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Quand le diable s’en mêle…
Albert Capino
Article mis en ligne le 18 janvier 2009

Au 21e jour de l’offensive israélienne en réponse aux incessants tirs de roquettes sur sa population civile depuis huit ans, le conseil restreint Olmert-Barak-Livni a décidé d’un cessez-le-feu. Unilatéral. Comme le retrait de Gaza en 2005. Malgré les gains obtenus sur le terrain, la déconfiture des forces du Hamas et de leur arsenal, la question lancinante des victimes civiles taraude les Israéliens. Le prix à payer est exorbitant et la mort d’enfants perturbe profondément tout le monde.

Sauf le Hamas.

Pour ses membres, le culte de la mort est plus fort que la vie. Leur stratégie est la même que celle des attentats-suicide, si longuement pratiquée à l’intérieur d’Israël contre les populations civiles. À Gaza, ils piègent les immeubles, ils sélectionnent leurs postes de tir en fonction des dégâts qu’ils veulent occasionner : écoles, sites onusiens, hôpitaux… Plus la réplique au feu occasionne des dégâts collatéraux, plus ils se réjouissent. La « recherche de la mort » entraîne dans son sillage son cortège d’innocents filmés par les caméras des chaînes de télévision.

Toutes les propositions d’arrêt des hostilités ont été refusées par les cadres du Hamas : Meshaal à Damas, Hanyeh et Al-Zahar depuis les sous-sols de l’hôpital de Shifa dont ils ont fait leur centre de commandement, déclarent obstinément que les tirs de roquettes ne s’arrêteront pas. Même après la déclaration de cessez-le-feu du Cabinet israélien.

Depuis leur bunker, les chefs du Hamas appellent au sacrifice jusqu’à la dernière goutte de sang - pourvu que ce ne soit pas le leur.

Tout ceci nous interpelle : peut-on céder à un tel chantage ? Ne faire taire les armes que d’un côté et leur donner raison ? Admettre que tous ces morts le soient pour rien ?

Le manque de détermination du leadership israélien, lorsqu’il s’est agi par exemple de passer à la dernière phase de la guerre au Liban en 2006, risque de produire les mêmes effets à Gaza aujourd’hui. Sans l’obtention d’une reddition du Hamas aux conditions imposées par le vainqueur sur le terrain, accompagnée d’un démantèlement complet des arsenaux et d’un arrêt de la contrebande d’armes, ce conflit aura été une nouvelle guerre pour rien. Les vaincus crieront victoire, continueront leur harcèlement et se réarmeront pour reprendre leur torture quotidienne, dans l’espoir qu’elle finira par venir à bout des nerfs de leur ennemi juré.

La Charte du Hamas indique qu’il est un groupe fondamentaliste islamique qui pense que la Palestine est « un waqf islamique », un bien sacré des musulmans (article 11). Ce document fondateur affirme : « il n’existe pas de solution à la question palestinienne exceptée le djihad » (article13) ou encore dans le préambule « Israël existe et continuera d’exister jusqu’à ce que l’Islam l’éliminera ».

La persistance dans le refus des chefs du Hamas tient à plusieurs facteurs :
Plus le temps passe et plus la pression internationale se fera forte pour qu’ils s’en sortent indemnes.
Les groupes armés palestiniens préméditent et organisent clairement des violations graves du Droit international Humanitaire, en prenant pour cible des civils israéliens. Leurs chefs politiques ont une lourde responsabilité car ils sont à l’extrémité supérieure de la chaîne de commandement qui conduit aux ordres de tuer des civils.
Il ne tient qu’à eux d’ordonner un abandon des tirs de roquettes aveugles, de rendre les armes et la liberté à leurs otages : Guilad Shalit, tout comme leurs boucliers humains. Pourtant, même si leur stratégie perverse et amorale envoie des innocents à la mort, l’opinion publique et les médias n’analysent pas : ils se bornent à constater, à comptabiliser, tétanisés par la cruauté des images mises en boucle.

Cette stratégie est faite également pour ébranler les certitudes de ceux qui sont allés défendre leur population sous le feu et entamer leur moral, le bien fondé de leur action. Dans une zone de guerre, nul n’est à l’abri d’une erreur d’évaluation, comme l’ont montré les « tirs amis » dès les premiers jours du conflit, les corps découverts sous les décombres récemment, ou encore la mort hier de trois des filles d’un médecin palestinien, connu pour son engagement en faveur de la paix. Elles ne sont pas sans conséquences morales sur les décisions prises au plus haut niveau.

Mais la stratégie du Hamas est développée pour saper également tous les pans de la société civile israélienne.

L’ensemble de la société israélienne est touchée, tant dans sa symbolique, avec les rescapés de la Shoah victimes d’attentats, que dans son mode de vie où les impératifs de sécurité modifient les habitudes, que dans son niveau économique.

Les violences contre les civils et le caractère terrorisant des attentats sont un élément significatif de l’effondrement du tourisme, de la consommation des ménages, des investissements directs étrangers et l’activité des petites entreprises sont également très pénalisés par la situation d’insécurité.

Les budgets de l’Etat sont sévèrement touchés par la récession économique et par les besoins d’augmenter les dépenses de défense. Des coupes budgétaires ont été imposées sur les allocations de chômage, les aides aux familles nombreuses, sur la santé et l’éducation.
Soit une perte de plusieurs milliards de dollars. Selon le Ministère du Travail et des Affaires Sociales le nombre d’israéliens vivant en dessous du seuil de pauvreté a atteint près d’un quart de la population, dont la moitié d’enfants. Soit presque une augmentation de 50% du chiffre depuis 2001 : 1.600.000 de personnes, dont 850.000 enfants.

Parmi les civils touchés, il est montré qu’il existe une proportion importante de femmes, de personnes âgées et un grand pourcentage de jeunes, parmi eux, des enfants. Les israéliens les plus pauvres sont les plus exposés aux attentats. Les victimes des attaques des groupes armés palestiniens se comptent donc parmi les plus vulnérables de la société israélienne.

Le personnel soignant et les véhicules utilisés pour porter assistance aux blessés ou aux malades ne sont pas épargnés. Les conséquences médicales des attentats sont analysées tant sur le plan physique que psychique. Une attention particulière est donnée aux conséquences sur la santé mentale des victimes directes (état de stress post traumatique) mais aussi « des personnes impliquées ». L’impact de ces violences sur la société israélienne en prenant les exemples des écoliers, des employés des sociétés de bus et des secouristes est mis en évidence.

Les relations entre les médecins israéliens et palestiniens se sont effondrées depuis octobre 2000. Ils n’ont plus de nouvelles les uns des autres et le regrettent tous, tant les Israéliens, rencontrés dans le cadre de cette enquête que les Palestinien . […] A Gaza, des accords, pour la formation à l’ATLS des médecins palestiniens avaient été passés et des formations débutées, mais elles se sont interrompues.

La conséquence politique essentielle est d’affaiblir le camps de la paix en Israël, mais aussi du côté palestinien : des Palestiniens, ont critiqué très clairement les attaques contre les civils israéliens tout en luttant vigoureusement pour défendre leur cause. Il appartient à la communauté internationale, en particulier aux Etats signataires des Conventions de Genève et aux organisations de citoyens de les soutenir et de les encourager publiquement dans cette voie.

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, lorsque le peuple juif renaissait des cendres des fours crématoires, lorsque Ben Gourion proclamait la naissance de l’Etat d’Israël, le monde était à ses côtés car il avait encore en mémoire la Shoah. Sa conscience lui dictait alors qu’il fallait remédier aux ravages causés à un peuple – du seul fait de son existence - par la plus grande entreprise d’extermination industrielle que l’humanité ait jamais connue.

Lorsque les armées des pays entourant Israël, mécontents de la répartition du territoire qui avait été dévolu aux Arabes et aux Juifs, fondirent sur le fragile Etat à peine né, au lendemain de la déclaration d’indépendance, les Israéliens luttèrent avec la force du désespoir. Les pertes furent énormes – disproportionnées dirait-on aujourd’hui – mais ils savaient qu’il s’agissait d’un conflit existentiel où les Arabes tenteraient d’achever le travail que l’horreur nazie n’était pas parvenue à accomplir.

Depuis, si le contexte a changé, les obsessions, elles, demeurent.

La Communauté internationale pourrait intervenir mais, la haine l’emporte et l’antisémitisme se manifeste derrière un antisionisme de façade.

S’il est une caractéristique que le peuple juif possède dans ses gènes, c’est peut-être que le « peuple élu » l’a été pour ressentir à l’avance les catastrophes annoncées. Mais personne n’aime l’oiseau de mauvais augure et la foule préfère blâmer le messager, porteur de mauvaises nouvelles. C’est dire si on lui en veut. Assemblée générale de l’ONU, Conseil des Droits de l’Homme, Durban…

Si par clairvoyance, quelques-uns soutiennent l’Etat juif pour avoir actionné la sirène d’alarme, révélé des doutes ou des angoisses, une majorité se mure dans le silence. Et préfère détourner les yeux devant le lynchage médiatique.
« Si vous exprimez une opinion, aussi fausse qu’elle soit, vous échappez à la critique aussi longtemps qu’un nombre suffisant de personnes la partagent avec vous ; mais si vous exprimez une opinion, aussi pertinente soit-elle, vous serez pénalisé si vous êtes seul à la défendre ».
Pour ces motifs peu reluisants, nombreux sont ceux qui hurlent avec les loups. Jusqu’à ne pas s’avouer que, ce faisant, ils abondent dans le sens du culte de la mort du Hamas, du Hezbollah, et de tous ceux qui – comme les mollahs iraniens – prêchent pour la mort de notre civilisation. Et ce, dès le plus jeune âge :
Un chroniqueur du quotidien de l’Autorité palestinienne Al Ayyam, analysait ainsi les raisons qui poussent les enfants à devenir « des martyrs ».
Evoquant particulièrement le cas des enfants de Gaza, il les dit subir l’influence de l’école, de la mosquée ou de rassemblements où l’on fait l’éloge du sacrifice et du martyr : « De même les funérailles des martyrs et les célébrations tenues en leur honneur sont toujours accompagnées de discours sur la vie future et la sérénité éternelle [dont les martyrs jouissent] aux cieux, ce qui amène les gens à se dire : pourquoi attendre et s’acharner à vivre une vie de misère quand il suffit d’appuyer sur un bouton ou tout simplement de se placer à portée des tirs israéliens pour se retrouver au paradis ? ».
Al-Ajrami incitait à faire des efforts collectifs pour enrayer ce phénomène, en prenant soin des enfants, de répondre à leurs besoins moraux, de suivre de près leurs activités en favorisant des centres d’intérêts et des occupations constructives, en veillant à leur équilibre psychologique. « Il convient d’agir de même à l’école ou à la mosquée , responsabilités qui incombe à l’Autorité palestinienne » .

Dans les camps de vacances de l’Autorité palestinienne, de nombreux enfants, parfois très jeunes ont été exercés au maniement des armes et à un entraînement de type militaire. Des images de ces activités ont été diffusées par de nombreuses chaînes de télévision. Le syndicat des journalistes palestiniens a demandé aux groupes armés palestiniens de ne plus prendre de photographies d’enfants en armes, parce qu’il « s’agit d’une violation des droits de l’enfant et pour les effets négatifs que ces images ont sur le peuple palestinien ». [Ce qui est condamnable, c’est de donner des armes aux enfants et non pas de les photographier.]

L’Autorité palestinienne porte elle aussi une responsabilité, en ayant laissé se développer un climat d’impunité pour ceux qui tuent les civils, en n’ayant pas pris des mesures efficaces pour s’opposer à ces attaques, en n’ayant pas mobilisé les moyens de communication à sa disposition pour délégitimer les attentats et leurs auteurs, en ayant entretenu une ambiguïté sur le soutien moral pour les personnes qui organisent ou qui commettent ces crimes.

Des mesures devraient être prises par l’Autorité pour empêcher les enfants de participer à des hostilités, arrêter et faire juger les responsables des groupes armés qui ne respectent pas ces engagements. Faire des campagnes d’éducation dans les médias palestiniens pour prévenir la participation des enfants aux activités militaires.

Si des progrès ont été constatés du côté de l’Autorité palestinienne, le Hamas encourage au contraire à rendre l’utilisation des enfants encore plus létale :
Interrogé face à la multiplication des victimes chez les enfants qui attaquaient des implantations ou des postes militaires israéliens dans la bande de Gaza, un commandant de la branche militaire du Hamas répondait : « L’esprit du jihad et ce courant des enfants-martyrs sont mal exploités… Bien que ce phénomène soit en lui-même positif, il nécessite un suivi, afin de rendre les enfants conscients de leurs actes et de leur permettre d’intégrer une section spécialisée de la branche militaire […] qui leur apprendra à distinguer entre ce qu’il faut faire et ne pas faire, à décider quand devenir martyr et quand user de son arme. »
Et quand on lui demandait comment expliquer le nombre de jeunes candidats au « martyr », il déclarait : « Le nombre de jeunes reflète la bonne santé [mentale] de ces derniers ainsi que la compréhension de la société palestinienne, non le dévoiement ou la volonté de fuir le désespoir et la frustration. Les candidats au jihad sont nombreux ».

Notre conscience nous questionne : devant le nombre de victimes qu’engendre une zone de guerre, a-t-on le droit de poursuivre ? Faut-il « cesser immédiatement les violences » comme le réclament des appels de plus en plus insistants, même au risque que les armes ne se taisent qu’unilatéralement ?

Ou bien a-t-on une obligation de résultat, d’obtenir la reddition sans conditions de la part de ceux qui ont allumé le feu, versé le premier sang innocent ? D’envoyer un signal fort au Hezbollah, à la Syrie, à l’Iran afin qu’ils perçoivent bien les limites de la retenue ? D’inviter l’Egypte, la Jordanie, l’Arabie saoudite, les Emirats, mais aussi plus près de nous : tous les pays sur lesquels plane cette menace, à bien évaluer les dégâts que pourraient provoquer un débordement par les éléments radicaux à notre liberté, à nos démocraties ?

Céder maintenant, n’est-ce pas, une fois de plus, transformer les obscurantistes en vainqueurs, les assassins suicidaires en résistants, leur laisser la part belle et oblitérer notre avenir en rendant admissibles les arguments de ceux qui considèrent que la mort est plus forte que la vie ?

A.C.


Les paragraphes en italiques sont extraits d’un rapport de Médecins du Monde datant de 2003. Les chiffres cités ont été actualisés selon les derniers éléments connus.

« Les attaques commises contre les civils israéliens constituent des crimes de guerre selon le Droit International Humanitaire. Par leur caractère « systématique ou généralisé », dans l’intention revendiquée de tuer des civils et de semer la terreur dans la population israélienne, elles constituent des crimes contre l’humanité, au regard du Statut de la Cour pénale internationale. »



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