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Alors que l’Etat hébreu s’apprête à fêter son 60ième anniversaire dans une situation marquée par des menaces extérieures et intérieures accrues
Trois paramètres pour scanner six décennies d’Israël « sur un pied »...
par Richard Darmon | Israel Magazine n°88 juin 2008 (p.8-11)
Article mis en ligne le 13 mai 2008

Voici trois « diagonales » - sur cent autres sans doute possibles - permettant de dresser au « jour d’aujourd’hui » une sorte de bilan-perspective succint de la formidable aventure qui commença en mai 1948 et dont la poursuite actuelle, à un rythme haletant, suppose qu’Israël relève des défis de plus en plus gigantesques à ses frontières comme à l’intérieur. Un pari en somme à la hauteur des ambitions et des capacités du peuple juif redevenu presque majoritairement hébreu ! Mais pour peu qu’il se dote au plus vite de dirigeants « à la hauteur »...

1/ Sécurité et frontières à l’heure de la montée de l’islam fanatique

Demeurant la seule démocratie du Proche-Orient entourée de régimes arabes monarchiques, despotiques voire tyranniques et sanguinaires, le moins que l’on puisse dire à l’aûne des données géostratégiques actuelles, c’est que l'Etat hébreu est fort loin d'avoir réglé ses problèmes sécuritaires…


Ainsi, bien que le "paix froide" conclue en 1979 avec l'Egypte puis en 1994 avec la Jordanie ait assuré un certain répit à Israël sur ses deux frontières les plus étendues, le réarmement massif et ultra-moderne de l'armée égyptienne couplé à la montée de l'islam intégriste au Pays du Nil et à la pénétration de plus en plus profonde des différents réseaux islamistes (Frères musulmans et Al Qaïda) au sein de la monarchie hachémite laissent augurer des "craquements" fort dangereux qui pourraient se produire à moyen terme sur ces deux futurs fronts éventuels…


Par ailleurs, l'échec de la "voie négociée" des différents accords d'Oslo tentée depuis 1993 par la gauche, la droite puis le "centre" israéliens avec une Autorité palestinienne péniblement issue du long exode laminant de l'OLP à Tunis mais qui fut incapable de tenir le moindre de ses engagements, suivi par le fiasco sécuritaire total  de la voie "unilatérale" du retrait de la Bande de Gaza initiée par Ariel Sharon, a transformé le bras-de-fer israélo-palestinien en "conflit asymétrique de basse intensité" qui risque de perdurer de longues années encore. 


D'autant que la montée de l'islam radical associé à la volonté de l'Iran chiite d'étendre son hégémonie stratégico-militaire à l'échelle de toute la région (en disposant notamment d'armes nucléaires) a encore plus radicalisé la "cause palestinienne", comme on le voit avec le surarmement actuel du Hamas et de Djihad islamique (pourtant d'obédience sunnite) grâce aux énormes budgets de Téhéran transférés à Gaza ainsi qu’avec l’utilisation par Téhéran du Hezbollah comme une « avant-garde » libanaise du régime des ayatollahs déployée au nord d’Israël… 


Une frontière-nord où les risques d’un affrontement qui ne serait - en principe - « que » conventionnel avec la Syrie (elle aussi alliée à Téhéran) restent toujours élevés et soummis à des « montées en puissance » périodiques. D’autant que cette région limitrophe du Pays du Cèdre s’est déjà fortement embrasée pendant l’été 2006 malgré – ou plutôt à cause… - du retrait unilatéral et bien trop précipité de Tsahal ordonné en mai 2000 par le Premier ministre travailliste Ehoud Barak, l’ampleur de cette 2ième  Guerre du Liban servant en quelque sorte de « test » initié par les Iraniens pour mesurer les capacités de réponse de Tsahal. Lesquelles furent d’ailleurs assez mauvaises lors de ce conflit, et en tous cas incapables de rétablir la fameuse « force de disssuasion » de l’armée israélienne laminée par le retrait hâtif de mai 2000...  


Une situation générale d’autant plus « volatile » au plan de la région tout entière qu'il est devenu aujourd'hui évident que le conflit avec les Palestiniens n'est pas une dispute territoriale ou même nationaliste accéléré par « une dynamique incontrôlable de profonds déséquilibres démographiques » comme une certaine idéologie tiers-mondiste - encore à la mode en Occident et dans la gauche tel-avivienne - veut le faire croire, mais bien l'expression d'un choc de civilisation impliquant des facteurs religieux autant que culturels et plus accésoirement socio-économiques. 


A preuve, le fait que le terrorisme palestinien – qui dispose maintenant de roquettes et de fusées à courte portée ainsi que de missiles sol-air, voire d'armes chimiques et d’autres « surprises » destructrices…- soit devenu au fil des ans de plus en plus "génocidaire", son objectif n'étant pas de "faire pression" sur Israël pour obtenir des concessions territoriales ou autres dans le cadre de négociations futures ou en cours, mais de tuer aveuglément le plus de Juifs israéliens "par haine radicale" quasi-mystique en croyant ainsi démoraliser la population de l'Etat hébreu afin qu'elle n’ait à terme d’autre issue que de devoir quitter le pays… 


Dans ces conditions, et à moins que l'impérialisme messianiste iranien et ses satellites islamo-fascistes sunnites et walabittes ne soient rapidement battus en brèche et qu’ils n’essuient une défaite militaire cuisante, ce conflit asymétrique va sans cesse rebondir – sans doute sous des formes inattendues - avec des "pics" de plus en plus meurtriers lors d’attentats stratégiques ou de provocations médiatiques de masse – comme ce fut le cas avec l’irruption de masse, en février dernier, de dizaines de milliers de Palestiniens de Gaza en teritoire égyptien longuement planifiée par le Hamas.


2/ Le « cheval de Troie » des Arabes israéliens 

Il ne fallait pas attendre les militantes et successives Journées de la Terre de protestation des Arabes israéliens, ni les défilés de la Nakba fêtant de manière fort propagandiste la « catastrophe arabe de 1948 » que constitua, paraît-il, la création de l’Etat hébreu,  et encore moins les sanglantes émeutes d’octobre 2000 des Arabes du nord d’Israël au moment précisement de l’irruption de la 2ième Intifada palestinienne, ni même les manifestations actuelles – de plus en plus massives et répétées – des nombreux citoyens arabes israéliens scandant des slogans d’appel au terrorisme contre les Juifs en terre d’Israël pour savoir que le modèle intégratif et démocratique quelque peu naïf lancé en 1948 pour « gérer » la minorité arabe de l’Etat hébreu a bel et bien fait faillite. D’autant que les Arabes restés en Israël après 1948 avaient eux aussi refusé ouvertement le fameux « Plan de partage de la Palestine » proposé par l’ONU en novembre 1947 et adulé par les Juifs… 


Au fur et à mesure que la « cause palestinienne » embrasait la région en devenant un un conflit interminable et internationalement médiatisé, de surcroît géré sur la scène mondiale de manière asymétrique au travers du prisme de la compassion pro-arabe maladive de l’Occident, le phénomène a priori « naturel » de double allégeance des Arabes israéliens n’a fait que s’accélérer : ils se sont donc retrouvés de moins en moins Israéliens et de plus en plus Palestiniens… Ce qui augure du pire pour l’avenir, le « problème palestinien » aux limites territoriales de l’Etat hébreu apparaissant soudain presque secondaire par rapport à la véritable « bombe à retardement » que constitue la dynamique grandissante de sécession du million d’Arabes disposant toujours de la carte d’identité « bleue et blanche » israélienne !  


Or à la veille du projet de création d’un Etat palestinien entre le Jourdain et la Méditerannée – une « vision » américano-européenne unanimement soutenu par la droite et la gauche israéliennes qui fonderait le 22ième Etat arabe de la « grande région » -, ce phénomène a tendance à transformer une partie importante du secteur arabe du pays en « 5ième colonne » agissant aussi bien dans la rue, à la Knesset et qu’aux côtés du Hezbollah et du Hamas dans l’intérêt bien compris des pires ennemis islamiques d’Israël.


3/ Une réussite économique sans pareil, mais loin de profiter à tous !

La très forte croissance démographique d’Israël - l’un des seuls pays ayant pu multiplier sa population par plus de dix en 60 ans puisqu’elle est passée de 600 000 âmes en 1948 à plus de 7 millions aujourd’hui - s’est sans conteste doublée d’une étonnante réussite économique 


Ainsi, alors qu’en dollars « valeur 2008 », le PNB israélien atteignait en 1948 à peine 1,5 milliard, il est aujourd’hui de 180 milliards de $. Hormis les monarchies pétrolières arabes et les les « dragons asiatiques » (tels Singapour ou le Japon), aucun autre jeune Etat créé après le second conflit mondial n’a connu une telle croissance. 

Après son décollage des trois premières décennies rendu possible par le développement d'équipements et de « grands travaux » en partie financés par les réparations allemandes, les aides de la diaspora et l’assistance américaine, l’économie israélienne s’est engagée dès les début des années 80 dans un processus d’industrialisation à haute valeur ajoutée lié de près aux flux des grands marchés mondiaux : high-tech, biotech, industries médicales et pharmaceutiques, armement (Israël est devenu le 4ième exportateur mondial), avionique et technologies de l’espace. 


Outre la présence démultipliée en Israël de filiales fort actives de sociétés internationales de pointe comme AOL, Cisco, Google, IBM, Intel, Motorola ou Microsoft, deux chiffres disent presque tout de ce succès : Israël a le plus fort taux de chercheurs scientifiques par habitant au monde (130 pour 10 000 habitants, contre 80 aux USA, 75 au Japon et 45 en France), pendant que les investissements étrangers directs qui étaient de 537 millions de $ en 1992 sont passés à 18 milliards de $  en 2006 soit à peine14 ans plus tard !


Or même si 70 % des ses habitants achèvent des études secondaires et que 35 % suivent des études supérieures (20 % atteignant le 2ième cycle universitaire), cette croissance qui a fait émerger une nouvelle classe moyenne « high et boursicotante » aux revenus assez élevés a aussi créé un secteur de « laissés-pour-compte » qui n’a fait qu’enfler ces dernières années : un Israélien sur 4 - soit en tout 1,6 millions de personnes - vit aujourd’hui sous le « seuil de pauvreté », pendant qu’un enfant sur 3 ne mange pas à sa faim, soit en tout 840 000 mineurs et 35,8 % de cette partie du pays - 4 fois plus qu’en 1980 - et  une hausse de 20 % depuis 2002 ! 


Ce n’est pas tout : 14 % des Israéliens de 20 ans et plus - soit 550 000 personnes - ne peuvent acheter assez de nourriture par manque de budget et 22 % des ménages souffrent « d’insécurité nutritionnelle », dont 8 %, à un niveau très sévère faisant que parents et enfants ne mangent parfois une journée entière… Circonstance aggravante : 45 % des Israéliens démunis étaient actifs en 2007.   


Mal combattue par un système scolaire inadapté et de plus en plus en crise, l’inégalité des chances ainsi qu’une insupportable mauvaise répartition des richesses font que la forte croissance (5,7 % en 2007 !) profite surtout aux plus riches des Israéliens : 10 % des habitants perçoivent ainsi 30 % du revenu national, alors que 10 % des plus pauvres se partagent 2 % de ce revenu. Et ce, pendant que les membres des 18 « grandes familles » de l’élite oligarchique du pays concentrent dans leurs mains dorées 60 % de l’activité économique nationale, l’échelle des revenus s’étalant dans ce pays de 1 à 35 – l’un des plus fort taux parmi les pays développés !

De dures réalités qui contredisent de plein fouet le message biblique toujours aussi actuel des prophètes d’Israël – « Tsedek, tsedek, tirdof ! [la Justice sociale ‘juste’, tu auras pour but !] », répétaient-ils à la face de tous les pouvoirs politiques, sociaux et religieux -qui affirmaient sans désemparer que la sécurité physique du peuple d’Israël, au cœur de ses villes comme à ses frontières, se jouait aussi dans cette nécessaire recherche d’une meilleure et incontournable répartition des richesses nationales… RICHARD DARMON


                                                       Texte aimablement communiqué à INFO’SION par l’auteur 

                                                   Pour diffuser , prière de mentionner toutes les sources .Merci



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