A la veille des élections législatives au cours desquels les Israéliens devront élire les députés de la dix-huitième Knesset, la presse consacre une large place aux derniers efforts des différents partis pour convaincre les électeurs.

Selon le Haaretz, le président du Likoud, Binyamin Netanyahu, cherche, dans cette dernière ligne droite, à convaincre les électeurs de droite de ne pas voter pour des partis situés à la droite du Likoud, comme Israël Béteinou, la formation d’Avigdor Lieberman. Pour cela M. Netanyahu, qui tout au long de la campagne a essayé de se positionner au centre de l’échiquier politique, a décidé hier de se rendre sur le plateau du Golan avec à ses côtés l’ancien ministre Benny Begin, l’ancien chef d’état-major Moshé Yaalon et l’ancien président du Parti national religieux Effi Eytam, trois personnalités nettement marquées à droite.

« Le Golan restera entre nos mains uniquement si le Likoud l’emporte. Si Kadima gagne, nous abandonnerons le Golan. Ceux qui veulent des frontières défendables doivent voter Likoud », a déclaré Binyamin Netanyahu au cours de cette visite. Le président du Likoud a également décidé de retirer des affiches électorales l’ancien ministre Dan Meridor, dix-septième sur la liste du Likoud, mais considéré comme un « gauchiste » par une partie de l’électorat du parti.

Le Maariv cite de hauts responsables du Likoud selon lesquels si les résultats des derniers sondages se confirment, à savoir que le Likoud remporte les élections et qu’Israël Béteinou devance le parti travailliste, la nomination d’Avigdor Lieberman comme ministre de la Défense ne sera pas totalement exclue. Le journal rappelle que lors de conversations privées, M. Netanyahu a fait par de son souhait de voir le président du parti travailliste, Ehud Barak, rester au ministère de la Défense.

Au parti Kadima, on estime que la réduction de l’écart avec le Likoud dans les derniers sondages pourrait convaincre des électeurs travaillistes, voire de Méretz, de voter Kadima afin de faire barrage à Binyamin Netanyahu. Hier, la ministre des Affaires étrangères et présidente de Kadima, Tzipi Livni, s’est adressée à ces électeurs dans un discours sur le thème de l’espoir. « Nous avons prouvé que la sécurité n’appartient pas seulement à la droite et que la paix n’appartient pas seulement à la gauche », a-t-elle déclaré, affirmant être la seule candidate à pouvoir parler « au nom du dénominateur commun et non de la peur, du désespoir et de la haine ».

Le Yediot Aharonot ajoute que, pour la première fois depuis le début de la campagne, le Premier ministre Ehud Olmert a affiché publiquement son soutien à Tzipi Livni. « Je connais tous les candidats et tous les partis. Les autres candidats ont déjà eu leur chance, ils n’ont pas passé l’épreuve. Je les connais mieux que quiconque. Tzipi Livni est la candidate qui peut mener Israël à la paix. Elle a fait preuve de détermination durant les combats et d’intelligence durant les négociations avec les Palestiniens », a déclaré M. Olmert. Le journal rappelle que Tzipi Livni avait réclamé la démission d’Ehud Olmert après le déclenchement de « l’affaires des enveloppes » , ce qui avait provoqué une crise entre le Premier ministre et sa ministre des Affaires étrangères.

Aussi bien au Likoud qu’au parti travailliste on n’a pas manqué de réagir à ce soutien tardif d’Ehud Olmert. « Le fait qu’il se soit souvenu en fin de campagne de dire quelques mots pour remplir son obligation est très parlant », ont déclaré de hauts responsables du Likoud, tandis qu’au parti travailliste on affirme : « S’il lui a fallu autant de temps et d’hésitations avant de la soutenir, cela témoigne du mépris qu’il a pour elle ».

* Israël-Palestiniens

Avancée dans les contacts pour la libération de Guilad Shalit

Les trois grands quotidiens israéliens rendent compte d’une possible avancée dans les contacts en cours pour obtenir la libération de Guilad Shalit, le soldat israélien détenu par le Hamas.

Selon le Haaretz, trois membres du cabinet restreint de sécurité, ont fait hier part aux médias de leur optimisme quant à une possible libération de Shalit dans un avenir proche, avant même la fin de mandat du gouvernement Olmert. Ces trois ministres sont le ministre de la Défense, Ehud Barak, le ministre des Infrastructures nationales, Binyamin Ben Eliezer, et le ministre des Retraités, Rafi Eitan. Le Premier ministre Ehud Olmert a pour sa part vivement critiqué « les déclarations exagérées et nuisibles » à ce sujet. Des sources égyptiennes ont confirmé au Haaretz qu’il y avait bien eu un progrès dans les contacts mais qu’un accord ne devrait pas être conclu cette semaine. Le Yediot Aharonot cite lui un député égyptien selon lequel l’Egypte et le Hamas ont hâte de conclure un accord avant la passation de pouvoir en Israël après laquelle un tel accord risque de ne plus être possible.

Toujours selon le Haartez, le Hamas aurait assoupli quelque peu sa position et accepte désormais que la question de l’ouverture des points de passage avec la bande de Gaza soit liée à la libération de Guilad Shalit. Toutefois, tout accord entre les parties doit encore obtenir l’aval de Khaled Mashal, le chef du bureau politique du Hamas à Damas. Selon le Yediot Aharonot, il aurait été convenu qu’en attendant la libération de Guilad Shalit ne transiteront par les points de passage que 70 % des marchandises qui y passaient avant la mise en place du blocus israélien. Ce n’est qu’après la libération que les restrictions seront levées et que seront livrés des matériaux de construction. Cette condition a pour but d’encourager le Hamas à accélérer la mise en place de l’accord car l’absence de matériaux empêche la reconstruction de la bande de Gaza.

Israël , rapporte le Haaretz, aurait pour sa part accepté de libérer plusieurs centaines de prisonniers palestiniens, entre sept cents et mille selon les différentes versions. Il semblerait que les deux parties restent en désaccord sur une vingtaine de prisonniers, auteurs d’attentats particulièrement sanglants dont Israël peine à approuver la libération. Le journal note par ailleurs qu’Israël demande que certains prisonniers originaires de Cisjordanie soient relâchés dans la bande de Gaza plutôt qu’en Cisjordanie, de crainte qu’ils n’affaiblissent le régime de Mahmud Abbas. Le Yediot Aharonot indique qu’ils pourraient également être expulsés vers Damas. Le Haaretz note que le gouvernement israélien a refusé de commenter les rumeurs selon lesquels Marwan Bargouti, l’ancien chef du Tanzim incarcéré en Israël, figurerait sur la liste des prisonniers qui seront libérés.

Le Haaretz rapporte les propos d’un responsable politique israélien qui affirme que malgré les efforts mis en œuvre pour conclure ce marché, le véritable problème demeure la liste de prisonniers dont le Hamas réclame la libération. Selon lui, le Hamas ne fait pas le moindre compromis concernant cette liste, laissant à Israël le choix de l’accepter ou de la rejeter. Tous les autres aspects du marché, affirme-t-il, restent secondaires. Selon le Yediot Aharonot en revanche, ce sont les deux parties qui auraient assoupli leurs positions, Israël ayant accepté de libérer plus de prisonniers ayant « du sang sur les mains » et le Hamas ayant pour sa part renoncé à certains prisonniers dont la libération exigeraient d’Israël de briser un tabou.

Des sources militaires citées par le Haaretz estiment quant à elles que le marché sera prêt d’ici quelques semaines. L’avancée obtenue récemment reposerait notamment sur une preuve de vie de Guilad Shalit transmise à Israël, peut-être par l’intermédiaire du président Nicolas Sarkozy, lors de sa rencontre avec le père de Guilad, Noam Shalit, fin janvier à Paris.

Enfin, le journal rapporte que les dirigeants de l’Autorité palestinienne craignent que ce marché, s’il venait à exécution, ne renforce le Hamas qui pourrait alors remporter les élections présidentielles. De son côté, Israël devra alors faire face à une Autorité palestinienne dirigée par le Hamas, en Cisjordanie comme dans la bande de Gaza.

Le Yediot Aharonot rapporte par ailleurs que deux roquettes tirées depuis la bande de Gaza se sont abattues hier sur le Néguev. La première, de type Qassam, a touché un parking du kibboutz Nir-Am. Il n’y a pas eu de blessé mais plusieurs voitures ont pris feu. La deuxième, de type Grad, a explosé dans une zone inhabitée d’Ashkelon sans faire de dégât./