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Les pourparlers syriens ne sont pas sérieux. Mais le lâchage du Liban par l’Occident est une catastrophe majeure
Par Barry Rubin* | Jerusalem Post - Traduit et adapté par Artus pour www.nuitdorient.com
Article mis en ligne le 11 juin 2008

Pourquoi Israël négocie avec la Syrie et qu’est-il arrivé au Liban ? Un de ces 2 événements est peut-être le plus important de 2008, mais ce n’est pas le premier. Examinons pourquoi Israël et la Syrie négocient, alors qu’en fait ils simulent une négociation. Les deux parties savent qu’il n’y aura pas d’accord, mais elles ont de bonnes raisons de simuler la négociation, par l’intermédiaire de la Turquie.

Il y a 6 facteurs qui interviennent dans la décision du gouvernement israélien pour négocier avec la Syrie :

  • maintenir au pouvoir le premier ministre Ehoud Olmert, avec l’argument qu’il serait dommageable d’interrompre une négociation importante pour le démettre de ses fonctions, la paix étant plus précieuse qu’une « affaire de dessous de table »...

Ehoud Olmert utilisait déjà cette argumentation dans les pourparlers avec les Palestiniens, mais elle commençait à « s’user », et il a sauté sur un autre cheval. Cela ne veut pas dire qu’il va mettre en danger la sécurité du pays. Les manchettes des journaux suffisent pour éloigner l’échéance de sa chute.

  • montrer à tous qu’Israël recherche la paix. Il est vrai que le pays est prêt à des compromis pour cela, à condition que la contrepartie soit substantielle. En recherchant la paix, Olmert cherche à rallier le soutien des pays et des médias occidentaux, en sécurisant sa base en Israël.
  • donner un motif de retenue à la Syrie. Si la Syrie est occupée à bavarder de sujets où elle semble gagner du terrain, c’est tout bon pour son régime de dictature. Et, pour le moment, elle n’encouragera ni la terreur, ni les velléités guerrières du Hezbollah. Et si le Nord est tranquille, Israël peut mieux se concentrer sur les événements du Sud, ceux de Gaza.
  • et que la Turquie soit heureuse, bien que cela soit un facteur mineur. Bonne amie d’Israël, la Turquie a mis tout son prestige dans cette initiative. Laissons la faire.
  • montrer aux Palestiniens qu’Israël a d’autres partenaires possibles, comme moyen de faire pression sur eux. En effet en élargissant le fossé entre les intérêts de la Syrie et ceux de l’Autorité palestinienne, Israël a les mains plus libres. Puis, beaucoup de ceux qui poussent vers un accord avec la Syrie ne croient pas en un accord négocié avec les Palestiniens. Ehoud Barak, ministre de la Défense, est au centre de cet argument.
  • la couverture des médias et les communiqués des gouvernements ne laissent en rien filtrer que personne ne négocie en réalité et que les approches sont des préliminaires sans conséquence. En tout cas, cela ne coûte rien à Israël [1].

Si Barack Obama devient président des Etats-Unis, ses propositions de pourparlers directs seraient désastreuses pour Israël. La négociation pourrait avancer si la Syrie était prête à quitter réellement la sphère iranienne, à ne plus soutenir les groupes terroristes, à signer une paix concrète et à accepter des restrictions concernant le Golan (forces limitées, contrôle par postes d’alarme ...). Mais nous en sommes loin et toute négociation ne fera qu’éterniser, menant à une impasse.

Mais ce jeu en cours n’est pas une bonne stratégie, car il affaiblit le combat contre la sphère iranienne, objectif primordial au Moyen Orient aujourd’hui.

Mais alors, quelles sont les motivations syriennes ? La Syrie a 6 bonnes raisons de jouer.

  • le principal problème de la Syrie est son isolement sur le plan international. Son alliance militaire étroite avec l’Iran, qui s’ajoute à son soutien de la terreur au Liban, en Irak et en Israël lui coûte très cher diplomatiquement. Négocier avec Israël lui donne une caution de bonne conduite. Bis repetitum. Rappelons qu’en 1991, la dictature Syrienne a rejoint la coalition pour libérer le Koweit et a bénéficié de ce fait d’une décennie tranquille, sans autre concession et sans changement politique.
  • la Syrie veut que l’Occident oublie les assassinats perpétrés au Liban et annule le procès pour meurtre de l’ex -premier ministre du Liban Hariri.
  • la Syrie veut de même qu’on ferme les yeux sur ses incartades nucléaires, la construction d’une centrale à plutonium avec l’aide de la Corée du Nord. De même pour son soutien à l’insurrection en Irak qui tue des soldats américains.
  • la Syrie veut obtenir des avantages de l’Occident sans contrepartie
  • la Syrie veut gagner du temps, en faisant le pari que Barack Obama sera le prochain président américain et qu’il suivra une politique pro-syrienne [2]. C’est la rumeur à Damas.
  • la Syrie ne veut qu’une chose, consolider un régime dictatorial et son contrôle sur le Liban, sans interférence extérieure. Le Département d’Etat, la France ou l’Onu n’ont pas levé le petit doigt pour sauver le Liban de la main mise du bloc Iranien, sous prétexte que le Liban serait plus stable ainsi [3].

Croire que la Syrie cherche la paix est complètement absurde. Toute paix qui entraînerait la reconnaissance d’Israël, l’éloignement de la sphère Iranienne, l’abandon du Hezbollah et du Hamas, la cessation de toute ingérence terroriste en Irak, irait contre les intérêts syriens.

En attendant, le Liban est tombé dans le filet du Hezbollah, et ce pays rejoint la sphère Iranienne. Cette catastrophe prend d’autant plus d’ampleur que tout le monde fait semblant de l’ignorer. Un jour les yeux s’ouvriront et on verra cette tragédie come un autre Munich [4]. Bien sûr Bashar al Assad n’est pas Hitler (...), mais les Etats-Unis et l’Europe, surtout la France, ont agi envers le Liban, comme Neville Chamberlain, le 1er ministre anglais, avait agi à Munich envers la Tchécoslovaquie.

Et ceci, sans parler de l’Iran poursuivant son programme d’arme nucléaire, ni de Barack Obama devenant le président des Etats-Unis.

A moins d’un sursaut de l’Occident, il vaut mieux ne pas connaître la suite des événements.

  • directeur du Centre Gloria (Global Research in International Affairs Center) à IDC, Hertzlyah, publie « Middle East Review » de « International Affairs Journal »

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