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Droits de l’homme et jeux de la Méditerranée. Si l’Occident
Par Angelo Panebianco du Corriere Della Sera - traduit en Français par AC
Article mis en ligne le 23 mars 2009

Lorsque nous aurons dépassé la crise économique, le monde nous paraîtra bien changé. L’équilibre des forces entre les zones géographiques et les États sera modifié. Les mutations dans la distribution des pouvoirs auront des répercussions sur de nombreux aspects de la vie des habitants de la planète.

L’issue la plus probable est un redimensionnement, même relatif, du poids politique du monde occidental dans les affaires internationales, une réduction de sa capacité à imposer ses propres valeurs, ses propres conceptions, ses propres institutions. Une victime illustre sera sans doute ce « régime des Droits de l’Homme » qui s’est affirmé, même si c’est avec lenteur, de manière tortueuse et imparfaite, après 1945, à l’époque de la Pax Americana : une époque où s’est formé le leadership américain, prenant sa force en se nourrissant de manière originale des influences de la plus ancienne culture européenne.

Dans les dernières années, dominées par un ressentiment diffus à l’égard des Etats-Unis, on a souvent oublié à quel point ce lien était étroit. Mais la naissance des Etats-Unis, tout comme la déclaration universelle des Droits de l’Homme (les événements qui ont donné l’impulsion à toutes les initiatives pour la promotion des droits de l’homme) ne furent pas le fruit du hasard mais de la vision et de la volonté des Etats-Unis. Roosevelt projeta l’ONU en s’inspirant de cette Société des Nations, voulue à la fin de la première guerre mondiale par un autre président américain : Woodrow Wilson, porte drapeau d’un internationalisme démocratique nourri d’une utopie qui ne cachait pas sa dette envers la meilleure culture libérale européenne.

À son tour, la Déclaration universelle de 1948 aurait été impensable si elle n’avait été précédée et inspirée des documents qui ont fait l’Histoire de l’Occident moderne, de la Déclaration d’indépendance américaine à la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de la Révolution française.

Le Droit naturel chrétien, le constitutionnalisme libéral, les révolutions démocratiques occidentales, sont les véritables sources de cet ensemble, en particulier des normes et des institutions qui, après 1945, se sont développées à l’abri de la puissance américaine, afin d’offrir quelque protection aux individus contre la tyrannie. Que resterait-il de ces normes et de ces institutions à partir du moment où le leadership américain diminuerait et, de manière générale, ce que nous appelons habituellement l’Occident verrait sa capacité d’influence réduite de manière drastique ?

L’affaiblissement relatif du monde occidental, sur le plan économique, est déjà entamé. Dans les dernières années, on a beaucoup parlé du déplacement du pouvoir mondial vers l’Asie. L’incertitude concernait seulement le facteur temps. La crise pourrait accélérer le processus.

Les indices ne manquent pas. D’un côté, la communauté Euro-atlantique vit une période très difficile, illustrée par les divergences entre l’Administration américaine et les principaux gouvernements européens sur le diagnostic et les remèdes pour affronter la crise économique.

Lors du G20 en avril prochain, il est probable qu’un compromis sera atteint (pour que les marchés tiennent bon) mais les divisions sont là et l’Amérique ne dispose pas des ressources de leadership propres à pouvoir imposer aux Européens ses propres solutions. En outre, les Européens sont eux-mêmes partagés : certains cherchent, dans le cadre d’une unité formelle d’intentions (ainsi que l’a observé André Glucksmann dans le Corriere d’hier), de trouver l’issue de secours par eux-mêmes. D’un autre côté, il semble que si la crise est surmontée, ce sera pour beaucoup dû au soi-disant G2, à la capacité des Etats-Unis et de la Chine de coordonner entre eux les mesures anti-crise.

Une fois la crise surmontée, nous pourrions nous retrouver avec une Amérique politiquement redimensionnée, du moins en partie, une Europe plus affaiblie et peut-être encore plus divisée, et une grande puissance autoritaire, désormais détentrice du partenariat dans la gestion des affaires mondiales.

Qu’adviendrait-il alors aux Droits de l’Homme ? Avec une Chine autoritaire sortie renforcée de la crise ou encore avec une Russie semi-autoritaire qui consoliderait ultérieurement sa capacité de chantage énergétique vis à vis de l’Europe, le taux d’hypocrisie auquel nous devrions nous habituer augmenterait : Tibet, quel Tibet ? Crimes d’Etat en Russie ? Pensez-vous !

Par ailleurs, nous avons déjà des preuves abondantes de ce qui arrive aux institutions des droits humains quand l’hégémonie occidentale faiblit. C’est un peu ce qui se produit dans une démocratie quand un parti totalitaire agit en son sein : ce dernier utilise les libertés démocratiques pour creuser la tombe de la démocratie.

L’emblème des institutions des droits humains change lorsque l’Occident se replie. Cela se produisit lors de la conférence de l’ONU contre le racisme à Durban en 2001, transformée en une manifestation de racisme antisémite par les tyrannies islamiques et africaines. Cela se serait à nouveau produit lors de la prochaine conférence sur le racisme à Genève si la réaction américaine, suivie de celle de l’Italie n’avaient pas également poussé les pays européens les plus réticents à imposer des changements radicaux au texte que la conférence sera appeler à approuver.

Il existe d’ailleurs un autre cas qui nous concerne de très près, dans le cadre duquel l’action des ennemis des droits humains se manifeste : les « Jeux de la Méditerranée » qui se tiendront à Pescara dans quelques mois, desquels les partisans arabes de la destruction d’Israël ont obtenu son exclusion. Le ministre des Affaires étrangères Frattini, qui a de grands mérites dans l’action visant à empêcher un Durban 2, soutient, avec regret, qu’il n’est plus possible d’arrêter la tenue de ces jeux. Peut-être n’est-ce plus possible, mais il aurait été nécessaire de se bouger à temps. Une lumière bien sinistre illuminera ces jeux du premier au dernier jour.

À l’inverse de la conviction de ceux qui pensent que l’Histoire avance d’une manière inexorable, il n’y a pas de raison de croire que les droits humains sont destinés à se renforcer toujours plus. Il y a en revanche des raisons pour penser le contraire. Les droits humains, issus de la culture occidentale, comme la politique démocratique, sont liés au sort de l’Occident, dont ils suivent et suivront la parabole.

Article original en Italien http://www.corriere.it/edicola/index.jsp?path=PRIMA_PAGINA&doc=FONDO1



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