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Un abus de terminologie
par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 22 juillet 2008
dernière modification le 21 juillet 2008

Des touristes juifs sud-africains ont donné l’occasion à l’ineffable correspondant du journal Le Monde , Michel Bôle-Richard, de se livrer, sans doute avec délectation, dans le numéro daté des 20-21 juillet à un rapprochement, tout à fait déplacé, entre la situation en Cisjordanie et la politique d’apartheid, pratiquée en Afrique du sud.

Le journaliste français a consacré presque une demi-page à décrire à quel point des militants anti-apartheid juifs sud africains ont été « choqués » par leur visite en Cisjordanie occupée, qu’ils ont visitée pendant cinq jours. Ils étaient une dizaine parmi les 22 Sud-Africains, « défenseurs des droits de l’homme, membres de l’ANC, magistrats, journalistes, syndicalistes, écrivains, blancs, noirs, indiens » (quel inventaire digne de Prévert....)

Et son reportage de débuter par les impressions d’un rescapé de la Shoah, ayant perdu dix frères et sœurs, et qui n’était jamais venu en Israël et dans les territoires palestiniens occupés (souligné par nous).

De quel droit cet ancien député de l’ANC (Africain national Congress) peut-il prétendre considérer que certains habitants juifs de Hébron adoptent « au nom du judaïsme » un comportement, dont on peut, effectivement, imaginer le caractère scandaleux. Encore faudrait-il évoquer l’environnement hostile dans lequel ils vivent. Après tout, jusqu’à preuve du contraire, pourquoi des Juifs n’auraient-ils pas le droit de vivre dans des villes où traditionnellement ont vécu des Juifs, avant d’en être chassés ? De là à soutenir un droit à une souveraineté israélienne c’est autre chose......

Tout en se défendant de vouloir « faire des comparaisons avec le régime de l’apartheid que tous ont connu et subi », c’est bien à une telle comparaison, pourtant considérée comme « pas appropriée » qu’ils ont procédée.

Comment peut-on comparer à l’apartheid l’existence de « routes séparées pour les colons et pour les Palestiniens » et les permis de circuler délivrer à ceux-ci avec « le système des pass pour les Noirs en Afrique du Sud ?

De fait, au cours de ce bref séjour qui a emmené ce groupe aussi bien à Jérusalem, Tel-Aviv que Hébron et Naplouse, c’est essentiellement le microcosme que constitue la présence juive à Hébron qui l’a impressionné.

En quoi cette présence, certes sur-protégée (heureusement) par l’armée israélienne pourrait-elle justifier « l’injustice, la haine, le désespoir » ?

Si ce n’est en partant du postulat, effectivement, posé par certains que toute zone, dont la population est majoritairement arabe, doit être « judenrein ».....

Quelle impudence de trouver « absurde », au terme d’un si bref passage, la barrière de sécurité, les checks points, les plaques d’immatriculation différentes ?

Les considérations sécuritaires, les effets de la « barrière de sécurité » sur la chute du nombre des actes terroristes ne sont évidemment pas évoqués.

Pourquoi une député de l’ANC ne se souvient que de « la crainte dans les yeux des enfants » dans le camp de Balata, à Naplouse ?

Pense-t-elle que les petits israéliens de Sderot, par exemple, ou même ceux de Hébron, sont rassurés eux ?

Ce n’est pas le point de vue d’un magistrat qui, lui, n’en est pas à son premier voyage qui paraît plus objectif lorsqu’il déclare qu’il a « l’impression que nous sommes en 1965 en Afrique du Sud, lorsque la répression s’est intensifiée après la condamnation de Nelson Mandela ».

Comment peut-il comparer avec celui-ci, qui, effectivement, a passé 27 ans en prison, un membre du FPLP, « condamné à perpétuité pour des attentats perpétrés en 1977 et qui avaient fait un mort et des blessés, incarcéré depuis trente et un ans ?

C’est un journaliste noir qui ne manque pas d’humour lorsqu’il déclare que « le bout du tunnel est plus noir que noir »......

Un juriste juif du groupe ne manque pas d’aplomb quand après avoir déclaré être « frappé par l’extension de la colonisation », par « la façon de traiter un peuple comme s’il était de seconde classe, par les pesanteurs de l’occupation militaire et le contrôle de tous les aspects de la vie quotidienne des Palestiniens, par la séparation de plus en plus marquée de deux communautés » se défend d’être là pour « juger », mais seulement pour s’ « informer » .

Curieuse façon d’analyser une situation, en ignorant le contexte sécuritaire.

Et lorsque le rescapé de la Shoah, dont nous avons déjà parlé, déclare « je comprends parfaitement la peur des juifs », il ajoute, tout aussitôt « mais elle ne peut justifier ce qui se passe » et Michel Bôle-Richard tient à lui faire répéter, en conclusion de son reportage : « Et je trouve très triste que cela se fasse au nom du judaïsme » .

Mais, qui peut parler de judaïsme, alors qu’il ne s’agit pour les autorités israéliennes que d’assurer la sécurité de la population juive ?



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