« La Syrie responsable », titrait ce matin le quotidien à grand tirage Yédiot Aharonoth au lendemain de la remise du rapport du procureur Detlev Mehlis sur l’assassinat de l’ex-Premier ministre libanais, Rafic Hariri, et de l’assassinat à Beyrouth de Gébrane Tuéni, le directeur du journal libanais anti-syrien, « A-Nahar ».
Selon le journal, qui publie de larges extraits des conclusions de l’enquête, l’ex chef du gouvernement libanais aurait été assassiné pour avoir rompu « l’accord de Damas », un « accord secret régissant la nature des relations entre la Syrie et le Liban ».
« Si le rapport des Nations unies renforce le soupçon selon lequel la Syrie est responsable de l’assassinat de l’ancien Premier ministre libanais, il n’apporte pour l’heure aucune preuve accablante qui puisse permettre d’imposer des sanctions à Damas », écrit le Yédiot.
Le Maariv annonce de son côté que le niveau d’alerte de l’armée israélienne a été élevé à la frontière nord par crainte d’une escalade. En effet, souligne le journal, « suite à la publication du rapport de l’ONU, les milieux de la Défense redoutent une reprise des hostilités à la frontière nord. Selon Tsahal, le Hezbollah pourrait procéder à des tirs et chercher à kidnapper des soldats israéliens.
Le journaliste vedette du Yédiot révèle de son côté la position israélienne au sujet d’un éventuel changement de pouvoir à Damas. Selon Shimon Shiffer, « Israël n’encouragera pas les décideurs américains et européens à destituer le président syrien, Bashar Assad. »
« Le Premier ministre israélien Ariel Sharon a convoqué à ce sujet plusieurs consultations en présence des ministres des AE et de la Défense, ainsi que des chefs des services de renseignements israéliens. La position israélienne a été présentée aux Américains par le ministre Tzahi Hanegbi il y a plusieurs semaines au cours du voyage à Washington de la délégation israélienne pour le dialogue stratégique avec les hauts fonctionnaires de l’Administration Bush », est-il noté.
Selon le journal, Israël estime que la destitution du président syrien pourrait bouleverser l’ordre de la région et faire émerger au pouvoir un régime islamique radical qui entraînerait un embrasement à la frontière israélo-syrienne, alors que celle-ci est relativement calme depuis la guerre de Kippour.
Lors des consultations israéliennes, l’un des participants a estimé qu’Israël devrait continuer à exiger de la communauté internationale qu’elle exerce des pressions sur le régime syrien pour la fermeture des bureaux des organisations terroristes palestiniennes à Damas et pour faire cesser le flux d’armes de l’Iran vers le Hezbollah.
« Nous devons faire en sorte qu’Assad soir constamment sous pression, mais en aucun cas nous ne devons soutenir ceux qui à Washington exigent la destitution du président syrien », a déclaré le responsable israélien.