Orient n’aura pas manqué de défrayer la chronique au cours de son mandat.

Course au nucléaire, menace de destruction de l’Etat juif, négation de la Shoah, ont suscité les plus vives inquiétudes sur les deux rives de l’Atlantique, à Jérusalem, et nombre de pays arabes modérés craignent que le régime de Téhéran ne serve de modèle à des opposants islamistes.

Le scrutin offre trois hypothèses, plus ou moins favorables. Mais il y a une certitude : l’Iran restera au lendemain des élections un régime théocratique dictatorial. Aucun des quatre candidats ne remet en cause les fondements révolutionnaires et islamiques du régime.

Le maintien d’Ahmadinejad au pouvoir est l’hypothèse la plus probable. La presse iranienne le présente comme le favori. Il est en tous cas celui de l’Ayatollah Khameini, le Guide suprême de la Révolution, la plus haute autorité politique iranienne, il est celui qui décide et dispose. Khameini est une icône. Il succède à l’Ayatollah Khomeini, échappe miraculeusement à un attentat, préside l’Iran dans ses années de guerre contre le voisin irakien. Mythe vivant de sauveur miraculé, le soutien qu’il accorde à Ahmadinejad risque de compter. Entre les deux hommes, la complicité politique est implicite.

Sévèrement critiqué par les trois autres candidats, cette élection prend même des allures de référendum. Ahmadinejad, qui n’aura cessé de véhiculer une image provocatrice ou inquiétante, contribuant à isoler son pays sur le plan diplomatique, serait à l’image de son pays, seul contre tous. Cultivant l’image d’un homme simple et proche du peuple, il multiplie depuis quatre ans les visites dans les villages d’Iran les plus reculés, et c’est dans les zones rurales précisément qu’il compte faire le plein des suffrages.

Les trois opposants font pratiquement les mêmes reproches à Ahmadinejad, l’entêtement dans sa politique nucléaire. Partisan de la prolifération à tout prix, Ahmadinejad est critiqué dans son pays pour avoir affaibli l’Iran. Le discours prononcé par Barack Obama au Caire jeudi 4 juin dernier a pourtant ouvert le dialogue avec Téhéran. Un « oui au nucléaire civil », donnant ainsi raison aux caprices nucléaires du président iranien.

Que lui reprochent encore ses adversaires ? Son discours sur la Shoah est également critiqué. Négationniste à Téhéran comme à Durban, nombre d’Iraniens s’interrogent sur la pertinence de cette obstination « anti Shoah » qui nuit terriblement à l’image de l’Iran. Une idée politique dont une autre élection a montré que ces idées-là n’ont pas réussi à s’installer en Europe, d’ailleurs.
Sur ce point également, Ahmadinejad n’est pas vraiment condamné, mais plutôt réprimandé, sur la base d’arguments moralisateurs. « Les Juifs ont beaucoup souffert, vous n’avez pas le droit de nier leur souffrance », dit le président américain en substance, et d’équilibrer son discours en exigeant la création d’un Etat palestinien, qu’Ahmadinejad appelle de ses vœux…

C’est en 2009 que la Révolution islamique iranienne célèbre son trentième anniversaire. La moitié des 46 millions d’électeurs du 12 juin n’ont pas connu d’autre régime, ni d’autre système que celui mis en place il y a trente ans. Le comportement électoral de cette jeunesse iranienne est déterminant pour l’issue du scrutin. Si elle manifeste un intérêt prononcé pour le candidat réformateur, des doutes existent quant à leur mobilisation le jour du vote. L’Iran est le pays le plus alphabétisé du Moyen Orient, mais la socialisation politique des jeunes n’est pas le souci des gouvernants et des élites au pouvoir.

Premier ministre de 1980 à 1988, Mir Hossein Moussavi est le plus sérieux rival de l’actuel président. S’il appelle au retour des « valeurs fondamentales » de la Révolution pour mieux chasser sur les terres électorales d’Ahmadinejad, il est volontiers présenté comme un « modéré », soutenu par les jeunes pour ses projets réformateurs. Ses chances sont minces toutefois. Parce que cette jeunesse iranienne qui pourrait empêcher Ahmadinejad est aussi séduite par le cheikh Mehdi Karroubi, le « cheikh des réformes », opposé à la polygamie, qui a su conquérir l’électorat féminin.
Le dernier candidat, Mohsen Rezaï est issu du camp conservateur, comme Ahmadinejad. Ancien chef du Corps des Gardiens de la Révolution, il propose un programme populiste et mène une campagne agressive. Responsable de l’attentat contre un centre culturel juif à Buenos Aires en 1994, attentat qui avait causé la mort de 85 personnes, Rezaï est recherché par un Interpol. S’il était élu, il ne pourrait voyager en Amérique ou en Europe.

Aucun des quatre candidats n’envisage de renoncer au nucléaire, et tous s’accordent même pour poursuivre le développement des recherches en coopérant avec les instances internationales. Tous s’accordent pour considérer qu’Israël est un ennemi du régime. Quel que soit le candidat élu à la présidence de la République islamique vendredi 12 juin, l’Iran gardera ses velléités de grande puissance. Un nouveau président obligerait un changement de ton, un vent léger de liberté soufflerait peut-être sur la société iranienne, mais l’Iran continuera de soutenir le terrorisme dans la région, aux frontières d’Israël notamment. Le Hamas, le Hezbollah et la Syrie devraient rester des partenaires de la terreur.

Ce soir, nous pensons à Guilad Shalit, soldat de Tsahal et citoyen français, otage du Hamas depuis 1082 jours.



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