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Marché de dupes
Par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 3 octobre 2010

Il n’y a certes pas lieu de pavoiser, dans le camp des partisans de la paix, au lendemain de la décision prévisible de Mahmoud Abbas de suspendre les négociations directes avec les Israéliens, tant que la colonisation se poursuivrait. On peut facilement imaginer que, dans le camp palestinien, on n’attendait que la faute, sinon l’erreur, de l’adversaire pour se désengager, preuve que, dans le fond, de ce côté là on ne veut pas vraiment la paix.

Mais du côté israélien, qu’attendait-on vraiment ?

Décidé en novembre dernier, le « gel » des constructions n’a été suivi d’aucune proposition précise de la part du gouvernement israélien d’ouvrir des négociations.

Du côté palestinien il n’y a pas eu davantage de main tendue.

Aucune initiative, non plus, de la part de la France ou de l’Union européenne.

Pourquoi attendre une invitation pour faire des propositions ?

Il a donc, fallu, une fois, de plus, la médiation des Etats-Unis pour que des négociations indirectes débutent en…..mai et toujours à l’initiative des Etats-Unis ce n’est que fin août, moins d’un mois avant la fin du moratoire décidé par Israël, que des négociations directes ont commencé et, encore, en raison des fêtes juives, selon un rythme ralenti.

Prisonnier de sa coalition, et aussi par manque de courage (car pourquoi ne pas mettre son mandat en jeu ?) Netanyahou n’a pas osé reconduire le moratoire.

C’était vraiment se montrer bien naïf que de ne pas pressentir que les Palestiniens profiteraient de l’occasion pour fuir la table des négociations.

On nous répondra à cela qu’Israël est un Etat souverain et qu’il n’a pas à se plier aux oukases venant des Etats Unis ou encore moins de s’incliner devant des exigences palestiniennes.

Mais, comme nous l’avons dit, ici même, il y a quelques jours, ce n’est pas le moment, même si on en a la possibilité, d’avancer encore plus ses pions sur l’échiquier, alors qu’une négociation est précisément ouverte pour fixer les lignes de partage des deux camps.

Israël ne peut pas espérer plus de territoires qu’il n’en « occupe » actuellement.

Quant à Mahmoud Abbas, à propos duquel nous avions parlé d’un « Janus à deux têtes » (v. notre point de vue du 27 janvier 2008) il faut mettre en parallèle ses assauts d’amabilité avec la communauté juive tant à New York qu’à Paris, avec ses déclarations répétées à foison qu’il ne reconnaîtrait jamais Israël comme un Etat juif.

Autrement dit, il maintient sa volonté de voir consacrer le droit pour des millions de Palestiniens de venir s’installer en Israël.

Faussement qualifié de « droit de retour des réfugiés », il s’agit, en réalité d’un « droit à l’immigration » dans un pays, où la quasi-totalité d’entre eux n’a jamais vécu.

Or ce droit n’a jamais été reconnu nulle part.

Vainement essayera-t-on d’établir une comparaison avec la « loi du retour », qui permet à toute personne de confession juive d’obtenir la nationalité israélienne, donc le droit de s’installer en Israël, dès son arrivée sur le territoire israélien.

En effet, la « loi du retour » a été adoptée par la Knesset, autrement dit par les représentants du peuple israélien, prêt à accueillir, sur une base confessionnelle, toute personne, désireuse de rétablir le lien historique avec la « Terre d’Israël ».

Cela n’a rien à voir avec les prétentions de certains de venir s’établir dans un pays où leurs parents ou grands-parents ont pu vivre à une époque, où le territoire concerné ne constituait pas une entité souveraine.

Autrement dit, Israël, Etat souverain, peut décider d’accueillir automatiquement qui il veut, mais personne n’a autorité pour lui imposer des critères permettant à certaines personnes de venir s’établir sur son territoire.

Et de la même façon, le futur Etat palestinien pourra décider d’accueillir qui il veut sur son territoire, en « copiant » par, exemple, la « Loi du retour » israélienne, mais cela sera tout autre chose que de vouloir, insidieusement, délégitimer à terme l’Etat d’Israël.

Il ne faut pas perdre de vue le fait que les initiateurs du plan de partage de la Palestine de 1947 entendaient reconnaître un Etat pour les Juifs et un Etat pour les Arabes ne voulant pas vivre dans l’un des Etats arabes déjà existants.

L’Assemblée générale des Nations Unies ne faisait, ainsi, à une époque où l’on ne parlait pas de peuple palestinien, que prendre en considération, au nom du droit des peuples à l’autodétermination, le désir des tenants de l’idéal sioniste, de reconstituer un Etat juif, descendant des royaumes d’Israël.

Le souci actuel des Palestiniens de « rattraper » en quelque sorte leur erreur de 1947, qui les conduisit, à l’époque, à refuser le partage et même entre 1948 et 1967 à ne pas créer un Etat palestinien, lorsque les Territoires ne dépendaient pas d’Israël, ne les autorise pas pour autant à vouloir, ne serait-ce qu’à terme, la disparition de l’Etat d’Israël.

Réparer une erreur ne justifie pas la commission d’une injustice.



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