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Aujourd’hui nous nous battons contre les mots
Elie Wiesel
Article mis en ligne le 27 avril 2009

Nous sommes réunis aujourd’hui à cause de Durban I – une conférence qui restera comme un outrage pour ses organisateurs, ses participants et pour les Nations unies. Ce qui aurait dû être une conférence de lutte contre la haine s’est transformée en tribune de haine contre Israël et les Juifs. La violence contre les Juifs qui a explosé dans les rues de Durban a illustré combien les mots de haine peuvent être puissants et combien nous avions raison de les craindre.

J’étais invité à prendre part à une commission de cette conférence destinée à réunir des personnalités du monde entier pour parrainer cette rencontre. J’ai libéré mon emploi du temps et me suis préparé à y participer. Comment pouvais-je refuser de prendre part à une manifestation dont l’objectif officiel est de lutter contre le racisme et la haine ?
C’est alors que j’ai étudié le détail du programme et suis resté interloqué. Je n’arrivais pas à croire ce que je lisais. Les ennemis d’Israël avaient organisé à Durban un « lynch » public d’Israël et des Juifs. J’ai protesté auprès des organisateurs mais en vain. J’ai alors été la seule personnalité à démissionner de cette commission prestigieuse qui – comble d’amertume - était composée de personnalités éclairées. Tout au long de la nuit qui a suivi, une énorme pression a été déployée sur moi pour que je revienne sur ma décision de démissionner. J’ai résisté à cette pression car je savais que je ne pouvais pas prendre part à une manifestation qui violait les règles les plus élémentaires de l’honnêteté, de la dignité, de la vérité et de la mémoire.

Nous voici aujourd’hui à la veille de Durban II. Les premiers documents publiés nous renvoient à nouveau aux mêmes inquiétudes et aux mêmes craintes. A nouveau, les mêmes slogans débordant de haine contre Israël.

Ce n’est qu’après l’annonce du retrait des Etats-Unis et d’autres nations de cette conférence que les documents de travail ont été quelque peu modérés.
Très insuffisamment modérés.

Certains d’entre vous sont peu être étonnés que nous consacrions tant d’énergie à lutter contre une conférence qui ne brasse en fait que des mots. Cependant, l’expérience du passé nous a enseigné combien les mots peuvent être dangereux. Les mots précèdent les faits. Tous ceux qui se souviennent des mots qu’utilisaient Hitler quand il parlait de la « solution » de la question juive se souviennent aussi aujourd’hui combien ces mots auraient dû être pris au sérieux.

Je n’établis pas de comparaison entre les ennemis d’Israël d’aujourd’hui et entre Hitler, Himmler ou Eichmann. Ce sont les ennemis d’Israël qui établissent ce type de comparaison lorsqu’ils osent accuser Israël d’être un pays nazi, ses soldats des S.S. Le plus dangereux parmi eux est le Président iranien qui nie la Shoah et cherche à obtenir la bombe atomique en menaçant de l’utiliser pour anéantir l’Etat juif. En d’autres termes, il nous dit que la Shoah n’a pas eu lieu et que c’est lui qui va la perpétrer.

Cela n’a pas commencé avec Gaza ou Jénine. Cela fait déjà des années que nous sommes les témoins d’une entreprise de délégitimation d’Israël, sur la scène politique – dans des discours prononcés dans toutes sortes de forums internationaux – mais aussi et peut être surtout dans l’arène des médias internationaux. Oui, les rescapés des nazis sont devenus aux yeux des lecteurs de journaux des criminels nazis qui commettent des crimes de guerre. La télévision syrienne vient de diffuser une émission qui présente les Juifs comme des assassins d’enfants chrétiens pour confectionner les pains azymes de Pessah (la Pâque juive).
Les gouvernements d’Israël n’ont-ils jamais commis d’erreurs ? Assurément non. Israël n’est pas un pays de « saints » mais si l’on compare avec ce que d’autres pays ont fait dans des circonstances identiques, y compris des grandes puissances, Israël ne se trouve pas parmi les pires.

Souvenez-vous : le Fata’h n’a pas été fondé pour libérer les territoires qui ont été conquis à l’issue de la Guerre des six jours mais quelques années auparavant.
Souvenez-vous : Yasser Arafat n’était pas un quêteur de paix. Lors de ma dernière conversation avec le défunt Itzhak Rabin, deux semaines avant son assassinat, il m’avait confié : « au début je pensais sincèrement qu’Arafat pouvait être la solution ; aujourd’hui je suis de plus en plus convaincu qu’il est le problème même ».
Souvenez-vous : lorsqu’Israël a quitté le Sud-Liban, c’est l’organisation terroriste du Hezbollah qui s’en est emparé pour l’utiliser dans ses attaques contre Israël.
Souvenez-vous : lorsqu’Israël a quitté la Bande de Gaza, c’est le Hamas qui s’en est emparée pour l’utiliser afin de tirer des milliers de missiles contre les citoyens d’Israël.

Lors de Durban II, des porte-paroles emplis de haine feront entendre leurs diatribes habituelles contre Israël pensant que nous ne nous souvenons pas. Mais oui, nous nous souvenons.

Nous nous souvenons que le 19 avril, il y a tout juste 65 ans, les derniers combattants du Ghetto de Varsovie se sont soulevés.
Ils se battaient contre des armes face à l’armée la plus puissante d’Europe à cette époque.
Aujourd’hui, nous nous battons contre des mots.
Car nous nous souvenons.



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