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Quand Le Monde privilégie « son » opinion à l’information
Par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 28 juillet 2009

Il est certes, parfois, difficile pour un journaliste de faire la part de « son » opinion par rapport à l’information qu’attendent, en premier lieu, ses lecteurs.
Mais, pour le correspondant du journal Le Monde, Benjamin Barthe, qui n’a sans doute pas retenu la leçon d’Albert Londres, dont il a été il y a quelques années considéré – à tort, à notre avis – comme le disciple, c’est « son » opinion qui l’emporte, au risque de déformer l’information.

Nous en voulons pour preuve l’article intitulé « Pas de clémence israélienne pour le jeune Salah Hamouri », publié dans le numéro daté du 28 juillet.

Pour notre part, nous avons, déjà, à différentes reprises évoqué, ici même, le cas de ce jeune apprenti terroriste franco-palestinien, que d’aucuns ont voulu, abusivement, comparer au soldat franco-israélien Guilad Shalit.

Pour une fois, Benjamin Barthe ne cherche même pas à se « réfugier » derrière des opinions recueillies à « bon escient ».

C’est lui-même, sans doute, en tant que spécialiste des questions de sécurité concernant Israël, qui, cette fois, n’hésite pas à considérer que l’intéressé a été condamné à sept ans de prison « pour son implication supposée dans un improbable complot » (souligné par nous).

Car, bien évidemment, le rabbin Ovadia Yossef, chef spirituel du parti Shass, étant toujours en vie, il est tout à fait arbitraire de penser qu’à un moment donné un complot visant à l’assassiner ait pu être envisagé.

Qu’il y a quelques années un ministre israélien ait bel et bien été assassiné n’entre évidemment pas en ligne de compte…..

On aurait dû attendre que l’irréparable soit commis, avant de chercher à punir les protagonistes d’un nouveau crime de ce type.

Le fait que Hamouri ait plaidé coupable – même si ce n’était que pour éviter une peine largement supérieure – n’est bien sûr pas pris en considération, alors qu’il eut été beaucoup plus facile pour ses « défenseurs » de crier à l’erreur judiciaire, s’il était innocent.

Le journaliste peut, à son aise, affirmer que « le dossier ne repose sur aucune preuve : ni armes, ni plan, ni début d’exécution  » (souligné par nous).

Ah ! si seulement Ovadia Yossef avait au moins été blessé…….

Donc notre Sherlock Holmès rappelle, simplement, que le tribunal israélien « a juste établi que Salah Hamouri était passé en voiture devant le domicile du rabbin » et que cet élément « ajouté à une accusation d’appartenance au Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), un petit parti de gauche , ont suffi à le faire condamner » (souligné par nous).

Benjamin Barthe omet, sciemment, de rappeler que le FPLP n’est pas seulement un « petit parti de gauche » (sic), mais aussi un groupe terroriste auquel ont été imputés, dans le passé, plusieurs plans d’actions terroristes, qui, eux, ont malheureusement abouti.

Mais, évoquant le fait que le comité de révision israélien a refusé à l’intéressé une libération anticipée, alors qu’une loi de 2001 autorise les détenus ayant purgé les deux tiers de leur peine à en faire la demande (Hamouri est emprisonné depuis 2005), Benjamin Barthe n’hésite pas à comparer crime de droit commun et acte de terrorisme.

Et il relève, ainsi, qu’à l’inverse, « des détenus juifs, fussent-ils meurtriers », qui bénéficient eux de remises de peine, les « prisonniers » (sic) palestiniens n’en obtiennent quasiment jamais.

Certes, le journaliste français cite bien le motif avancé par le comité de révision, à savoir qu’Hamouri est jugé « trop dangereux » pour être libéré, mais il s’abstient de rappeler à ses lecteurs qu’il y a quelques mois rapportant le témoignage de la mère (française) de l’intéressé, il nous apprenait, qu’en prison, l’intéressé avait sympathisé avec Marwan Barghouti, terroriste chevronné, dont il partageait, apparemment, les options idéologiques.

Or cette précision aurait permis de mieux comprendre la prudence dont le comité de révision a fait preuve.

Car, dans un passé récent, à différentes reprises, malheureusement, des terroristes palestiniens, libérés des prisons israéliennes, avant l’expiration de leur peine, dans le cadre d’ « échanges » avec la partie palestinienne se sont empressés de rejoindre à nouveau les mouvements terroristes.

Pour notre part, nous considérons qu’en l’espèce ce comité a, sans doute voulu, également mettre l’accent sur le caractère d’exemplarité de la peine.

Sept ans de prison peuvent faire réfléchir ceux qui pourraient être tentés de se joindre à la mise au point d’actions terroristes, c’est à dire des actes visant à répandre la terreur dans le camp opposé.

Quant aux démarches entreprises par les autorités françaises (la mère d’Hamouri a été reçue par un collaborateur du président de la République, qui aurait également écrit au premier ministre israélien) – ce que rappelle Benjamin Barthe - elles nous semblent normales, car entrant dans le cadre de la « protection diplomatique » que la France accorde, généralement, à ses ressortissants, en difficultés à l’étranger.

En l’occurrence, les autorités françaises étaient, effectivement, dans leur rôle en demandant qu’Hamouri puisse bénéficier de la loi israélienne de 2001.

Mais cette loi n’a, en l’espèce, rien d’automatique et le fait que le cas d’Hamouri ait été examiné par l’organe compétent en la matière, qui a motivé sa décision de refus, témoigne du respect par les autorités israéliennes des dispositions du droit national, auquel, effectivement, Hamouri pouvait prétendre.

D’une manière générale, il ne faut pas confondre le « droit de demander à bénéficier d’une mesure de faveur » et l’octroi automatique d’une telle mesure.

C’est cette petite nuance qui a dû échapper à Benjamin Barthe, à l’ « insu de son plein gré ».



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