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La RATP, la grande raffle et la Palestine
Michel Gurfinkiel
Article mis en ligne le 12 janvier 2009

C’était un 8 mai, voici quelques années. J’avais pris un taxi. A un carrefour, le véhicule dut laisser le passage à deux autobus qui arboraient, comme c’est l’usage lors des fêtes nationales, de petits drapeaux tricolores. Le chauffeur, jusque là plutôt taciturne, me dit : « Regardez-moi ça. Ils ne devraient pas avoir le droit de se promener avec ces drapeaux. »

La remarque me surprit. Je lui demandai pourquoi. « Parce que ce sont les autobus qui ont conduit les juifs au Vel d’Hiv, pendant la guerre », me répondit-il. Cette fois, je n’étais plus surpris, mais saisi. Généralement passé sous silence, cet aspect des rafles de 1942 était donc passé, d’une façon ou d’une autre, dans la mémoire collective parisienne. Et chose plus remarquable encore, il suscitait encore une sourde indignation.

Cette fois, je n’étais plus surpris, mais saisi. Généralement passé sous silence, cet aspect des rafles de 1942 était donc passé, d’une façon ou d’une autre, dans la mémoire collective parisienne. Et chose plus remarquable encore, il suscitait encore une sourde indignation.

Il y a des degrés, bien entendu, dans la responsabilité collective. Il est absurde de mettre sur le même plan les personnels de la SNCF ou des transports en public parisiens de 1942, qui ne participèrent aux rafles ou déportations des juifs que de façon incidente ou technique, et sur réquisition, les fonctionnaires en uniforme ou en civil, qui organisèrent ou procédèrent aux arrestations en toute connaissance de cause, sans rien tenter pour venir en aide aux victimes désignées, et enfin les hiérarques de Vichy et de la collaboration, qui prêtèrent un concours actif au crime, ou devancèrent les souhaits de l’occupant hitlérien.

Mais les actes sont les actes. Toute institution, tout corps public, toute entreprise, est responsable de ce qui a été accompli sous son nom. Ne serait-ce qu’en déduisant des tragédies passées un code de conduite morale pour le présent.

La RATP de 2009, ce ne sont pas les autobus de 1942. Sauf si elle feint d’ignorer, sur 1942, ce qu’un chauffeur de taxi parisien, il y a quelques années à peine, savait parfaitement. Et d’en tirer les conséquences éthiques et civiques.

Vendredi dernier, 9 janvier, je constate que la RATP a fixé des affichettes sur des arrêts de pour annoncer des perturbations le lendemain, samedi 10 janvier, en raison « d’une manifestation de solidarité avec la Palestine ».

A ma connaissance, c’est la première fois que la RATP indique ainsi l’objet d’une manifestation susceptible de perturber le trafic. Elle ne s’y prendrait pas autrement si elle voulait inciter ses usagers à y participer.

Les mots « solidarité avec la Palestine » n’étaient même pas mis entre parenthèses sur l’affichette en question. Ils étaient pourtant choquants, à plusieurs titres.

D’abord, la Palestine n’existe pas, à l’heure actuelle, en tant que pays ou Etat : il n’y a que des Territoires palestiniens autonomes, gouvernés par l’Autorité palestinienne. Parler de « Palestine » est donc un geste politique en soi, l’expression d’une opinion et le souhait d’une évolution géopolitique. Un geste licite en soi, dans le débat entre citoyens. Mais que la RATP, établissement public, n’a pas le droit de faire, puisqu’elle n’a pas le droit, par définition, et pour respecter les opinions de chacun, d’intervenir dans un tel débat.

Ensuite, il n’y a pas en ce moment, au Proche-Orient, un conflit entre Israël et les Territoires palestiniens, ni même entre Israël et ce que certains entendent par Palestine, mais un conflit entre Israël, Etat démocratique, et une organisation, le Hamas, qui s’est emparé par la force, à l’issue d’une guerre civile, de l’un des territoires relevant de l’Autorité palestinienne.

Enfin, cette organisation, le Hamas, a explicitement pour programme la destruction d’Israël, la guerre sainte contre tous les non-musulmans et les musulmans modérés, l’instauration d’une théocratie ne tenant compte ni des droits de l’homme, ni de ceux de la femme ; et pour méthode le terrorisme contre des civils (y compris les attentats suicide) et le bombardement de localités civiles.

Si les autorités de police ont jugé bon, pour des raisons quelque peu opaques et certainement discutables, d’autoriser une manifestation en faveur du Hamas à Paris, est-il tolérable que la RATP, établissement public, lui donne de la publicité et ignore les sentiments de désapprobation, de rejet, d’horreur, que cette organisation totalitaire suscite chez de très nombreux Parisiens ?

La RATP de 2009 n’est pas responsable du « chagrin » et de la « pitié » de 1942. Sauf si elle perd la tête, le sens civique, et la simple décence.

Claude Goasguen, député-maire UMP du XVIe arrondissement de Paris, va interroger le gouvernement sur cette affaire, qui ne fait que commencer.



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