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Controverses sur l’Etat juif
Par David Ruzié,professeur émérite des universités, spécialiste de croit international
Article mis en ligne le 29 avril 2009

Israël, qui célèbre donc, son 61ème anniversaire, se heurte toujours au refus de reconnaissance de la quasi-totalité des Etats musulmans, que regroupe l’Organisation de la Conférence islamique, avec ses 56 Etats membres, outre la « Palestine », membre depuis 1969. Certes, sur le plan du droit international, cela n’altère en rien son droit à l’existence, mais il est évident qu’une telle hostilité n’est pas sans incidence sur la scène internationale.

Rappelons que seuls l’Egypte et la Jordanie ont signé un traité de paix avec Israël et entretiennent des relations diplomatiques avec lui, comme, également la Turquie (la Mauritanie – elle – les a récemment rompues).

Par ailleurs, plusieurs Etats arabes – Maroc, Oman, Qatar, Emirats Arabes Unis, Tunisie – ont plus ou moins, dans un passé récent, suspendu leurs relations officielles avec Israël.

Cette situation n’est pas sans incidence, notamment, aux Nations Unies, où, bien évidemment, un bloc relativement homogène aussi important d’Etats hostiles à Israël n’est pas sans pouvoir influencer la majorité des 192 Etats membres, d’où les sempiternelles résolutions anti-israéliennes, adoptées, chaque année, par l’Assemblée générale.

Ces remarques préliminaires nous conduisent à évoquer deux déclarations récentes, apparemment contradictoires et, cependant, interdépendantes.

A la « surprise générale », lors d’une interview accordée à la chaîne de télévision américaine ABC, lundi dernier, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, jusqu’à présent hostile à la reconnaissance de l’Etat d’Israël, qu’il voulait voir « Ã©radiqué » de la carte, aurait déclaré, il y a quelques jours, qu’il n’empêcherait pas les Palestiniens de reconnaître l’Etat juif dans le cadre d’une solution à « deux Etats ».

Et voilà que, presqu’au même moment, le président palestinien Mahmoud Abbas (dont le mandat a expiré le 9 janvier dernier), déclarait, dans une allocution à Ramallah : « Un Etat juif, c’est quoi ça ? Vous pouvez vous faire appeler comme ça vous plaît, mais moi je ne l’accepte pas et je le dis publiquement".

C’était, en quelque sorte, la réponse qu’il a donnée au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qui a, récemment, exigé que l’Autorité (sic) palestinienne reconnaisse le caractère juif de l’Etat hébreu et a ajouté « Moi je sais qu’il existe un Etat d’Israël sur les frontières de 1967 et pas un centimètre de plus ou de moins" (souligné par nous).

Nous ne reviendrons pas sur le fait, prouvé tant par le texte de l’accord d’armistice de 1949 que par les déclarations des représentants jordaniens faites dans les instances de l’ONU, que la « ligne de cessez-le-feu » (dite Ligne verte) n’était qu’une simple ligne de démarcation entre les troupes opposées et qu’elle n’avait, en aucun cas, valeur de frontière.

Nous ne nous attarderons pas davantage sur le fait que le nouveau gouvernement israélien (et en tout cas le Premier ministre et le ministre des affaires étrangères) n’a jusqu’à présent pas repris, officiellement, à son compte la solution des deux Etats, acceptée par les précédents gouvernements (y compris par Ariel Sharon).

Mais, sans nous livrer à une introspection dans la pensée profonde de Benjamin Netanyahu, qui, à différentes reprises, pendant la campagne électorale avait, surtout, mis l’accent sur l’idée d’une « paix économique » avec la partie palestinienne, arrêtons nous sur cette controverse portant sur l’appellation d’ « Etat juif ».

Depuis quand (mis à part la querelle entre la Grèce et l’ancienne République yougoslave de Macédoine) un Etat est-il tributaire de la reconnaissance de son appellation par les autres Etats ?

Par ailleurs, à notre connaissance, aucun Etat n’a jamais protesté – Israël encore moins que les autres – contre l’appellation de « République islamique » adoptée par l’Afghanistan, l’Iran, la Mauritanie et le Pakistan.

Et il ne faut pas oublier que la résolution 181-II du 29 novembre 1947 portant partage du territoire sous mandat de la Palestine, préconisait la création d’un « Etat juif » et d’un « Etat arabe ».

Mais, en réalité, - et la divergence entre les deux parties est beaucoup plus grave – en refusant l’appellation d’ « Etat juif » il ne s’agit nullement d’une querelle de terminologie, mais d’une divergence de fond essentielle.

L’enjeu de la « querelle » porte sur la revendication totalement infondée d’un « droit de retour » des « réfugiés » palestiniens.

A-t-on jamais entendu les millions d’hindous et de musulmans, contraints à l’exil, en 1947, à la suite de la partition de l’Inde réclamer le droit de revenir dans leurs villages ?

Pas davantage, une telle revendication n’est apparue, dans les Balkans, à la suite des remaniements territoriaux, certes moins importants, intervenus au lendemain de la seconde guerre mondiale.

Or, un mimétisme ( comme l’évocation excessive d’une naqbah pour les Arabes, qui serait comparable à la Shoah) avec la « loi du retour », dont bénéficient les Juifs en Israël – qui ne lèse en rien d’ailleurs les ressortissants des autres confessions – ne justifie nullement la reconnaissance d’un « droit » identique au profit des descendants (dans la quasi-totalité) de ceux qui, pour une raison ou une autre, ont quitté le territoire israélien, lors de la guerre d’indépendance en 1948.

Les Juifs chassés des pays arabes, à la même époque, ou plus tard en 1956, presqu’en aussi grand nombre, ont-ils réclamé un tel droit ?

L’enjeu de cette querelle vise, de fait, la légitimité même de l’Etat d’Israël, qui serait, démographiquement, déstabilisé par l’arrivée massive de personnes sans lien avec la culture et la civilisation de l’Etat d’Israël.

Une photo récente de Mahmoud Abbas, à côté d’une grande carte géographique de la « Palestine » couvrant tout le territoire allant du Jourdain à la mer est révélatrice de la pensée profonde du leader palestinien.

Pratiquement, comme cela a d’ailleurs été fréquemment évoqué, c’est la question des réfugiées peut et doit se régler sur le plan financier (également d’ailleurs au profit des « réfugiés » juifs des Etats arabes).

Incontestablement, c’est là le point essentiel, qui devra faire l’objet des négociations à venir entre les deux parties, mais ce n’est pas une raison, pour autant, de rendre plus difficile par la poursuite de constructions, dans et autour de Jérusalem, ainsi qu’en Cisjordanie, l’établissement d’un Etat palestinien, territorialement viable.

« Enfin, c’est juste notre avis », mais qui semble partagé tant par la nouvelle administration américaine que par l’Union européenne.

Or, Israël ne peut se passer ni de l’une, ni de l’autre.



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