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Offensive diplomatique contre Israël
par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 7 juin 2008
dernière modification le 8 juin 2008

Durant la semaine qui vient de s’écouler, plusieurs événements ont été rendus publics, témoignant d’une entreprise d’isolement d’Israël sur la scène internationale. Tout d’abord, les médias ont rendu compte de deux initiatives du Premier ministre de l’Autorité (sic) palestinienne (AP), Salaam Fayad qui, nous paraissent constituer une véritable agression à l’égard d’Israël.

Il s’agit de deux démarches officielles effectuées par Salaam Fayad en vue de miner les rapports d’Israël avec le reste du monde.

En premier lieu, le Jerusalem Post a signalé que le 27 mai dernier, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) avait reçu, via le bureau de l’AP, à Paris, une lettre datée du 27 avril protestant contre l’offre d’adhésion adressée à Israël.

Il faut savoir que l’OCDE organisation interrégionale regroupe, actuellement, 30 membres, répartis essentiellement en Europe (19 pays de l’Union européenne et 3 autres Etats non membres), mais, également, en Amérique (Etats-Unis, Canada, Mexique), en Asie (Japon et Corée) et Océanie (Australie et Nouvelle Zélande). Autrefois, considérée comme réunissant les principaux pays à économie de marché, par opposition aux pays à économie planifiée, l’OCDE compte, déjà aujourd’hui, d’anciens pays socialistes (membres de l’Union européenne). Et en même temps qu’Israël, la Russie, la Slovénie, l’Estonie, sans parler du Chili, ont reçu une invitation à ouvrir des négociations.

Selon le porte-parole de l’Organisation, qui a fait savoir que la lettre de Salaam Fayad avait été distribuée auprès des Etats membres en vue d’une réponse éventuelle, il apparaît que cette lettre reprocherait à Israël de violer « certaines demandes des Nations Unies et d’autre organes concernant le traitement de la population palestinienne ».

Comme l’a rappelé ce porte-parole, les critères requis pour l’adhésion sont essentiellement économiques, mais la décision d’admission est également fondée sur le partage de valeurs essentielles, parmi lesquelles un « engagement pour une démocratie pluralistes reposant sur la règle de droit ».

Inutile de dire qu’évidemment Israël répond à cette exigence, ce qui doit gêner l’Autorité (sic) palestinienne, qui, pour l’instant, est encore loin de connaître la « règle de droit ».....

Le gouvernement israélien n’a pas manqué de réagir à cette démarche qui, selon lui, « mine la confiance dans le processus de paix ».

Il y a peu de chance que cette démarche suffise à ralentir les négociations avec l’OCDE, négociations, qui, d’habitude, peuvent durer plusieurs années.

Parallèlement, le Premier ministre palestinien a entrepris une démarche auprès de l’Union européenne, au moment où il est question de renforcer les liens politiques et économiques entre celle-ci et Israël.

Comme l’indique, Le Monde , daté des 8 et 9 juin, la question doit être évoquée, le 16 juin prochain, à la fois par le conseil des ministres des affaires étrangères et par le conseil d’association Israël-UE du même jour.

La motivation en est toujours, pratiquement, la même : obtenir « l’arrêt de la colonisation et des autres violations des droits de l’homme en Palestine », selon une dépêche de l’AFP ou, selon Benjamin Barthe, « lauréat » 2008 du prix Albert Londres, rejeter le projet « jusqu’à ce qu’Israël se conforme aux lois internationales et aux droits de l’homme, y compris par le gel de la colonisation ».

Si l’on comprend ce que « colonisation » veut dire, on ne se lassera pas de répéter « quelles lois internationales ? » et quant « aux droits de l’homme » le Fatah pourrait d’abord balayer devant sa porte.

Cette fois, également le gouvernement israélien a protesté contre cette initiative.

Mais, à la différence de l’OCDE, ce genre de démarche peut avoir plus facilement d’impact sur l’Union européenne.

En effet, dans le domaine des relations extérieures de l’Union, le Conseil et la Commission sont, souvent, tenus, pour certains engagements, de recueillir le consentement du Parlement européen.

Or, cette instance élue, par les citoyens des Etats, est plus sensible aux pressions pro-palestiniennes, car l’influence du groupe socialiste et des écologistes y est sensible.

Tout à fait révélatrice à cet égard ont été les déclarations faites, lundi dernier, lors d’une conférence de presse, à Jérusalem, par des membres du Groupe de travail du Parlement sur le Moyen Orient.

Par ailleurs, pas plus tard que vendredi, des pays arabes participant au Forum des pays de la Méditerranée, rassemblant 11 pays des rives Nord et Sud, demandaient des « clarifications » au président de la République française sur la participation d’Israël à l’Union pour la Méditerranée, projet qui tient à cœur à Nicolas Sarkozy et qui devrait voir le jour en juillet prochain.

Le président français qui n’a pas, pour l’instant, l’habitude de pratiquer la langue de bois se serait étonné de cette démarche, alors que le président égyptien avec lequel il avait déjeuné quelques jours auparavant n’avait pas indiqué que la présence d’Israël posait un problème et que cette attitude était partagée par le roi du Maroc et le président tunisien.

Nicolas Sarkozy n’a pas manqué de rappeler qu’ « Israël se trouve géographiquement en Méditerranée ».

Si l’on peut faire confiance sur ce point à la fidélité du président français à ses engagements, il faut, toutefois, signaler que l’ONU a, elle, ou plutôt ses Etats membres, une conception idéologique de la géographie.

C’est ainsi qu’Israël, seul pays de la région à avoir été ainsi « boycotté », a été interdit de participation à la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), depuis la création de cette instance à vocation purement économique, en 1973, sous l’égide des Nations Unies,

Cette dernière initiative du monde arabe tend à confirmer l’idée que nous avons, souvent, émise, ici même selon laquelle le véritable opposant à Israël est le monde arabe, même si, pris individuellement, tel ou tel Etat arabe se défend de toute hostilité à son égard. Mais la solidarité arabe l’emporte sur toute velléité de véritable indépendance, en politique étrangère.

Et il ne nous paraît pas « innocent » que ces initiatives anti-israéliennes, sur la scène internationale, interviennent à un moment où toute tentative de pression sur les Etats Unis est rendue impossible par la campagne présidentielle, au cours de laquelle, chacun des deux candidats s’est jusqu’à présent déclaré proche d’Israël et n’aurait rien à gagner à se « parjurer »....

Mais de là à penser que l’Europe peut remplacer les Etats-Unis, pour orienter la politique mondiale il y a loin de la coupe aux lèvres.



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