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Zut ! On a encore oublié Talal !
Gérard Huber
Article mis en ligne le 7 juin 2008

Parmi les premiers signataires de la pétition « Pour Charles Enderlin », un acteur essentiel manque encore à l’Appel : Talal Abu Rahma. C’est tout à fait étonnant, lorsqu’on sait que, comme caméraman de France 2, c’est le seul témoin de ce qui s’est vraiment passé au Carrefour de Netzarim, le 30 septembre 2000. Et s’il est un reporter qui connaît la dignité professionnelle de Charles Enderlin, c’est bien lui.

Alors ? Eh bien, son absence prouve que ceux qui sont à l’origine de la pétition n’ont nul besoin de sa signature. En effet, ils en ont orienté l’objet sur le respect de la dignité professionnelle d’Enderlin, alors que la controverse porte en réalité sur l’exactitude du témoignage de Talal.

Enderlin, France 2 et les lecteurs de Contre-expertise d’une mise en scène - et de mes nombreux articles depuis - savent que, depuis le début de mon enquête, j’ai lutté contre l’attaque ad hominem et contre l’accusation de manipulation portée à l’encontre de France 2. En revanche, j’ai posé des questions radicales pour tout ce qui concerne la phase amont du montage du reportage, c’est-à-dire la capture des images, ses conditions, le fait qu’aucune chaîne de télévision présente sur place ne les ait prises, mais qu’en revanche, comme ceux de France 2, les rushs de Reuters filmés ce jour là, à ce moment précis, montraient plusieurs scénettes mises en scène par des Palestiniens et destinées à épouvanter le téléspectateur.

Au demeurant, je rappelle également que, même lorsque j’ai mis en doute l’exactitude du témoignage de Talal, j’ai toujours respecté la dignité de sa personne. Il faut impérativement faire la distinction entre les actes et la personne, et, sur ce point, j’éprouve les mêmes sentiments que les pétitionnaires, lorsque je constate que quelqu’un les confond. La personne ne se réduit pas à ses actes, c’est précisément le sens du mot « dignité ». La dignité est le droit des droits. Nul ne peut la perdre, quel que soit l’acte qu’il a commis.

Si donc, par-delà la « dignité professionnelle » d’Enderlin, les pétitionnaires - qui confondent les deux - ont ressenti cette atteinte à sa dignité, je comprends leur démarche. Pour autant, moi qui respecte Enderlin et Talal, je ne peux signer cette pétition, parce qu’aucune forme de dignité n’est mise en question par la controverse actuelle. En outre, son texte repose sur une confusion - non dite - entre leurs rôles professionnels respectifs. Enfin, à aucun moment, Enderlin, ni par la suite France 2, ni, aujourd’hui, les pétitionnaires, ne tiennent compte du démenti, voire du désaveu, que Talal a donné, le 30 septembre 2002, du témoignage qu’il avait fait, le 3 octobre 2000, devant l’Organisation palestinienne des droits de l’homme, et au cours duquel il avait accusé les soldats de l’armée israélienne d’avoir tué « intentionnellement et de sang froid » Mohamed Al Dura.

Car, une fois le démenti de Talal intégré, que reste-t-il du commentaire d’Enderlin ? Rien, strictement rien, puisque c’est sur la base de ce témoignage ultérieurement démenti qu’il a donné le sens que l’on connaît aux images. D’où cette autre question : pourquoi, dès le 30 septembre 2002, Enderlin n’a-t-il pas reconnu la faillibilité de son commentaire ?

Et aujourd’hui, vous les pétitionnaires, comment pouvez-vous accepter qu’Enderlin qui n’était pas sur place, continue de prétendre en savoir plus que son caméraman sur ce qui s’est vraiment passé ?

POURQUOI N’EXIGEZ-VOUS PAS DE TALAL QU’IL EXPLIQUE CLAIREMENT ET SANS CONTRADICTION CE QU’IL A VU ?

Que vous soyez désormais inquiets de la « perestroïka » qui s’annonce dans les médias, est votre affaire, mais cela ne doit pas vous aveugler. Depuis la mise en place d’Internet, rien n’est plus comme avant. La multiplication des versions données sur telle ou telle image, et Dieu sait si, à propos de la « mort » d’Al Dura » elles sont nombreuses et contradictoires, y compris chez vous qui croyez dur comme fer à la version qu’en a donnée Enderlin, doit rendre encore plus exigeante la vérification des sources et des témoignages. Vous devez donc accepter, qu’à un moment donné, lorsque la controverse enfle, ce n’est pas forcément pour de mauvaises ou méchantes raisons, mais pour que la vérité des faits soit enfin établie en toute objectivité.

Je le rappelle : Enderlin a lui-même dit son accord avec ma proposition d’une Commission d’enquête internationale. Il ne serait pas souhaitable que cette pétition lui fasse obstacle. Messieurs les pétitionnaires, libérez votre action et, vous autres qui souhaitez qu’un terme soit mis au climat d’hostilité qui couve, appelez à la constitution de cette commission.



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