La presse israélienne a continué de rendre compte de la visite en Israël du ministre français des Affaires étrangères, M. Michel Barnier. Celui-ci s’est entretenu lundi avec les dirigeants politiques israéliens à Jérusalem.
LeHaaretz rapporte que ces rencontres se sont déroulées dans un climat amical, qui n’a toutefois pas caché les divergences de vue entre la France et Israël concernant le processus politique. « Je ne vous dis pas quoi faire, mais il est impossible d’avancer sans Arafat », a dit Michel Barnier lors de son entretien avec le Premier ministre israélien Ariel Sharon, après avoir rendu visite en juin dernier au président de l’Autorité palestinienne Yasser Arafat, à Ramallah. Le chef du gouvernement israélien lui a répondu que le raïs restera confiné puisqu’il « incite au terrorisme ». « Les tentatives européennes de courtiser Arafat sont nuisibles », a t-il déclaré.
M.Barnier a par ailleurs indiqué que l’Europe souhaitait jouer un rôle plus actif dans le processus politique. Nous souhaitons constituer une force politique œuvrant dans le monde pour garantir la stabilité et l’équilibre », a-t-il souligné. Il a rappelé que la stabilité de la région était un intérêt européen. « L’Europe », a-t-il dit, « ne se cantonnera pas dans un rôle limité de médiateur entre Israéliens et Palestiniens ».
A l’issue de sa rencontre avec son homologue israélien, M. Barnier a apporté son soutien au plan de désengagement qu’il a qualifié de « première étape courageuse de la Feuille de route ».
Le chef de la diplomatie française s’est également entretenu avec le président de l’Etat Moshé Katzav, poursuit le quotidien libéral de gauche. M. Katzav a critiqué Yasser Arafat et déploré l’absence d’un interlocuteur palestinien crédible pour la reprise des pourparlers. M. Barnier a confié qu’il avait fermement exigé d’Arafat l’arrêt du terrorisme tout en ajoutant que « la limitation de sa liberté de mouvement et son confinement à la Mouqata lui servaient de prétexte pour ne pas respecter ses engagements ».
Les deux hommes ont également évoqué la course aux armements nucléaires de l’Iran. Le ministre français a exposé les efforts déployés par la France pour déjouer le projet iranien, ainsi que l’approche de l’Europe pour résoudre le problème : proposer à Téhéran des avantages économiques et une collaboration industrielle, sans aller jusqu’à l’affrontement.
"Les relations franco-israéliennes sont menacées par un refus de divorce", titre le Yediot Aharonot, qui rapporte le cas d’un citoyen juif français, auquel les autorités israéliennes ont interdit de quitter le sol israélien parce qu’il refuse d’accorder le divorce à son épouse juive. Selon le journal, cela risque de provoquer une crise diplomatique entre Israël et la France.
En avril dernier, un tribunal rabbinique israélien a émis une ordonnance interdisant à Michel Sebagh, de Monaco, de quitter le sol israélien, parce qu’il refuse depuis 7 ans d’accorder le divorce à son épouse. Cette ordonnance restera en vigueur aussi longtemps qu’il n’aura pas accordé le divorce à celle-ci, citoyenne française.
Les gens du ministère des Affaires étrangères ont été stupéfaits d’entendre le ministre français M. Michel Barnier, en visite en Israël, expliquer à son homologue S. Shalom que si Israël ne laisse pas partir M. Sebagh, cela nuira aux relations diplomatiques entre les deux pays.
S. Shalom a dit à son hôte que selon la loi israélienne, le tribunal rabbinique a le pouvoir de retarder le départ d’un Juif, même quand il n’est pas ressortissant israélien. Sylvan Shalom a promis d’examiner la question avec le Parquet général.
Lors de sa visite en Israël, le ministre français a demandé qu’Israël permette à son pays et à l’Union Européenne d’être plus impliqués dans le processus de négociation. « Ne vous y trompez pas. Les temps sont révolus où l’Union européenne se limitait à distribuer des chèques. Nous voulons être un des acteurs principaux dans ce qui arrive au Moyen-Orient. », a déclaré Barnier. S’agissant de l’éventualité de sanctions économiques contre Israël, Barnier a souligné que « cela est hors de question ».
Le Maariv met l’accent sur le fait que le ministre français des affaires étrangères, Michel Barnier, a déclaré hier : « Nous ne sommes pas là seulement pour envoyer des chèques ». M. Banier a rencontré son homologue Sylvan Shalom, ainsi que le président de l’Etat, Moshé Katzav. M. Barnier n’a pas caché les divergences qui opposent la France à Israël en critiquant la politique de l’Etat hébreu.
« Nous ne sommes pas seulement un supermarché qui peut envoyer des chèques ici ou là », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse conjointe avec M.Shalom. « Je suis venu en ami, mais un ami qui a des exigences. L’Union européenne souhaite jouer un rôle dans le processus, et présentera prochainement un plan concret pour promouvoir sa vision de paix. Vous avez besoin d’être accompagnés par l’Europe pour garantir la paix », a déclaré M.Barnier. Il a en outre qualifié de « courageux » le plan de désengagement d’Ariel Sharon, tout en soulignant qu’il devait constituer la première étape de la mise en œuvre de la Feuille de route.
Le chef de la diplomatie française a par ailleurs affirmé que l’Europe n’envisageait pas d’imposer des sanctions économiques ou politiques à Israël en raison de sa politique dans les Territoires.