Les chefs islamistes sont réapparus, hier, à la télévision. Pour proclamer que la « victoire arrive grâce à Dieu ».Sans enrayer la prudente progression des chars et des soldats israéliens. Ils étaient entrés dans la clandestinité, le 27 décembre, aux premières heures de l’opération plomb durci. Les chefs du Hamas ont fait leur réapparition, hier, deux jours après l’entrée des chars israéliens dans la bande de Gaza. Du moins sur les écrans de télévision. Alors que les chars encerclent la ville de Gaza, Mahmoud al-Zahar, le principal leader islamiste, a prophétisé : « La victoire arrive grâce à Dieu ! »
Dans son allocution préenregistrée, la chaîne du Hamas, Zahar ne nie pas les coups encaissés. La majorité des 555 Palestiniens tués en dix jours appartient au Hamas , ni la souffrance des civils soumis au siège et au pilonnage. Mais il affirme : « Les douleurs d’aujourd’hui nous aiderons à réaliser nos objectifs nationaux demain. »
Dans ce discours, plus question de trêve de 99 ans avec un État hébreu retiré dans ses frontières d’avant 1967, comme le cheikh Yassine, fondateur du Hamas, l’envisageait avant d’être assassiné en 2004. Les islamistes sont revenus à leur position ultra. Ils veulent « libérer toute la Palestine ». Autrement dit,détruire Israël.
Une guerre à huis clos
Quelques minutes plus tard, Abou Obeida, le porte-parole des Brigades Ezzedine al-Qassam (branche armée du Hamas), est apparu à son tour sur Al-Aksa TV, la chaîne du mouvement, visage masqué par un keffieh rouge. Pour promettre aux soldats israéliens une sanglante guérilla urbaine : « Nous vous avons préparé des milliers de combattants, qui vous attendent à chaque coin de rue et vous accueilleront avec du feu et du fer. » Selon notre correspondant dans la bande de Gaza, Radjaa Abou Dagga, les combattants palestiniens ont, pour la première fois, utilisé des RPG-29, une arme antichars puissante et précise dont disposent le Hezbollah libanais, la Syrie et l’Iran.
Sur le terrain, les accrochages entre soldats israéliens et brigadistes palestiniens se sont multipliés, hier, dans deux bastions du Hamas - le quartier de Zeitoun et le camp de Jabaliya - ainsi qu’à Beit Lahya, au nord de Gaza d’où partent les roquettes qui visent les villes israéliennes de Sdérot, Ashdod et Ashkelon.
Israël affirme avoir capturé, selon sa terminologie, « des dizaines de combattants illégaux ». Les islamistes assurent, quant à eux, avoir tué « onze Israéliens dont un colonel ». Faits invérifiables car, en dépit d’une décision de la Cour suprême d’Israël, l’état-major de Tsahal a, de nouveau, interdit l’entrée à Gaza d’un pool de journalistes étrangers. La guerre se déroule dans un quasi-huis clos.
La résistance palestinienne ne semble pas, à ce stade, perturber le plan de bataille israélien. Dans la nuit, l’aviation avait continuéses bombardements méthodiques contre « trente cibles ». Principalement des caches d’armes, dont une mosquée de Jabaliya qui, d’après Israël, servait d’entrepôt.
Après une pause nocturne, les blindés ont repris leur mouvement d’encerclement, pour finalement s’enfoncer dans Gaza City, secoué, hier soir, par de violents combats. « Nos forces progressent comme prévu et devancent même les plans », assurait le général Avi Benayahou, porte-parole en chef de l’armée israélienne. La ville était, hier, coupée du sud du territoire, par où arrivaient vivres, essence et munitions en provenance d’Égypte, et privée d’électricité, hier soir.
Mais le gouvernement d’Ehoud Olmert n’a toujours pas atteint son objectif numéro un : faire taire les artilleurs palestiniens. Une trentaine de roquettes ont encore été tirées, hier, vers le territoire israélien.