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Entretien avec Moshe Katsav, président de l’Etat d’Israël
Article mis en ligne le 14 février 2004
LE MONDE | 14.02.04 | 16h40

La question de l’antisémitisme sera au cœur de la visite d’Etat du président israélien en France.

Qu’attendez-vous de votre visite d’Etat en France, où vous êtes attendu du 16 au 19 février ?

Le resserrement des liens bilatéraux, des coopérations de toutes sortes, particulièrement économiques, technologiques et scientifiques. Israël et la France ont des valeurs démocratiques communes. Certes, il y a la question de l’antisémitisme. Nous avons à en parler. Je fais confiance aux responsables français en la matière. L’antisémitisme est présent en France, mais je sais que le président et le gouvernement luttent. La communauté juive en France est la deuxième au monde, c’est pour cela que nous sommes si sensibles à ce qui s’y passe. Le problème n’est pas que ce phénomène soit plus fort ou moins fort qu’ailleurs en Europe. Mais je suis inquiet quand des juifs ne se sentent pas libres de marcher dans la rue uniquement parce qu’ils sont juifs, je suis inquiet lorsqu’une école juive ou une synagogue brûlent. Cela va à l’encontre de l’histoire de la France, contre ses valeurs et contre la démocratie.

Vous dites que vous faites confiance aux autorités françaises. Pensez-vous qu’en matière de lutte contre l’antisémitisme les actes suivent les paroles ?

Oui, il n’y a pas seulement ce qui a été dit par le président, par le premier ministre ou d’autres responsables ministériels, j’ai pu constater la détermination des autorités françaises dans cette lutte, je l’ai appréciée. Je crois que le président Chirac n’est pas moins déterminé que moi, président de l’Etat d’Israël, à lutter contre l’antisémitisme. Nous sommes exactement sur la même longueur d’ondes.

Encouragez-vous les juifs de France à rester en France, ou pensez-vous que leur place est en Israël ?

Il n’y a pas de contradictions entre les deux approches. Chaque juif de France est parfaitement libre de son choix, qui sera toujours légitime : rester en France ou émigrer en Israël.

Avez-vous compris la loi qui vient d’être votée interdisant les signes religieux à l’école ?

Je n’ai pas à commenter cette loi. Je crois que cela ne touchera pas les juifs, puisque la loi s’applique aux écoles publiques. Un jeune juif religieux pourra toujours aller dans une école religieuse, et s’il ne l’est pas, la question ne se posera pas pour lui. Je suis en revanche très préoccupé par les problèmes que rencontrent les juifs portant la kippa dans les rues.

Soutenez-vous le plan d’évacuation des colonies de Gaza proposé par Ariel Sharon ?

Ni le premier ministre, ni le gouvernement, ni la Knesset ne se sont encore prononcés sur ce sujet. C’est encore en discussion, je constate que c’est une question qui divise. Je crois que la priorité est l’application de la « feuille de route ». Tout ce dont on discute aujourd’hui, les mesures unilatérales, la clôture, les activités militaires sont rendues nécessaires par la poursuite du terrorisme et par l’inaction de l’Autorité palestinienne. La première étape de la « feuille de route » est la lutte contre le terrorisme. La poursuite du terrorisme rend impossible la reprise des négociations. On ne demande pas 100 % de résultats mais on veut voir des efforts. En ce cas, on peut reprendre très vite les discussions. Mais, si les éléments destructeurs l’emportent au sein de la société palestinienne, on n’arrivera à rien.

Le tracé de cette « clôture », en Cisjordanie, ne pose-t-il pas des problèmes ?

Je crois qu’à moyen terme la clôture sera positive pour les deux côtés. Elle réduira le danger des attentats pour la société israélienne. Ensuite, le climat ne sera que meilleur pour reprendre les négociations. Il y aura plus de permis pour les travailleurs palestiniens en Israël et la position de l’Autorité palestinienne elle-même sera améliorée. Si les Palestiniens ne sont pas d’accord avec le tracé, ils peuvent venir en discuter avec notre premier ministre, mais jusqu’à présent ils ont refusé toute rencontre, en posant des conditions préalables. Cette clôture n’est pas politique, mais sécuritaire, elle n’est pas irréversible, elle est temporaire. A la fin, il faudra toujours que l’on discute, mais on ne peut pas attendre indéfiniment. Le tracé n’est dicté que par des considérations sécuritaires. Nous devons suivre les recommandations de nos experts militaires et de sécurité en la matière.

Qu’attendez-vous de la Cour internationale de justice, qui doit examiner à partir du 23 février la légalité de la « clôture » ?

C’est une erreur de saisir la Cour, sa contribution ne pourra qu’être négative. Les Nations unies -qui ont initié la démarche-devraient plutôt demander aux Palestiniens de mettre un terme au terrorisme. Un conflit politique n’a pas à être soumis à un tribunal international. Il n’y a pas d’alternative aux négociations. Nous avons beaucoup de raisons de boycotter les audiences.

Propos recueillis par Stéphanie Le Bars et Gilles Paris



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