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L’Autriche, l’Europe et l’extrême droite
Par Guy Senbel pour Guysen International News
Article mis en ligne le 3 octobre 2008

Cette semaine, nous souhaiterions attirer l’attention de nos lecteurs sur l’ampleur du score réalisé par les deux partis d’extrême droite à l’occasion des élections législatives en Autriche, dimanche 28 septembre. Si tous les observateurs s’accordent pour dire que dans un pays où l’extrême droite a toujours existé, le résultat du scrutin révèle la frustration des électeurs, ce vote contestataire exprime une attirance pour un discours nationaliste anti-européen, une idéologie construite sur des valeurs autoritaires et xénophobes.

La victoire des deux partis d’extrême droite, qui ont atteint près de 30% des suffrages, n’a pas suscité d’émotion particulière parmi les dirigeants européens. L’entrée du FPÖ de Jörg Haider au gouvernement autrichien en 2000 avait pourtant provoqué de très vives réactions de la part des partenaires de l’Autriche au sein de l’Union européenne, qui s’étaient mis d’accord pour s’interdire tout contact bilatéral pendant une période d’observation... A cette époque, c’est le Président Chirac qui avait entraîné l’Europe à prendre des sanctions contre Vienne.

Les élections autrichiennes de 2008 ne sont pas moins inquiétantes. 50% des jeunes autrichiens qui votaient pour la première fois se sont tournés vers l’un des deux partis nationalistes et populistes dont les leaders ne cachent pas leur admiration pour le Troisième Reich...

Il semblerait donc que l’Europe s’est habituée à voir l’extrême droite revenir au premier plan de la vie politique et parlementaire en Autriche, mais aussi en Italie, en Belgique, au Danemark ou en Suisse. Conçue et créée comme un rempart contre le fascisme, l’Europe se trouve aujourd’hui contestée par l’extrême droite qui fait de l’europhobie son cheval de bataille électorale. C’est d’ailleurs à l’occasion des élections européennes que les partis populistes et xénophobes réalisent leurs meilleurs scores.

En Suisse et au Danemark, les partis d’extrême droite font désormais partie de la scène politique traditionnelle. En Italie, on assiste à une lente renaissance du fascisme. Des ministres du gouvernement Berlusconi, issus de la « Ligue du Nord » demandent que la marine italienne tire sur les clandestins... Jeudi 2 octobre, une quinzaine de maires de la région du Latium s’engageaient à réhabiliter le patrimoine architectural et environnemental de villes fondées ou restructurées par Benito Mussolini, à l’époque où le fascisme régnait sur l’Italie. L’Alliance nationale, le parti du maire de Rome et du ministre italien de la Défense, ne cache plus sa volonté de réhabiliter le fascisme.

De par ses proportions et son importance politique, les élections législatives autrichiennes représentent un événement unique dans l’histoire de l’Europe d’après-guerre. L’extrême droite constitue désormais la première force politique autrichienne.

Lundi 29 septembre, la Commission européenne a émis l’espoir que l’Autriche continue de jouer un « rôle constructif » dans l’Union européenne, mais la victoire électorale de l’extrême droite n’a pas suscité de critiques ou de condamnations de la part de dirigeants européens. Celles-ci auraient dû être fermes, et immédiates.
Non seulement parce qu’il est interdit de ne pas condamner la montée d’un nationalisme aux accents xénophobes, mais aussi parce que les partis de Jörg Haider et Heinz-Christian Strache ont attiré des électeurs de gauche déçus par les sociaux démocrates, et séduits par le projet d’une Europe sociale désormais exigé par la droite populiste.

C’est en ralliant un électorat de gauche populaire et socialisant que l’extrême droite peut s’inscrire durablement au pouvoir. La montée de l’extrême droite et son acceptabilité rampante représentent une menace et un danger pour toutes les minorités d’Europe.

Les consciences européennes doivent veiller ensemble à empêcher la propagation des idées xénophobes et racialistes qui ont fait le succès de l’extrême droite en Autriche. Elles doivent notamment s’attacher à ce que l’Europe reste unie, autour de ses valeurs fondatrices que sont la démocratie et la liberté.

Ce soir, nos pensées vont vers Guilad Shalit, détenu par le Hamas depuis 832 jours, soldat de Tsahal, et dernier otage français.



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