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Hamas : la « petite musique » de la France
Emmanuel - Politique arabe de la France
Article mis en ligne le 23 décembre 2005

(Le texte sur le site « Politique arabe de la France »)
Innombrables sont les acteurs de la scène proche-orientale qui se trouvent extrêmement préoccupés de la montée du Hamas et de sa possible victoire aux élections législatives palestiniennes de fin janvier.

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Le Hamas vient en effet de remporter haut la main des élections municipales partielles en Cisjordanie et est crédité de 40% d'opinions de vote dans les sondages. Pas besoin d'être un agent de la CIA ou de la DGSE pour voir le risque de victoire du mouvement islamiste, considéré comme "terroriste" par les États-Unis et l'Union Européenne, et l'embrasement probable qui s'ensuivrait.


Israël évidemment est très inquiet de se retrouver avec une direction palestinienne vouée ouvertement à sa destruction. Rappelons a le soutien logistique et financier de l'Iran et émane "spirituellement" et idéologiquement des Frères musulmans égyptiens, deux entités dont les chefs, à quelques jours d'intervalle, ont qualifié Israël de "cancer" et l'Holocause de "mythe".

La direction actuelle de l'Autorité palestinienne n'a bien sûr pas envie de perdre le pouvoir et voudrait annuler ou reporter les élections.

Il est très probable (hypothèse envisagée par la presse israélienne) que l'annonce par Israël de son refus d'autoriser les élections palestiniennes à Jérusalem-Est ait été faite dans le but d'offrir un prétexte à l'Autorité palestinienne pour reporter les élections.

Au-delà d'Israël et de l'Autorité palestinienne, l'Égypte, les États-Unis et l'Union Européenne se sont aussi mobilisés.

-Le chef des services de renseignements égyptiens Omar Suleiman s'est rendu dans les territoires palestiniens, mais aussi à Tel-Aviv pour tenter de convaincre le Hamas d'accepter un report des élections.
-La Chambre des Représentants a pris la décision de conditionner l'aide financière des Etats-Unis destinée à l'Autorité palestinienne à la non participation du Hamas aux élections législatives.
-L'Europe enfin avec les propos de Javier Solana en conférence de presse à Tel-Aviv selon lequel l'UE risquerait de couper ses aides à l'Autorité palestinienne si le Hamas remportait les élections.

Et la France dans tout ça? La France marque, discrètement, sa différence.

D'abord, il faut absolument noter que les propos de Solana sont passés absolument inaperçus dans la "grande" presse française comme s'ils étaient nuls et non avenus. Contrairement
à Libé, au Monde ou au Figaro, des quotidiens comme le Soir, le Temps, l'Orient-le-Jour et le Devoir ont bien évidemment repris et commenté les déclarations du chef de la diplomatie de l'UE.

C'est que la diplomatie française a très clairement, mais aussi très discrètement, pris ses distances avec la position de Solana. Voyez plutôt les déclarations du porte-parole du Quai d'Orsay de mardi, mercredi et jeudi.

-Mardi, Solana était diplomatiquement rabroué et la position "européenne" était rappelée, pour préciser que le Haut Représentant s'en était écartée. On voit que la question d'une victoire du Hamas est abordée avec beaucoup de légèreté à Paris ("C'est une question qui se posera le moment venu.").
(Confirmez-vous ce qu'a déclaré M. Solana, que si jamais le mouvement Hamas gagne les élections, l'Union européenne arrêtera les aides financières aux Palestiniens. Avez-vous des commentaires ?)

Sur cette déclaration spécifique de M. Solana, je n'ai pas de commentaire. Nous pensons qu'il est important que le processus électoral qui a été engagé dans les Territoires palestiniens puisse se dérouler normalement. C'est pourquoi l'Union européenne apporte à la préparation de cette échéance toute l'aide nécessaire, à la fois une aide financière et une aide à travers l'envoi d'observateurs.

Nous considérons également qu'il est important que ce scrutin puisse être organisé dans l'ensemble des circonscriptions palestiniennes, y compris à Jérusalem-Est, et que tous les candidats puissent se présenter.

S'agissant de la participation du Hamas à ces élections, comme nous avons eu l'occasion de le dire, c'est aux Palestiniens de décider. Nous ne pouvons qu'encourager l'ensemble des acteurs de la vie politique palestinienne à tout mettre en oeuvre pour pérenniser la trêve, et pour sortir de la logique de la violence.

Comme vous le savez, le Hamas demeure par ailleurs inscrit sur la liste des organisations terroristes de l'Union européenne, tant qu'il n'aura pas renoncé à la violence et reconnu l'Etat d'Israël. Pour notre part, nous suivons avec intérêt ce qui se passe et cette évolution du Hamas sur le plan politique.

(Si le Hamas gagne, qu'allons-nous faire ?)

C'est une question qui se posera le moment venu. Laissons les élections se dérouler, on verra quel sera le résultat des élections. Ensuite se posera la question éventuelle de contacts techniques avec les élus du Hamas. C'est une question qu'on avait déjà évoquée, c'est un point sur lequel les Européens devront sans doute réfléchir.

(Le contenu de la déclaration de M. Solana s'apparente un peu à des sanctions qui pénaliseront la population palestinienne déjà extrêmement éprouvée. Soutenez-vous ce genre de disposition ?)

Je me suis abstenu de commenter la déclaration de M. Solana, volontairement. Je vous ai rappelé notre position et celle de l'Union européenne sur cette question.
- Mercredi, histoire d'enfoncer le clou quant à l'intangibilité de l'aide aux Palestiniens, Paris annonçait une nouvelle contribution. Il s'agit de quelques petits millions : ce qui compte manifestement, c'est de faire passer un message.

Le ministère des Affaires étrangères a décidé de doubler en 2005 sa contribution au fonds fiduciaire de la Banque mondiale pour les Territoires palestiniens. Avec cette nouvelle contribution, la participation totale de la France à ce fonds s'élève à 5,5 millions d'euros.

Il s'agit pour la France de renforcer son soutien à l'Autorité palestinienne au moment où celle-ci est confrontée, dans un contexte politique instable, à des difficultés financières majeures.

Dans le contexte du retrait de Gaza et du processus électoral en cours dans les Territoires palestiniens, la communauté internationale doit plus que jamais être aux côtés de l'Autorité palestinienne, pour l'aider à faire face aux considérables défis qu'elle doit relever.

Nous rappelons que le versement des sommes de ce Fonds à l'Autorité palestinienne est assorti de fortes conditionnalités en matière de réforme. Nous encourageons l'Autorité palestinienne à tout mettre en oeuvre pour respecter les conditions qu'elle a elle-même agréées et qui sont seules de nature à rendre efficace l'aide internationale.

- Jeudi enfin, le Quai en rajoute une couche sur Jérusalem-Est :

A moins d'un mois de la tenue des élections législatives palestiniennes, la France réitère son appel à ce que ces élections se déroulent normalement.

Il est indispensable qu'une coopération se mette en place rapidement entre les Israéliens et les Palestiniens pour assurer le bon déroulement du scrutin sur le terrain.

Comme le Conseil européen l'a souligné, cette coopération doit en particulier permettre la participation au vote des résidents de Jérusalem-Est.

Que veut la France? D'abord chasser cette impression désagréable d'une Europe alignée sur les Israéliens et les Américains dans leur lutte contre le Hamas. Mais surtout Paris ne détesterait pas voir le Hamas prendre le pouvoir ou une partie du pouvoir à Ramallah : l'Autorité palestinienne dirigée par le Fatah est perçue comme trop faible (en plus d'être corrompue) face à Israël et on pense à Paris que le Hamas viendra rétablir un certain équilibre des forces et que, suite à des "discussions" et des "négociations" plus équilibrées désormais, il pourra obtenir plus pour les Palestiniens que le Fatah, s'en contentera et finira par renoncer à ses armes et à son projet politique (détruire Israël et instaurer la chariah sur toute la Palestine "libérée").

Cette position française est loin de faire l'unanimité parmi les autres pays européens et il va être très intéressant de suivre les prochains épisodes quant à la politique européenne face au Hamas.


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