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L’église aussi...
Arnold Lagémi
Article mis en ligne le 13 janvier 2009

Dans le concert quasi unanime qui, de facto, ne reconnaît pas à Israël le droit légitime à se défendre, une voix, dont les accents étaient prévisibles, tardait à se joindre aux hurlements de la meute. Cette voix, celle de l’Eglise Catholique Apostolique et Romaine, qu’on espérait entendre condamner le nazisme quand les ténèbres se partageaient le monde, cette voix qui n’estima pas en 1948, devoir saluer la naissance de l’Etat d’Israël comme une étape rédemptrice et réparatrice à un exil où elle portait, cependant, la responsabilité essentielle des crimes et des tourments dont furent victimes les Juifs, cette voix, on vient d’en distinguer les inflexions sulfureuses par le biais du cardinal Renato Martino, Ministre de la Justice et de la Paix du Vatican, à propos de la toute récente réaction défensive d’Israël après huit années d’agressions relevant du casus belli.

Ce haut dignitaire de l’église romaine, très proche du pontife, vient en effet de déclarer :

« Gaza ressemble de plus en plus à un camp de concentration » Il précisera quelques heures plus tard : « ce qui se passe ces jours ci me fait horreur. »

Outre la teneur pour le moins pernicieuse et galvaudée tendant à présenter Israël sous les traits du pervers recréant à l’égard de ses victimes les conditions mêmes de son humiliation et de son anéantissement passés, les propos de Son Eminence n’étonneront que les naïfs où ceux qui préfèrent se laisser abuser par l’illusion de l’amitié judéo-chrétienne.

Comprenons bien ce qui est en question.

Je ne mets pas ici en doute l’amitié, souvent l’affection qui va parfois jusqu’au sacrifice entre Juifs et Chrétiens. Ce dont il en retourne, c’est l’évidence de l’impossibilité de convergence entre deux doctrines, deux systèmes dont l’un ne justifie son existence que par l’éloignement, voir la disparition de l’autre.

Le christianisme a pour vocation de tenter de se substituer à Israël dont il prétend être l’héritier. L’existence des Juifs, surtout si elle s’inscrit dans un renouveau national et donc historique disqualifie la prétention chrétienne à la messianité. Cette réalité matricielle explique la vocation antisémite du christianisme dont beaucoup de Juifs ne voulant reconnaître l’aspect irréductible attribuent à l’attitude amicale et repentante de quelques Chrétiens la portée illusoire d’un revirement doctrinal. Et cet aveuglement s’explique.

Parmi les maux dont nous souffrons, le manque d’amour est un des plus tenaces et des plus dévastateurs. Il suffit, en effet, qu’un pape se rende dans une synagogue ou que les évêques de France demandent pardon pour que nos bonnes âmes frappées d’amnésie soudaine y voient l’annonce du changement.

Mais le pardon, c’est d’abord la réparation ! Or, jamais l’Eglise, en tant qu’Institution, n’a envisagé cette perspective qui s’imposait d’abord au regard du rétablissement de la Vérité et aurait conféré à l’aveu du pardon un crédit d’authenticité et de moralité.

Quant au plan doctrinal, cette imploration du pardon obligeait à la condamnation des Pères de l’Eglise ayant arrêté des positions anti-judaïques ou à la réprobation, sans équivoque, des diverses mesures anti-juives prises par les Conciles au cours des siècles

Mais Augustin est toujours resté Saint Augustin en dépit de son affirmation : « l’humiliation des Judéens témoigne de leur erreur et de notre vérité. » Etc…etc…

Aussi, en dépit des velléités, des soubresauts au contenu plus opportuniste que réellement novateur, la constante de la position chrétienne face aux Juifs, à leur destin, à leur mission n’a pas varié et la position du cardinal Martino à propos des évènements de Gaza, s’inscrit dans une cohérence théologique certes déplorable, mais inévitable quant à la sauvegarde de la doctrine.



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