Cette semaine, nous souhaiterions attirer l’attention de nos lecteurs sur l’urgente question du danger iranien. Mercredi 25 février, Téhéran a inauguré la première centrale nucléaire, à Bouchehr, en présence de Sergueï Kirienko, le chef de l’agence fédérale russe de l’énergie atomique. Grâce à la coopération de la Russie, les projets iraniens en matière de prolifération nucléaire ont été réalisés.
L’ouverture de la politique étrangère américaine et l’invitation au dialogue lancée par le Président Obama contribuent également à « dédiaboliser  » ou à disculper l’Iran, à banaliser le danger nucléaire, et à rendre moins percutants des messages alarmistes lancés par Jérusalem.
Les Israéliens le martèlent pourtant comme un slogan : la fabrication de la bombe nucléaire iranienne est prévue pour 2010.
Dimanche 22 février, l’Agence Internationale pour l’Energie Atomique a publié un rapport d’expertise qui rend compte d’une augmentation significative de la quantité d’uranium enrichi. L’Iran en dispose d’une tonne. De quoi fabriquer un
e bombe dévastatrice. En outre, Téhéran prévoit la construction de 50 000 centrifugeuses destinées à l’enrichissement de l’uranium, dans les cinq prochaines années.
La poursuite du programme nucléaire aura suscité un nouveau projet de sanctions proposé par la France, l’Allemagne et la Grande Bretagne, à l’encontre de 34 entreprises iraniennes et dix particuliers, soupçonnés de contribuer au programme nucléaire. Nicolas Sarkozy tient parole, mais les nouvelles menaces de sanctions ne sont pas suffisantes.
Jeudi 26 février, Ehoud Barak déclarait que pour être efficaces, les sanctions contre l’Iran doivent être soutenues par les Russes, voire les Chinois et les Indiens… D’autres considèrent que seule une pression américaine efficace pourrait empêcher une catastrophe.
Pour des raisons bien différentes, ni les Américains ni les Russes n’ont intérêt à se montrer sévères avec Téhéran. Barack Obama se doit d’aller au bout de son idée. Malgré la critique par Téhéran de la récente nomination de Dennis Ross au poste de conseiller aux affaires du Golfe persique, considéré comme étant « sous l’influence d’Israë l  », l’Iran n’a pas manqué de solliciter la Turquie pour qu’elle joue un rôle dans la reprise du dialogue avec l’Amérique.
Quant aux relations avec la Russie, elles dépassent le simple accord de coopération militaire. Les relations diplomatiques établies par l’Iran avec Moscou sont les plus solides et les plus abouties depuis la Révolution islamique de 1979. L’Iran et la Russie veillent à contenir les activités des islamistes sunnites et l’influence politique des Etats-Unis en Asie centrale.
Pourtant, le danger iranien n’est pas seulement nucléaire et potentiellement, l’Iran ne pose pas problème qu’aux Israéliens.
Rappelons-le, les Iraniens sont les premières victimes du régime des Mollah. Le rapport annuel sur les Droits de l’Homme publié cette semaine par le Département d’Etat américain fait état d’une aggravation des violations des Droits de l’Homme dans cinq pays, dont l’Iran. Dimanche 22 février, 16 personnes ont été exécutées par pendaison à Téhéran.
L’Iran continue de jouer son rôle de provocateur. En visite au Kenya pour négocier l’ouverture d’une ligne aérienne Téhéran-Nairobi, le Président iranien Mahmoud Ahmadinejad a déclaré devant des milliers de musulmans rassemblés à Mombassa que « les nations africaines devraient résister à l’exploitation de leurs ressources naturelles par les Occidentaux  »â€¦
L’Iran poursuit aussi la contrebande d’armes. Malgré l’embargo imposé par l’ONU, des navires iraniens chargés d’armes sont régulièrement arraisonnés en Méditerranée. Mercredi 25 février, Shimon Pérès remerciait les autorités chypriotes d’avoir saisi une cargaison d’armes sur un bateau iranien. Mais combien d’entre eux arrivent chaque semaine à destination ? Combien de missiles ont été livrés ces dernières semaines au Hezbollah libanais ? Les officiers iraniens qui résident à Damas se promènent à Beyrouth ou à Tyr, ou le long de la frontière avec Israë l, jumelles au poing.
Choqués par l’attentat perpétré place al-Hussein, en plein cÅ“ur de leur ville, dimanche 22 février, les habitants du Caire imputent le crime « au Hamas et aux Iraniens  » ; une touriste française de 17 ans est morte dans l’attentat, et 25 personnes ont été blessées.
En déclarant que le Bahreïn était sous souveraineté iranienne, le conseiller de l’Ayatollah Khamenei a lancé une nouvelle et mauvaise provocation.
Les liaisons dangereuses, diplomatiques ou stratégiques, que maintiennent certaines grandes puissances avec l’Iran n’ont pas pour vocation d’établir une paix durable dans la région. Elles risquent au contraire de laisser la guerre s’installer.
Ce soir, nous pensons à Guilad Shalit, otage du Hamas depuis 977 jours.