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L’ONU et le Liban
David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 23 novembre 2005

Notre propos n’est pas d’évoquer l’intérêt que le Conseil de sécurité porte aux circonstances dans lesquelles l’ancien Premier ministre libanais Rafik Hariri a été assassiné, l’enquête internationale qu’il a diligentée étant toujours en cours.

Nous n’évoquerons, pas davantage, aujourd’hui, le désarmement des milices « libanaises et non libanaises » qui a été ordonné par sa résolution 1559 du 2 septembre 2004, et qui tarde à intervenir, malgré les efforts faits par l’Envoyé de l’ONU chargé de son application, le norvégien Terje Roed-Larsen, ancien Coordonnateur spécial pour le Moyen-Orient. qui s’est déjà rendu, à plusieurs reprises à Beyrouth.

Non, il s’agit de la déclaration récente, en date du 21 novembre 2005, du Secrétaire général adjoint aux affaires politiques de l’ONU, le guinéen Ibrahim Gambari, ancien conseiller spécial de Kofi Annan pour l’Afrique, aux termes de laquelle « l’ONU condamne l’attaque du Hezbollah le long de la Ligne bleue ».

Il n’est pas fréquent de voir l’ONU, généralement soucieuse de « renvoyer dos à dos » les adversaires condamner la responsabilité initiale de l’une d’elles.

La déclaration est on ne peu plus claire : « Le Secrétaire général adjoint aux affaires politiques de l’ONU, Ibrahim Gambari a exprimé aujourd’hui sa grave préoccupation face aux vifs échanges de tirs qui ont commencé selon les informations disponibles du côté libanais de la Ligne Bleue aujourd’hui », indique un communiqué du Bureau du Coordonnateur spécial pour le Moyen-Orient, publié à Jérusalem. Ibrahim Gambari a condamné ces graves attaques menées à plusieurs endroits de la Ligne Bleue » (souligné par nous).

Il est vrai que, sans doute, pour ne pas se voir accuser de pactiser avec l’ « ennemi sioniste », ce même haut fonctionnaire des Nations unies, a, le même jour, diffusé un autre communiqué dans lequel il appelait à « accroître la liberté de circulation dans les Territoires palestiniens ».

Il a, en effet, « souhaité que le retrait israélien de Gaza soit désormais suivi d’un accroissement de la liberté de circulation entre les Territoires palestiniens et en Cisjordanie »

Et, là, c’est effectivement Israël qui est seul mis en cause, sans que l’on cherche à comprendre les réticences du gouvernement israélien d’accepter une telle liberté, dont bénéficieraient, ipso facto, les terroristes.

Mais, pour en revenir aux récents incidents relatifs à la Ligne bleue (rappelons que cette ligne sert de démarcation avec le Liban, au même titre que la « Ligne verte » sert de séparation avec les Territoires palestiniens), la récente déclaration du Secrétaire général adjoint a appelé « le gouvernement libanais à reprendre le contrôle du Sud du pays », car « les violations d’aujourd’hui montrent une fois de plus l’importance qu’il y a à ce que le gouvernement libanais étende son contrôle sur tout le territoire et qu’il y exerce le monopole de la force ».

C’est cette carence des autorités libanaises que nous avions déjà dénoncée, dans nos points de vue des 1er août et 5 septembre 2004 sur Désinfos.com.

Si, à l’époque, le gouvernement libanais pouvait, éventuellement, se prévaloir de l’absence de marge de manœuvre du fait de la présence militaire syrienne sur son territoire, il n’en est rien, depuis le retrait apparent de cette présence intervenu il y a quelques mois.

Notons que le lendemain de la déclaration de son adjoint, Kofi Annan a lui-même pris position (SG/SM/10226 du 22 novembre 2005).

Si le titre du communiqué qu’il a fait publier traduit le sempiternel équilibre entre Israël et les terroristes : « Le Secrétaire général déplore les échanges de tirs meurtriers qui ont eu lieu lundi de part et d’autre de la Ligne bleue entre Israël et le sud-Liban », en revanche, son contenu est très clair.

Il y est dit que : « Les hostilités, provoquées du côté libanais, se sont rapidement propagées le long de toute la Ligne bleue en prenant pour cibles, selon les informations reçues, des zones résidentielles israéliennes » (souligné par nous).

Non moins remarquable est le fait que Kofi Annan a tenu à reprendre les termes d’un rapport de Terje Roed-Larsen, qui rappelait, par ailleurs, que, bien que « de nombreux Libanais continuent de soutenir que le Hezbollah n’est pas une milice, mais un ’mouvement légitime de résistance’ qui se bat pour libérer la région des fermes de Chebaa de l’occupant israélien » « cette interprétation du statut des fermes de Chebaa est diamétralement opposée à la position de l’Organisation des Nations Unies ».

De même, dans ce rapport il était dit « qu’Israël s’était acquitté......de l’obligation qui lui incombait au titre des résolutions du Conseil de sécurité..... de retirer ses forces de tout le territoire libanais ».

En de multiples occasions, le Conseil et l’Envoyé du Secrétaire général ont affirmé que les fermes de Chebaa - revendiquées, par ailleurs, par la Syrie - ne faisaient pas partie du Liban.

Aussi le dernier communiqué de Kofi Annan reprend la conclusion de son Envoyé spécial, aux termes de laquelle : « Toute ’résistance’ libanaise pour ’libérer’ la région de l’occupation israélienne ne saurait donc être considérée comme légitime »

Et d’ajouter : « D’autre part, même si les prétentions libanaises sur les fermes de Chebaa étaient fondées, il serait de la seule responsabilité du Gouvernement libanais de les défendre, conformément au droit international et aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité ».

On ne saurait être plus clair.



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