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Une présentation orientée d’une situation certes tragique
Par David Ruzié, professeur émérite des universités , spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 26 avril 2009

Comme nous l’avons, récemment, encore relevé, le journal Le Monde s’inquiète de voir l’opinion publique se désintéresser du sort des Palestiniens.
Est-ce pour autant une raison pour donner une vision biaisée de leur situation, certes tragique ?
C’est pourtant l’impression que laisse la lecture d’un reportage de son envoyé spécial dans la Bande de Gaza, Michel Bôle-Richard, dans le numéro daté des 26-27 avril, sous le titre « A Gaza, trois mois après la guerre, les Palestiniens se relèvent difficilement ».

Quelle vue manichéenne de cette situation ! D’un côté les malheureux Palestiniens, de l’autre les méchants Israéliens (même si aucun adjectif n’est utilisé, c’est bien ainsi que le lecteur « naïf » du quotidien les percevra).

A aucun moment, les raisons de cette « guerre » ne sont évoquées.

Le reportage débute par l’évocation de la peur d’une mère palestinienne de 32 ans, que son enfant de 3 ans ne quitte plus, alors que « son frère de 9 ans a été tué par les soldats israéliens le 4 janvier ».

Dans quelles circonstances ? Peu importe pour le journaliste.

Cette femme essaye de reconstituer du mieux possible « un univers semblable à la maison et au petit jardin qui ont été détruits par l’invasion terrestre de Tsahal en janvier » (souligné par nous).

Vous avez dit « invasion » ? Comme l’Allemagne hitlérienne en Pologne en 1939 ?

Cette Palestinienne est « issue d’une famille de réfugiés venue de Bersheva », donc, il y a soixante et un ans…… .

Et le journaliste français qui n’en est pas à un anachronisme près la présente comme « Ã  nouveau réfugiée sur son lieu d’exil », alors qu’elle n’a, évidemment, pas connu Bersheva.

Comment peut-on parler d’exil, lorsque appartenant à la uuma (nation) arabe, rien n’empêchait sa famille de s’établir dans cette portion de territoire sur laquelle jusqu’en 1967 Israël n’a jamais exercé aucune autorité ?

Et, bien évidemment, Bôle-Richard reprend – certes entre guillemets, mais cela n’enlève rien au dévoiement des mots – l’accusation que cette femme lance lorsqu’elle parle de « deuxième naqba » (catastrophe, expression que les Palestiniens utilisent en parodiant la shoah pour désigner l’exil consécutif à la création de l’Etat d’Israël).

Avançant progressivement dans la description de l’horreur, il nous apprend que le mari de cette femme « a toujours une balle israélienne logée dans le thorax ».

Depuis quand ? Dans quelles circonstances ?

Le lecteur que l’on veut apitoyer n’a pas besoin de le savoir. Nous passerons sur la description certainement conforme à la triste réalité des « maisons (qui) ne sont que des amas de ruines », des tentes plantées à côté des décombres et l’affirmation selon laquelle « il n’y a plus d’eau dans les toilettes depuis une semaine ».

Bien évidemment, alors qu’ils voudraient reconstruire leurs maisons, ils n’ont rien car « les Israéliens interdisent aux matériaux de construction de rentrer ».

Pas question, évidemment, même par une remarque incidente, d’évoquer la crainte des Israéliens de voir le Hamas détourner ces matériaux à des fins militaires.

Mais, comment font les habitants de certaines régions du monde pour reconstruire, par les « moyens du bord » leurs modestes habitations, après un ouragan ?

« Les ruines sont toujours là, intactes, témoignages de la fureur destructrice des tirs » (souligné par nous).

Il n’est évidemment pas question d’avoir songé à expliquer au début du reportage dans quelles conditions l’armée israélienne a, effectivement, dû répliquer en direction de l’endroit où les tirs de roquettes (nous sommes au nord de la Bande de Gaza) étaient dirigés contre le territoire israélien.

Et lorsque le journaliste donne la parole au directeur de l’école, qui raconte les traumatismes des élèves, il ne lui vient pas à l’esprit d’évoquer ces mêmes traumatismes que ressentent les enfants de Sderot et de quelques autres localités israéliennes.

Ce n’est évidemment pas son propos aujourd’hui. Le sera-ce demain ? Pas sûr.

Toujours soucieux de donner la parole à ses interlocuteurs, notre correspondant (d’après) guerre donne la parole à une fillette de 12 ans qui dit « calmement » : « Les Israéliens ont détruit nos maisons, détruit nos terres, tué nos voisins, mis nos frères en prison. Nous allons nous venger. Nous allons tous les tuer. Nous allons libérer la Palestine ».

Or, c’est dans cet état d’esprit, même avant l’opération « Plomb durci » que pendant des décennies les petits Palestiniens ont été élevés et encouragés à devenir des shahids (martyrs).

Pour terminer ce décryptage d’un reportage pour le moins biaisé, nous nous bornerons à citer le témoignage d’un chauffeur de taxi de 38 ans, qui a « tout perdu, son taxi, sa maison, son quartier » : « Je m’interroge toujours pour savoir pourquoi les Israéliens ont tout détruit ici alors que nous sommes tous Fatah qu’il n’y avait pas un seul fusil… » (souligné par nous).

Bizarre que l’on ne parle pas des « militants » du Hamas, qui pourtant ont cautionné la prise en mains de la Bande Gaza par ce mouvement terroriste, après lui avoir donné la majorité aux élections législatives….

Avec ce genre de reportage, il n’est pas étonnant que certains – heureusement peu nombreux - dans l’opinion publique française n’hésitent pas à assimiler Tsahal aux SS, comme on l’a vu, lors de manifestations à Paris en janvier.

Le Monde n’est effectivement pas un journal d’information, mais plutôt d’opinion, ce qui explique d’ailleurs qu’en ne le lisant pas on ne perd rien et même on évite de s’énerver devant tant de mauvaise foi.



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