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L’Europe oublie le Hezbollah
Richard Prasquier - Président du CRIF
Article mis en ligne le 19 février 2013

Hier, 18 février 2013, les ministres des Affaires étrangères se sont réunis au Conseil des Affaires étrangères de l’Union Européenne qui s’est tenu sous la présidence de Catherine Ashton, Haute représentante pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité.

Chacun pensait que la question de la mise du Hezbollah sur la liste européenne des organisations terroristes serait traitée à cette réunion. C’est d’ailleurs ce qui nous avait été dit il y a une dizaine de jours lors de la rencontre de la délégation américaine de la Conférence des Présidents des organisations juives américaines avec les pouvoirs publics français. Depuis plusieurs mois, il nous avait été expliqué qu’il fallait attendre les résultats de l’enquête sur l’attentat de Burgas pour prendre une décision, et que les assertions quasi immédiates du gouvernement israélien sur la responsabilité du Hezbollah dans cet attentat ne pouvaient évidemment pas suffire.

En fait, l’enquête bulgare a été particulièrement formelle, et ne laisse pas le moindre doute sur l’implication du Hezbollah.

Le ministre des Affaires étrangères bulgare, Nicolas Mladenov, avait répondu peu avant la réunion du Conseil aux journalistes qui l’interrogeaient sur la logique de cette inscription sur la liste terroriste : « Étant donné que nous avons fait des déclarations très fermes quant à l’origine des responsables de cet attentat, je pense que la réponse à votre question est tout à fait évidente… ».

Le rapport sur les attentats devait être présenté à la réunion. Il ne l’a pas été.

Dans la vingtaine de pages du rapport provisoire, on ne trouve pas un mot sur la Bulgarie ou le Hezbollah. Les discussions ont porté, entre autres, sur le Mali, la Syrie, le Zimbabwe (amélioration de la situation, tant mieux… ), la Corée du Nord et le Kosovo. Le processus de paix au Moyen-Orient a été évoqué au cours du déjeuner.

Les objurgations des autorités américaines n’y ont rien fait, les conclusions de l’enquête et le rappel des attentats passés non plus. Peut-être même ces derniers ont-ils eu un effet de blocage, car les risques réels de représailles par le Hezbollah (dans nos pays ou sur la Finul…) pèsent probablement lourd dans cette non-décision qui décrédibilise un peu plus la politique de l’Union européenne. Il y avait bien une esquive, hypocrite, mais symbolique, qu’on aurait pu envisager : celle de ne lister que la branche armée du Hezbollah et de reconnaître ainsi, avec les contorsions intellectuelles et morales nécessaires, les contacts possibles avec les « politiques » du mouvement, qui participent notamment au gouvernement libanais. Ce fut le choix du Royaume-Uni dans le passé (seuls en Europe, les Pays-Bas ont inscrit le Hezbollah dans son ensemble sur la liste des organisations terroristes). Le Conseil des Affaires étrangères de l’Union européenne a préféré le silence total. Nous en saurons probablement un jour un peu mieux les causes de cette démission et je suppose que la recherche d’une unanimité impossible fut l’une d’entre elles.

Le moins qu’on puisse dire est que ce Conseil Européen ne s’est pas grandi, mais il n’est pas seul en cause : les États européens qui avaient émis de si fermes et martiales déclarations ont révélé, pour le moins, leur impuissance. Je continue au moins d’espérer que la France n’a eu qu’un seul discours.

Quelques jours auparavant l’Argentine avait repris langue avec l’Iran, de façon à passer outre aux incriminations bien établies jusque-là du Hezbollah et de dirigeants iraniens dans les terribles attentats de l’Amia il y a une vingtaine d’années.

Le chantage paie. La faiblesse ne peut préluder qu’à d’autres abandons. Et comment faire confiance à une Europe incapable de nommer les choses et les hommes ?



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