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La place de la Syrie dans la communauté internationale selon Élisabeth Guigou en juin 2010
Hélène Keller-Lind
Article mis en ligne le 4 mars 2012

Impossible en entendant au quotidien parler des massacres perpétrés contre Bashar Al-Assad contre le peuple syrien et pour qui l’a en mémoire de ne pas penser aussitôt à ce « Rapport d’information parlementaire sur la Syrie n° 2628 du 16 juin 2010 par la Commission des Affaires étrangères en conclusion des travaux d’une mission d’information présidée par Mme Élisabeth Guigou »...C’est là un exemple flagrant de l’inconséquence de « responsables » politiques qui poussent le pouvoir à prendre des décisions majeures sur la base d’informations totalement erronées.

Des décisions prises sur la base d’informations erronées : le 14 juillet 2008

Point n’est besoin ici de rappeler ce qui se passe en Syrie depuis des mois. Cela fait désormais la une des médias français et le gouvernement se mobilise pour tenter de faire cesser le massacre. Il suffira de dire qu’un dictateur alaouite fait tirer au canon sur des insurgés qui ont fini par se révolter quasiment à mains nues contre un pouvoir sanguinaire, tuant au passage femmes et enfants et, sans doute aussi, fidèles. Le tir au canon ne fait pas de détail. Ce que personne ne peut justifier, comme on l’entend pourtant parfois, au motif que ces insurgés seraient aussi des barbares.

Pourtant, il convient de rappeler que dans la foulée du « Rapport d’information parlementaire sur la Syrie n° 2628 du 16 juin 2010 par la Commission des Affaires étrangères en conclusion des travaux d’une mission d’information présidée par Mme Ã‰lisabeth Guigou » #P671_261008 le gouvernement français avait décidé d’aider plus avant le dictateur syrien. Au cours d’une conférence de presse au CAPE Élisabeth Guigou s’était félicitée alors de l’accueil positif réservé à son Rapport par le Président de la République

C’est d’ailleurs sur la base d’informations du même acabit que la France avait incité le dictateur dans la tribune d’honneur pour le défilé du 14 juillet 2008. A ce propos, le site Lemonde.fr précisait en juin : « L’invitation lancée au président Al-Assad intervient alors que Paris a relancé les contacts avec la Syrie depuis l’élection, le 25 mai, d’un président au Liban et va envoyer
des émissaires à Damas ». Une « embellie ne faisant pas l’unanimité car, lisait-on aussi : « Le rapprochement entre Paris et Damas a suscité des réactions contrastées, les Etats-Unis notamment se montrant sceptiques. La secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice, en route pour participer
à la conférence sur l’Afghanistan à Paris, a ainsi exprimé mercredi l’espoir que la France transmettrait le bon message à la Syrie, aussi bien sur le Liban que sur les négociations de paix avec Israël ».

Un Rapport parlementaire sur la Syrie à relire à la lumière des événements actuels

Deux ans plus tard, Élisabeth Guigou, élue P.S., plusieurs fois ministre, présidait une mission d’information sur « la place de la Syrie dans la communauté internationale ». Le Rapport qu’elle a cosigné avec le Rapporteur Renaud Muselier, élu UMP et ancien ministre, préconise une aide accrue à Bashar Al-Assad. Après avoir constaté : « DES SIGNES D’OUVERTURE INCONTESTABLES « , « UN PROCESSUS DE RAPPROCHEMENT AVEC L’OCCIDENT », se félicitant que « La France, - ait été - premier pays à franchir le pas... Un pari réussi, b) Des relations bilatérales désormais très intenses", constatant « UN JEU RÉGIONAL PLUS ÉQUILIBRÉ », etc. Bien sûr, le Rapport qualifie le régime d’autoritaire, précisant : « Des libertés publiques encore à conquérir a) Quelques signes encourageants b) Un bilan qui reste négatif ».

Quant aux relations avec Israël, un chapitre y est consacré sous le titre :

La paix avec Israël est-elle envisageable ? On y lit :
« L’hostilité à Israël est l’un des fondements de l’alliance syro-iranienne, mais la situation objective de ces deux pays vis-à-vis de l’Etat hébreu est très différente. Alors que cette hostilité est avant tout idéologique au sein des dirigeants de la République islamique et se traduit par des menaces directes contre l’existence d’Israël , le régime syrien affirme vouloir seulement récupérer la partie du Golan qui est occupée depuis juin 1967 – ce qui permettrait de mettre fin à l’état de guerre entre les deux Etats qui dure depuis plus de quarante ans –, tout en soutenant la revendication d’un Etat palestinien. La Syrie est donc à la fois plus directement concernée que l’Iran par les conséquences du conflit israélo-arabe et plus pragmatique quant aux moyens de le résoudre.
A noter que lors du Dîner du CRIF de 2011 le Président de la République faisait sienne cette théorie étonnante : un retrait du Golan allait apporter la paix.
On lit plus loin dans le Rapport :
« 1) Un soutien affiché à la cause palestinienne malgré des relations difficiles avec les responsables palestiniens
Comme le Liban et la Jordanie, la Syrie accueille sur son territoire depuis plusieurs décennies un grand nombre de réfugiés palestiniens : ils seraient actuellement de l’ordre de 600 000. Elle est d’ailleurs plus généreuse avec eux que la plupart des autres pays d’accueil. Ainsi, alors qu’au Liban l’accès à un grand nombre de professions leur est fermé, en Syrie, les réfugiés palestiniens ont quasiment les mêmes droits sociaux que les Syriens ; leurs camps sont devenus des villes ou des quartiers semblables aux autres. De même que pour l’accueil récent des réfugiés irakiens (voir supra), le sentiment pan-arabe a facilité leur acceptation par la société syrienne.
Les relations entre Syriens et Palestiniens sont pourtant marquées par l’ambiguïté et ont plus souvent été conflictuelles qu’amicales au cours des dernières décennies et encore aujourd’hui. Cela n’empêche pas les autorités syriennes de se présenter comme soutenant la revendication d’un Etat palestinien ».

A noter que Le Rapport ne précise pas que parmi les réfugiés il y a le Hamas qui a son QG à Damas. Étrange omission. Le soutien de Bashar Al-Assad à Hamas et Hezbollah n’est évoqué que très discrètement. Ces mouvements ne sont pas qualifiés de terroristes, alors que l’UE et les USA les considèrent comme tels. Et au cours de l’examen du Rapport, Élisabeth Guigou précisait : « Le Hezbollah et le Hamas sont pour les Syriens des « forces de la résistance », un rempart contre les velléités militaires d’Israël à l’encontre du Liban ».

Les conclusions du Rapport, indiquant une ligne de conduite au gouvernement, sont donc très intéressantes. Elles préconisent de :
«  graduer les suites données aux demandes syriennes de coopération et les relations politiques avec Damas en fonction des résultats obtenus sur les dossiers des disparus libanais et surtout de la délimitation de la frontière, et des avancées dans le domaine des droits de l’Homme ;
– adapter les moyens destinés aux actions de coopération aux promesses politiques faites en la matière ;
– appuyer le processus devant conduire la Syrie à devenir membre de l’Organisation mondiale du commerce et aider concrètement le pays à s’y préparer ;
– poursuivre les actions menées par le ministère français de l’économie notamment en faveur de la modernisation du système fiscal et des modes de financement public ;
– poursuivre la coopération avec les établissements syriens d’enseignement afin d’améliorer le niveau de formation et de l’adapter aux besoins importants de l’économie ;
– maintenir la politique d’accueil d’étudiants syriens en adaptant les critères d’octroi de visa.
2) Pour la France et la communauté internationale :
– s’efforcer de faire de la Syrie un intermédiaire constructif dans leurs relations avec l’Iran.
3) Pour l’Union européenne :
– traduire en actes les conclusions du Conseil européen du 8 décembre 2009 en utilisant la densité des relations politiques et économiques euro-israéliennes pour amener Israël à faire les compromis nécessaires à la paix avec les Palestiniens ;
– accepter des concessions en matière agricole et sur le montant des contreparties accordées à la Syrie dans le cadre de l’accord d’association, mais rester ferme sur les droits de l’Homme ;
– faire tous les efforts nécessaires pour lancer sans plus tarder les projets les plus avancés proposés dans le cadre de l’UpM, en particulier ceux qui contribueront à une meilleure intégration régionale de la Syrie ;
– harmoniser les messages des Vingt-sept sur les droits de l’Homme dans leurs contacts avec les autorités syriennes, notamment en établissant une liste actualisée de détenus symboliques dont ils demanderaient la libération, puis élaborer une stratégie commune ;
– faire de la formation des jeunes une priorité dans ses actions de coopération ».

Des conseils piégés

Ces mesures préconisées dans le Rapport ont été appliquées en partie, sans doute, et ont conforté la position du dictateur. On en voit le résultat aujourd’hui.
Or, c’est sur la base de conseils ou informations de cet acabit que sont prises toutes les décisions gouvernementales en matière de politique étrangère. Concernant Israël également. Comme cela est souligné plus haut à propos du Golan. Le consulat de France à Jérusalem, qui peut se targuer d’entretenir d’excellents relations avec le Hamas - qui lui permet de construire un grand centre culturel français dans la Bande de Gaza pour un million d’€- et d’être le seul État étranger à le faire, envoie d’ailleurs régulièrement au Quai d’Orsay des renseignements hostiles à l’État hébreu. Et, comme le rapporte souvent Claude Goasguen, le Président de la République est alors bombardé de notes le poussant à prendre des décisions de politique étrangère sur la base de renseignements on ne peut plus biaisés....



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