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On ne peut pas plaire à tout le monde
Albert Capino
Article mis en ligne le 23 juin 2008
dernière modification le 24 juin 2008

Encore faut-il pouvoir se regarder dans la glace. Comme on comprend Kouchner, « pas à l’aise » à l’idée de recevoir encore un dictateur à l’occasion de la fête nationale ! Cette fois-ci, pas d’escapade bruxelloise...

Au delà de la forme et de la date choisie, il existe bien des raisons qui font grincer des dents, à l’annonce de la participation du président syrien au défilé traditionnel du 14 juillet prochain :
comment faire l’impasse sur la mainmise syrienne au Liban depuis 1976, sur l’attentat contre les troupes françaises stationnées dans l’immeuble du Drakkar lors duquel 58 soldats français ont trouvé la mort, sur la domiciliation à Damas octroyée à des officines terroristes tel que le FDPLP de Naief Hawatmeh, celle du leader Hamas « en exil » Khaled Mashaal, ou encore du refuge offert à des criminels de guerre nazis tels qu’Alois Brunner.

La Syrie de Bachar el Assad serait prête aujourd’hui à donner des gages de sa bonne foi ? Voyons :

-       elle pourrait débuter en prenant ses distances avec l’Iran ? Il n’en est pas question.

-       un assouplissement du contrôle de ses installations soupçonnées d’abriter des réacteurs nucléaires construits avec l’aide de la Corée du Nord ?  Pas à l’ordre du jour. 

-       un pas vers les droits de l’Homme ? Les services internes de sécurité syriens continuent d’enlever les dissidents qu’elle fait croupir en prison pour de longues années.

 

Alors, à un mois de la présidence à la tête de l’UE, que pourrait bien proposer  la France pour améliorer la situation ?

 

L’ancien ministre socialiste Michel Rocard insiste sur "l'intérêt immense" de "ramener la Syrie à la découverte qu'elle aurait d'énormes avantages (...) à jouer le jeu international normal, à respecter sa parole, à ne plus appuyer le terrorisme (...).

Pour cela, dit-il, il faut l'aider et respecter son prestige, et donc il fallait le faire".

À la manière dont la France a reçu Kadhafi avec « les honneurs dûs à son rang » afin de lui faire « regagner le concert des nations » ?  Pour qu’ensuite el-Assad puisse dénoncer le projet d'Union pour la Méditerranée (UPM), inspiré par la France, le qualifiant « d’affront pour les pays de la rive Sud », comme le président libyen le fait à présent ?

 

Nicolas Sarkozy s'est de nouveau justifié samedi, lors d'un point de presse conjoint avec le président américain George Bush (Reuters) :

"À ma connaissance la Syrie fait partie des pays méditerranéens et si on commence, quand on fait le tour de la Méditerranée, à n'inviter que ceux qui correspondent aux critères qui sont exactement les nôtres, on risque de faire une réunion où il y a peu de monde", a-t-il dit.

 

Si je comprends bien, la France préfère abriter une réunion de gens peu recommandables, pourvu qu’ils fassent du remplissage à la garden-party du 14 juillet ?

Notre président commet la même erreur de jugement que ses prédécesseurs. Ce n’est pas la quantité des participants, mais leur qualité qui doit primer.

C’est en se prononçant clairement sur les conditions à remplir pour l’obtention d’un rapprochement Nord-Sud, sans aucune équivoque, que la France peut espérer jouer un rôle sur la scène internationale tout en se faisant respecter. Il n’y a que de cette manière que le fossé qui nous sépare pourra être comblé et que nous rallierons progressivement les nations encore très en retard sur « nos critères ». Les démocraties occidentales n’ont pas de fleurs à offrir à des régimes répressifs, lesquels ont beaucoup à gagner à des accords bi-latéraux.

 

Rama Yade a démontré son courage lors de ses prises de position franches à l’égard de Kadhafi et elle montre à nouveau la voie lorsqu’elle déclare : "Nous ne renonçons à rien, nous savons bien qu'il y a dans l'assassinat de Rafic Hariri sans doute des responsabilités qui se trouvent en Syrie, les juges le diront".

 

Je ne doute pas de sa sincérité, mais ne servirait-elle pas seulement de caution à ceux qui pratiquent la langue de bois ? Des rumeurs contradictoires circulent en effet à ce sujet.  Parmi les mesures incitatives que Damas aurait reçues pour réexaminer ses relations avec Téhéran, le Hezbollah et les autres organisations terroristes, selon le journal qatari Al Watan, la France aurait notamment proposé à la Syrie une transaction prévoyant l'annulation de la création du tribunal international chargé du procès des assassins présumés de l'ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri… (Source G.I.N.).

 

Si l’Europe a réellement la volonté d’œuvrer pour un Proche et Moyen Orient pacifiés, il est important de rappeler que nombre de ses interlocuteurs sont à l’origine de la situation dans laquelle ils se trouvent et que la paix n’est pas seulement un vain mot, ou un prétexte à tous les marchandages.  Elle a des exigences et implique des garanties.

 

Or, où en est-on à ce stade ?

 

-       En Iran : le représentant européen des « 5+1 », Javier Solana, a essuyé encore un refus de la part des Iraniens, à qui il était pourtant venu faire une proposition allant encore plus loin. Un porte-parole du gouvernement de Téhéran l’a aussitôt exclue. Pour autant, les pays de l’UE ne sont pas décidés à prendre de nouvelles sanctions contre l’Iran.  Par anticipation, le régime des mollahs aurait retiré 75 milliards d’Euros de ses avoirs dans les banques européennes…

-       Au Liban : le Hezbollah, qui se veut un parti politique, s’est installé en force dans le gouvernement tout en refusant de désarmer. Tel les FARC, il pratique sans vergogne la prise d’otages : après les avoir enlevés,il détient Ehud Goldwasser et Eldad Regev depuis plus de deux ans, sans que les visites du CICR auxquelles ils ont droit leur soient consenties, ni même que l’on sache s’ils sont encore vivants. Samir Kuntar, meurtrier de sang froid de toute une famille, figure parmi la liste des prisonniers dont ils demandent l’élargissement *

-       À Gaza : le Hamas, qui dit négocier une trêve par l’intermédiaire de l’Egypte, refuse d’envisager la libération du soldat Franco-israélien Guilad Shalit, lançait dans le même temps une opération de grande envergure pour enlever d’autres soldats ou civils, tout en continuant à bombarder quotidiennement des villes et des civils dans le Negev sous une pluie de roquettes.

-       Quant à la Syrie, elle déclare mener des pourparlers de paix, alors même qu’elle continue de servir de plaque tournante à la livraison d’armes en provenance d’Iran vers Gaza et le Liban, au nez et à la barbe de la FINUL.

 

Les négociateurs syriens prétendent avoir obtenu « la restitution du plateau du Golan » comme préalable à une négociation directe, tentant ainsi de mettre les Israéliens devant un fait accompli.  Cette manoeuvre n’a entraîné aucune confirmation, car il ne peut y avoir d’abandon de terrains stratégiques – tant du point de vue militaire que de l’approvisionnement en eau – en contrepartie de changements d’alliances temporaires.  Ceci est un marché de dupes.

 

Je laisse la conclusion à un  éditorial paru dans le Jerusalem Post du 12 juin qui recadre bien quelques vérités historiques :

 

En 1946, la Syrie émergeait de la domination coloniale française avec de grandes ambitions. Husni Zaim, gouverneur militaire du pays nouvellement indépendant déclarait ainsi en 1949 : « Donnez-nous cinq ans et je rendrai la Syrie aussi prospère et éclairée que la Suisse ».

 

Avec ses champs pétrolifères, sans parler de la richesse de son héritage culturel et linguistique, de tels espoirs pouvaient être caressés.  Les Syriens n’ont toutefois pas pris leur place dans la société moderne des nations.  Au lieu de la prospérité,  le pays a été rongé par le despotisme, la persécution de minorités ethniques et religieuses, une censure impitoyable, avec une Casba sous la tutelle de la police secrète, bref, ce que Fouad Ajami appelle dans  « The Arab Predicament » des « politiques dégénérant régulièrement en saignées ».  De tels problèmes sont intrinsèques au régime des el-Assad depuis les massacres de dizaines de milliers de leurs propres nationaux, ordonnés par Hafez el-Assad à Hama, jusqu’à l’assassinat de leaders politiques libanais. Ceci a peu de rapport avec Israël.

 

Les Syriens souffrent d’un retard culturel et d’isolement.  Leur croissance économique est stagnante et le niveau d’investissement dans la recherche est l’un des plus bas au monde.

Malgré leurs réserves de pétrole, la Syrie est sur le point de devenir importatrice.  Pour prendre un indicateur révélateur, le PIB est estimé à 4.300 $ par habitant pour l’année passée, soit 6,7 fois moins qu’en Israël, pour une population 3 fois plus importante…

 

En résumé, la « rue syrienne » n’a bénéficié d’aucun mieux-être depuis l’indépendance.  Elle a juste servi les intérêts de despotes successifs, lesquels ont rejeté le blâme sur « l’impérialisme » et sur Israël.

 

Il existe une règle fondamentale en matière de négociation : éviter la tentation d’attribuer ses propres valeurs à ceux qui vous font face de l’autre côté de la table.

 

Les négociateurs, qu’ils soient Israéliens, Américains ou Européens, doivent bien prendre en compte la futilité de prêter à leurs interlocuteurs des attitudes politiques occidentales et d’en exiger une civilité démocratique, dans l’espoir de résoudre des conflits qui n’auraient jamais vu le jour si de telles attitudes avaient existé à l’origine.

 

 

A.C.


  • 3 détenus de la prison Hadarim à Netanya posent pour le photographe du Yediot Aharonot : de g à d, Ahmed Saadat du FPLP commanditaire d’attentats sanglants, Marwan Bargouti leader des Tanzim du Fatah et organisateur de la « seconde intifada » et Samir Kuntar, meurtrier de droit commun. Tous trois devraient faire partie d’un échange organisé par le Hezbollah. Les familles des victimes israéliennes ont demandé la publication des noms des terroristes pressentis pour l’échange, ainsi que des faits pour lesquels ils ont été jugés et condamnés, afin de pouvoir déposer un recours devant la Haute Cour de justice israélienne, visant à empêcher leur libération.


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