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Gaza : les mots de trop
par Adrien Barrot et Jacques Tarnero - Opinions - Le Monde.fr
Article mis en ligne le 2 février 2009
dernière modification le 3 février 2009

L’intervention de Jean-Moïse Braitberg (Le Monde du 29 janvier) porte davantage atteinte à la mémoire de son grand-père, assassiné par les nationaux-socialistes à Treblinka, que la violente intervention de Tsahal à Gaza, si meurtrière qu’elle ait été.

On ne peut en être surpris cependant, l’outrance indécente étant de règle chez ceux qui, s’agissant du tragique conflit israélo-palestinien, parce qu’ils ne sont pas directement exposés aux risques qu’encourent les adversaires, au lieu de trouver dans cette distance les ressources de la réflexion, compensent leur éloignement par un déchaînement irresponsable de passions haineuses.

Or, à quelque bord qu’ils appartiennent, c’est d’abord aux Palestiniens et aux Israéliens qu’ils font payer le prix de leurs rodomontades. Tout cela ne peut susciter que l’accablement et, en l’occurrence, le dégoût, si l’on songe à l’aubaine que représente pour la nouvelle judéophobie antiraciste la mise en équation grotesque du sionisme et du nazisme par le petit-fils d’un déporté.

Il est difficile, dans ces circonstances, de maintenir les exigences de la critique, du discernement politique, moral et historique, dès lors que toute parole de vérité est recouverte par la surenchère délirante de l’idéologie, à laquelle on craint de prêter main-forte rien qu’en ouvrant la bouche.

On ne peut pas se permettre de critiquer l’intervention israélienne sans prendre en considération la pluie de roquettes qui tombent sans discontinuer sur le sud du territoire israélien malgré le, ou à cause du, retrait de Gaza en 2005. Ces bombardements rendent toute vie normale impossible pour les habitants de la région, aucun Etat au monde ne pourrait le tolérer.

On ne peut pas se permettre de condamner le bombardement, meurtrier, des civils palestiniens sans tenir compte du fait que le Hamas fait tout pour qu’il se produise, avec le mélange de fanatisme idéologique et de cynisme politique qui caractérise la théorie comme la pratique de sa « résistance ». On peut et on doit, sans réserve, condamner les crimes de guerre, notamment israéliens, commis lors de ces terribles semaines d’affrontement, dès lors qu’ils sont avérés et non simplement allégués. C’est à Israël, d’abord, qu’il appartient de les instruire, conformément aux règles d’un Etat dont les institutions sont les seules qui puissent, dans tout le Proche-Orient, se prévaloir d’un véritable caractère démocratique. On ne peut accepter qu’Israël se dérobe à ce devoir.

Mais on ne peut pas davantage admettre que le fanatisme politico-religieux du Hamas et les crimes qu’il autorise soient passés par pertes et profits, imputés à la seule « intransigeance » d’Israël. Il n’y a là qu’une banale série d’évidences qu’on a presque honte d’égrainer et que l’on pourrait poursuivre interminablement. Observateurs lointains et angoissés de ce conflit qui nous affecte, à un titre ou un autre, si viscéralement, il n’y a guère d’autre moyen, quel que soit le camp auquel nous appartenons, de préserver l’avenir de ceux qui nous sont chers, que de penser, parler et agir, en pensant à l’avenir de tous.


Adrien Barrot est professeur de philosophie et écrivain.

Jacques Tarnero est journaliste.



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