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L’attentisme fait le jeu du radicalisme islamiste
Albert Capino
Article mis en ligne le 9 juin 2008

L’Iran est entré dans la pénultième phase de sa « révolution islamique », entamée avec le retour de Khomeiny, hébergé en France jusqu’en 1979. Giscard s’était cru bien inspiré à l’époque de jouer cette carte, en misant sur la déchéance du Shah et en escomptant une redistribution des cartes en sa faveur au Proche-Orient. Il s’est rapidement avéré que Téhéran manipulait la France et non le contraire.

1.- La prolifération de l’islamisme

Aujourd’hui, un Ahmadinejad hargneux sous la férule de son « guide suprême » - vieillard sénile et obsessionnel - ne cache pas sa volonté de faire de l’Iran une puissance régionale nucléaire, au mépris de toute mise en garde - qu’elle émane de France, de l’UE, de l’AIEA ou des Etats-Unis.

Ses menaces dirigées depuis quatre ans de manière récurrente contre un pays membre de l’ONU en appelant à « son élimination » ne devraient pas faire que de soulever l’indignation. Des sanctions, tant de fois reportées, doivent être appliquées, à commencer par son interdiction de participer à des sommets internationaux, tel que celui organisé à Rome le 3 juin par la FAO sur la crise alimentaire.

En matière d’alimentation, la République islamique d’Iran ne nourrit que la surenchère guerrière : les centrifugeuses d’enrichissement d’uranium tournent à plein régime à Natanz et le traité de coopération militaire scellé avec la Syrie en juin 2006, faisant suite au pacte de défense de 2005, met en place à depuis la semaine dernière un centre de commande commun coordonnant le déploiement de missiles capables de transporter une charge nucléaire.

2.- L’extension des périls

Si la menace n’est pas nouvelle, elle a toutefois augmenté d’un cran, dans la mesure où la puissance de feu est multiple et synchronisée sur plusieurs fronts.

  • À l’Ouest et au Sud, le Hamas a fait l’acquisition de missiles Grad. Deux exemplaires plus précis et plus puissants, tels que celui qui a fait 14 blessés et détruit un centre commercial à Ashkelon le mois dernier, se sont abattus plus profondément dans le Néguev ce 1er juin. Un mort et quatre blessés sont à nouveau à déplorer depuis le 4 juin. Par ailleurs, la contrebande via l’Egypte a livré des vecteurs sol-air antiaériens de nouvelle génération, rehaussant pour la première fois les capacités du Hamas à celles d’une véritable armée.
  • Au Nord, le Hezbollah a reconstitué son arsenal, construit à nouveau des fortins et dispose à présent de plus de 40.000 roquettes, dont un quart à longue portée fournies par l’Iran.
  • Côté Syrien, la mise en place de rampes de missiles balistiques à longue portée et d’une protection antiaérienne de dernière génération, outre la livraison prochaine de chasseurs russes, ferme la boucle par le Nord-Est.

Le programme israélien de missiles antimissiles Hetz/Arrow ne peut parer à une attaque coordonnée et massive tous azimuts contre ses villes. Par ailleurs, la protection « iron dome » contre les roquettes en provenance de Gaza ne sera pas entièrement opérationnelle avant 2009.

Une course contre la montre est engagée, à l’issue de laquelle nous saurons si la démocratie survivra au désir hégémonique des dictatures régionales.

Un enjeu majeur non seulement pour les populations locales, mais plus généralement pour les démocraties dans le monde, sur lesquelles le radicalisme islamique exerce une pression de plus en plus forte.

2.- Une nouvelle répartition des risques

Le but des pourparlers indirects menés avec la Syrie va au-delà du tapage médiatique, des prétextes d’Olmert pour s’accrocher au pouvoir et d’Assad pour étouffer l’assassinat d’Hariri. Il s’agit de maintenir le contact pendant cette période cruciale et conduire les Syriens à choisir le moindre des maux : s’ils décident de conserver des liens étroits avec les Iraniens, ils se mettent en état d’infériorité. Ils deviennent alors un pion du côté russo-iranien de l’échiquier, notamment au Liban avec le Hezbollah qui monte en puissance.

S’ils choisissent de rester en dehors d’un conflit potentiel avec Israël et renoncent à l’utopie qui consiste à vouloir récupérer le plateau du Golan, ils préserveront leurs chances de profiter d’une dynamique de paix et d’un essor économique lié avec un rapprochement de Washington.

Mais les élections américaines font entrevoir des incertitudes en cas de victoire des démocrates : celle d’une volonté de désengagement d’Irak (bien compréhensible mais dangereuse dans le contexte actuel), et un recul d’une position de défense ferme et résolue contre le radicalisme pan-islamiste.

Dans tous les cas de figure, Olmert ne bénéficie ni des capacités, ni du crédit indispensables pour assurer la direction des opérations dans une situation aussi tendue. La manière désespérée dont il s’accroche à son poste « C’est moi qui suis au pouvoir et personne ne peut me dicter mon emploi du temps » ne peut conduire qu’à des arbitrages dangereux à un moment de graves décisions, tant sur le plan sécuritaire, que des négociations en cours. Des consultations bi-latérales Israélo-américaines sont à présent menées directement par les chefs du renseignement.
Des élections anticipées au sein de son parti pourraient voir l’émergence d’une figure emblématique, plus déterminée et plus expérimentée qui prendrait l’initiative d’un gouvernement d’Union nationale.

Seule une coalition forte, à l’exclusion des petits partis qui minent la cohésion, est en mesure de gérer une crise d’une telle ampleur.

3.- Un assainissement nécessaire

Israël doit retrouver les valeurs qui ont conduit à la création de l’Etat. Elles seules peuvent venir à bout des ennemis intérieurs qui affaiblissent son moral et sa détermination : mettre un terme à la corruption, au grignotage des petits partis qui monnaient des avantages (tels que des logements ou des subventions) sous la menace de démission (tel le Shass), aux querelles d’influence, à l’attentisme et à l’indécision. Il est indispensable de rendre leur dignité aux expulsés du Goush Katif après l’évacuation de Gaza en 2005, dont certains ne sont toujours pas relogés, ainsi qu’aux survivants de l’Holocauste, derniers témoins de cette tragédie unique dans l’Histoire.

De même, il est urgent de prendre en charge un programme de protection des populations soumises aux tirs de roquettes quotidiens en provenance de Gaza. Même si des aides privées sont les bienvenues, l’Etat ne devrait pas laisser aux individus le soin de se substituer à son rôle.

Les raisons ne sont pas uniquement d’ordre moral, mais aussi parce qu’un tel vide encourage l’émergence d’appétits politiques. Il crée des désordres tels qu’un premier ministre poursuivi pour corruption, un ancien président impliqué dans un scandale sexuel, un ancien ministre des finances accusé de se servir dans les caisses de l’Etat. Une proportion alarmante de la population vivant au-dessous du seuil de la pauvreté achève de rendre la situation intolérable.

4.- Retour vers le futur : l’avenir est à l’innovation

La spécificité du peuple juif et son endurance à travers les siècles, c’est cette faculté d’exigence de soi allant au-delà des destructions, des persécutions, de la part de ceux qui haïssent ce particularisme au point de vouloir l’annihiler. Israël et le peuple juif doivent retrouver leurs racines, celles qui ont inspiré le respect à leur égard, qui montrent le chemin pour les nations, à l’image de ce que sa communauté scientifique a su faire.

Les avancées contre le cancer, le diabète, les améliorations contre les maladies de Parkinson, d’Alzheimer sont issues de sa recherche, tout comme certaines énergies alternatives.

Ces dernières sont porteuses d’avenir, au détriment du pétrole, plus rare, plus cher, plus polluant et dont les réserves s’épuisent.
En chantier depuis un an, un réacteur mis au point en Israël permettra de se dispenser à terme d’une grande partie de nos besoins en hydrocarbures, tout en recyclant les déchets radioactifs en produits inertes et en énergie !

5.- La paix n’est pas l’apaisement

Le défi de normalité israélien ne peut ni ne doit l’emporter sur la valeur d’exemple, vis à vis des générations futures comme de l’extérieur. Mais il implique un équilibre.

Pour cela, la reconnaissance des autres nations est indispensable, en particulier venant de tous les pays voisins.

Les frontières « sûres et reconnues », pour reprendre l’expression couramment utilisée, Israël les a conquises en quatre guerres de défense. Il n’est pas d’exemple où un pays attaqué de toutes parts et qui en sort vainqueur, doive restituer des terres acquises en se protégeant.

Ce sont ces éléments que la Communauté internationale doit prendre en compte si elle veut soutenir un plan de paix global crédible dans la région. Elle doit rester soudée pour surmonter les pressions arabes - muées en pan-islamisme - et faire passer un message clair selon lequel elle ne cèdera ni au chantage pétrolier, ni à celui du nucléaire, à fortiori s’il met l’un de ses membres en danger.

6.- Une meilleure communication

Enfin, même si la menace existentielle d’Israël prime sur l’opinion publique mondiale, il appartient aux institutions israéliennes chargées des relations extérieures d’expliciter à ses interlocuteurs internationaux les raisons pour lesquelles Israël pourrait être amené, dans un futur proche, à déclencher une opération préemptive de grande ampleur... sans qu’il faille attendre qu’Ahmadinejad ait donné suite à ses menaces avant le contrôle des inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique ! [1]

Il en va non seulement de la survie d’Israël, mais aussi de l’indépendance des systèmes démocratiques occidentaux, qui ne peuvent permettre que se reproduise une tentative d’élimination contre l’un d’entre eux.



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