Les changements intervenus à la tête du grand quotidien du soir, et surtout, le départ d’un certain responsable éditorial, ont manifestement eu une influence sur le recadrage de la ligne éditoriale du journal. La preuve en est, par exemple, la tonalité sympathique de l’éditorial, paru dans le numéro daté du 14 mai : « Israël, 60 ans, et après », relevé sur ce site et par la Newsletter quotidienne du CRIF.
Et, cependant, on ne peut que déplorer le manque dobjectivité, voire le parti pris systématique de certains de ses journalistes, correspondant ou ancien correspondant en Israël.
Nous avons déjà eu loccasion de relever, à différentes reprises, la partialité des articles de lactuel correspondant, Michel Bôle-Richard, et nous croyons devoir mentionner, aujourdhui, la présentation dune citation de lactuel premier ministre palestinien, Salam Fayyad, telle quelle apparaît dans larticle sur « Le maigre bilan de laction de Tony Blair au Proche-Orient », paru dans le numéro daté du 15 mai.
Ce responsable palestinien se serait indigné, selon le journaliste du Monde quIsraël puisse célébrer ses 60 ans dexistence alors que « le peuple palestinien gémit sous le joug de <ses> implantations, des crimes de <ses > colons, de létat de siège et des pratiques doccupation de <son> armée ».
Et comment croyez-vous que Michel Bôle-Richard présente Salam Fayyad » ?
Cest « un économiste plutôt réservé ».
On ne voit pourtant guère de différence avec les vues de responsables du Hamas.
Mais, ce qui nous a, surtout, choqué ce sont des affirmations que Gilles Paris, qui fut plusieurs années – et jusquen 2006 – correspondant du journal en Israël et ne fit pas, il est vrai preuve, à lépoque, de limpartialité qui sied à un journal dinformation, a cru devoir introduire dans un article, paru également dans le numéro daté du 15 mai : « Liban : limpossible endiguement chiite ».
Nous passerons sur la tonalité empreinte dun antiaméricanisme primaire qui se dégage de larticle, puisque le journaliste, aujourdhui affecté au service international du journal, croit devoir évoquer, également, le « fiasco dune politique de la canonnière » en Irak.
Nous relèverons également, - « ligne éditoriale » anti-sarkozyste du journal oblige -le sous-titre « atlantisme ostensible » pour critiquer certaines initiatives françaises dans la région, que refléterait « la normalisation avec les Etats-Unis ».
Et nous retiendrons essentiellement le passage, dans lequel Gilles Paris évoque « la relance par les Etats-Unis dun processus politique israélo-palestinien, en novembre 2007 . ». Pour ce journaliste, ni la conférence dAnnapolis, ni la conférence des donateurs, réunie à Paris, le mois suivant, « nont permis de débloquer (la) situation ».
Jusque là, nous dirons que le journaliste français a – malheureusement – raison.
Toutefois, là où Gilles Paris « fait la chanson et la chante » cest lorsquil considère à propos de cette situation « que les autorités militaires et politiques israéliennes (la) jugent pour linstant sous contrôle et, donc préférable, compte tenu de létat de lAutorité palestinienne et de son chef, Mahmoud Abbas, à toute initiative diplomatique qui remettrait en cause le statu quo ».
Autrement dit, cest encore et toujours la faute dIsraël, qui, pourtant à notre connaissance, ne se satisfait pas du statu quo. Celui-ci est précisément dû à lattitude dattentisme de lAutorité (sic) palestinienne, dont les déclarations de son chef de gouvernement, que nous avons relevées au début de cet article, ne témoignent guère dune volonté de rechercher la paix.
Dailleurs, même si ce sont les actions terroristes initiées à partir de la Bande de Gaza, sous mainmise du Hamas, qui retiennent – hélas – lattention, il ne faut pas oublier que le laxisme des autorités palestiniennes oblige les Israéliens à intervenir, en permanence, à titre préventif, en Cisjordanie.
Et, oubliant totalement le développement des actions terroristes menaçant la sécurité dIsraël et la vie de ses citoyens, Gilles Paris en vient à stigmatiser de façon plus nette ce quil présente comme un « cruel accéléré du dérapage du processus dOslo entre 1993 et 2000 » ( ?), à savoir « le décalage entre les discours, optimistes jusquau déraisonnable comme la promesse ou le souhait, suivant les formules, dun Etat palestinien dici à la fin de lannée 2008, et les blocus qui valent aux Palestiniens une misère et une désespérance sans précédent dans une histoire pourtant riche en heures sombres » (souligné par nous).
Bien évidemment, il ny a pas « faute de la victime », à savoir, après le double langage, voire le double de jeu dArafat, après Oslo, le manque de volonté de son successeur déradiquer la violence anti-israélienne.
Non, est en cause « lincapacité des puissances mondiales à imposer aux autorités israéliennes une révision de leurs paradigmes, qui leur serait pourtant in fine profitable » ( ?).
Mais ce qui nous a surtout choqué cest laffirmation selon laquelle « il » (sans doute le dérapage du processus dOslo) « accrédite aussi la thèse du double langage, de la tromperie et du cynisme de la part de ceux qui prétendent inscrire leur action dans la clarté et les principes du droit ».
Nous sommes bien loin du titre de larticle consacré au Liban, tant un parti-pris anti-israélien anime lancien correspondant du Monde, dans ce pays.
Et cela même si, comme la relevé la Newsletter du CRIF, ce même Gilles Paris, a, sur le site Internet du journal donné loccasion à Alain Dieckoff de présenter louvrage collectif sur « LEtat dIsraël », quil a dirigé et, récemment, . publié aux éditions Fayard,