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La visite manquée de Benoît XVI
Par Guy Senbel pour Guysen International News
Article mis en ligne le 15 mai 2009

Cette semaine, nous souhaiterions attirer l’attention de nos lecteurs sur la visite du pape Benoît XVI en Jordanie, en Israël et dans les territoires administrés par l’Autorité palestinienne, du 8 au 15 mai. Pendant une semaine, Benoît XVI aura effectué un pèlerinage très politique, et très critiqué par les Israéliens, déçus par des déclarations souvent maladroites, à Yad Vashem ou à Aïda, ou contrariés par des prises de position très engagées en faveur des Palestiniens.

Cette visite poursuivait plusieurs objectifs : renforcer les relations diplomatiques avec Israël, soutenir le processus de paix israélo-palestinien, affirmer la solidarité du Vatican avec les communautés chrétiennes d’Israël, présentées comme les victimes de victimes. Un programme dense, difficile et délicat, qui nécessitait une préparation minutieuse, tant dans le choix des déplacements que dans la composition des discours et des déclarations.

Les Israéliens attendaient beaucoup de ce voyage, trop sans doute. Ancien des Jeunesses hitlériennes, inspirateur du procès de béatification de Pie XII, responsable de la levée récente de l’excommunication de l’évêque négationniste Richard Williamson, Benoît XVI n’aura pas cherché à rassurer les inquiets. Un voyage risqué, ou raté, au cours duquel le « pèlerin de la paix » aura commis des erreurs d’ordre diplomatique, politique, et historique.

Sa plaidoirie en faveur de la création d’un « Etat palestinien souverain » n’a guère de chance de renforcer les relations diplomatiques avec Israël. En effet, Benoît XVI plaide la cause palestinienne comme si les Israéliens étaient hostiles par principe à la création d’un Etat palestinien. Il parle de violence sans évoquer le terrorisme, dénonce le mur de séparation, le « mur tragique » qui jouxte le village palestinien d’Aïda, sans rappeler les raisons de sa construction… La paix qu’il appelle de ses vÅ“ux exprime d’abord sa solidarité proclamée avec les Palestiniens. Israël serait un pays où les frontières sont des barrières.

Benoît XVI souhaite que le Christianisme continue de jouer un rôle « dans le Proche-Orient où il est né ». Les chrétiens fuient en effet de plus en plus les territoires palestiniens, victimes des violences qu’ils y subissent. L’Église déplore les difficiles conditions des chrétiens qui représentent 2% de la population israélienne. Mais elle oublie de signaler que l’avenir des chrétiens est plus du côté d’Israël que des Arabes. L’islamisation de la société arabe est un facteur déterminant dans le choix des familles chrétiennes de s’installer en Israël où ils vivent un « christianisme sans crainte » selon l’expression de Catherine Dupeyron. En outre, la défense « politique » des chrétiens rappelle que les discussions du Vatican avec Israël portent toujours, depuis la reconnaissance d’Israël par le Vatican en 1993, sur la question de la souveraineté du Vatican sur les lieux historiques du christianisme que sont par exemple la basilique de l’Annonciation à Nazareth ou le Mont Thabor.

Cette fois, Benoît XVI entend également faire reconnaître l’exonération fiscale dont l’Église a bénéficié en « Terre sainte », à l’époque des empires Ottoman et Britannique…

C’est à l’occasion de sa visite du cimetière symbolique des victimes de la Shoah que Benoît XVI s’est sans doute montré le plus décevant. Le pape allemand qui portait la chemise brune et l’insigne nazi, celui qui a chanté dans sa jeunesse à la gloire du plus grand criminel de tous les temps, « enrôlé » dans les jeunesses hitlériennes, malgré le démenti du Vatican, aurait pu se repentir, comme allemand. Héritier des silences de Pie XII pendant la Shoah, héritier aussi du « Pardon » exprimé par Jean-Paul II, Benoît XVI aurait pu se repentir, comme chrétien. Trois ans après son discours d’Auschwitz dans lequel il avait livré une étonnante interprétation de l’extermination des Juifs qui exonérait la société allemande de toute responsabilité, Benoît XVI n’a fait que critiquer le révisionnisme, sans passion.

Le voyage de Jean-Paul II, qui visita Israël en 2000, trente six ans après la visite de Paul VI, fut un moment important dans le processus historique de réconciliation entre juifs et catholiques amorcé avec le Concile Vatican II en 1965. Jean-Paul II fut le premier pape à se rendre à la grande synagogue de Rome en 1987. Souvenons-nous de sa déclaration sur les Juifs, « frères aînés ».
Des sujets de désaccords existent entre juifs et chrétiens, mais ils ne suscitent ni discorde ni mépris. L’issue de l’affaire du carmel d’Auschwitz et la « Déclaration d’Auschwitz » cosignée par la hiérarchie catholique et les représentants des communautés juives ont montré qu’une crise pouvait se résoudre grâce au dialogue. Depuis, un dialogue interreligieux constructif se développe. La déclaration de repentance des évêques de France ou la mission extraordinaire du Père Desbois au service de la mémoire juive sont des signes forts.

Benoît XVI a rencontré lundi 11 mai à Jérusalem les parents de Guilad Shalit qui lui ont demandé d’intervenir pour la libération de leur fils. Ce soir, nous pensons à Guilad Shalit, soldat de Tsahal et citoyen français, otage du Hamas à Gaza depuis 1056 jours.



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