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Valls
Richard Prasquier
Article mis en ligne le 30 septembre 2013

Cela devait arriver : on pouvait prévoir que la bien pensance allait lancer sur Manuel Valls un anathème après ses propos sur les Roms. Si Cécile Duflot a fait très fort avec son commentaire « au-delà de ce qui met en danger le pacte républicain », c’est néanmoins Daniel Cohn Bendit qui remporte la palme en lançant l’arme fatale : la « reductio ad hitlerum » : “Il y a des gens qui, il y a une soixantaine d’années, parlaient de la même façon des Roms et des juifs”.

Daniel Cohn Bendit se trompe et trompe donc ses auditeurs ; d’abord il ne compte pas bien. Il y a soixante ans, la guerre était finie. Depuis deux ans déjà, dès 1951, le philosophe politique (juif) Leo Strauss avait signalé que l’allusion à Hitler pouvait servir à attaquer un adversaire en délégitimant ses propos sans se donner la peine de les argumenter. Une variante qui n’a pas reçu alors de nom de baptême académique consistait, plus banalement d’ailleurs, à traiter de fasciste un adversaire politique. Effet de sidération garanti. Aujourd’hui ce degré zéro de l’analyse est d’usage pour attaquer Israël et le sionisme, avec la même imbécillité d’amalgame, et la même efficacité de propagande.

Qu’un homme politique aussi averti du nazisme que Daniel Cohn Bendit susurre une comparaison de caniveau est doublement insupportable, car son histoire familiale de « Juif allemand » lui décerne un brevet de crédibilité. Quant à Manuel Valls, sa vie tout entière réfute une accusation aussi diffamatoire. Je l’ai accompagné récemment à Auschwitz. J’ai rencontré peu d’hommes politiques mieux informés de l’histoire et plus soucieux des leçons qu’il faut en tirer, à tous les niveaux et envers toutes les victimes.

J’oubliais. Quelqu’un a récemment écrit, et je trouve cette phrase ignoble, que je ne m’intéressais qu’aux Juifs. Je lui propose de poser la question, entre autres, aux représentants des Tziganes de France (les gens du voyage) avec lesquels nous avions établi au CRIF de régulières et solides relations d’amitié. La République se doit de supprimer enfin toutes les vieilles discriminations à leur encontre. Mais il ne faut pas faire d’amalgame entre leur situation et l’arrivée en France des Roms de Roumanie, au sujet desquels l’angélisme incantatoire assure un catastrophique boulevard à la victoire de l’extrême-droite dans notre pays. Il y a des discours dont il faut enfin assumer les conséquences.



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