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Idéal démocratique et recherche de la paix
par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 31 juillet 2008

La démission (relativement) prochaine d’Ehoud Olmert confirme, si besoin était, le caractère démocratique de l’Etat d’Israël. Elle confirme, également, ce que Montesquieu entrevoyait déjà au 17ème siècle, dans L’Esprit des lois , à savoir que la corruption guette la démocratie. Mais, notre propos n’est pas aujourd’hui de nous interroger sur le bien-fondé des critiques adressées à l’actuel Premier ministre israélien, ni même et surtout sur le nom de son successeur.

Nous voudrions, plus modestement, souligner l’importance du choix que, pour la première fois, à notre connaissance, depuis 1948, le corps électoral israélien devrait être amené à faire, d’ici quelques mois, à l’occasion d’élections législatives, qui s’avèreront certainement incontournables.

De façon paradoxale, ce n’est pas sur le contenu d’une éventuelle Constitution - car, après tout la Grande-Bretagne, démocratie plus ancienne n’en est pas davantage pourvue - que devra se faire un choix.

Il n’est, sans doute pas encore, temps, non plus, de songer à la place que peut ou devrait avoir la religion en Israël.

Il s’agit là de questions importantes, certes, mais qui passent après celle beaucoup plus cruciale de la paix.

Or, jusqu’à présent, le choix des électeurs israéliens s’est porté plus sur des hommes et des femmes, qui ne mettaient pas en avant telle ou telle option de paix.

Paradoxalement, le choix du système de la représentation proportionnelle intégrale, qui devait, pourtant, permettre de dégager, à l’échelle nationale, un programme de gouvernement portant, à la fois, sur les aspects internes qu’internationaux de la politique à suivre n’a abouti, jusqu’à présent, qu’à un émiettement de la représentation parlementaire.

Faute de majorité stable, les gouvernements ont dû avoir recours, le plus souvent, à des coalitions, au moment de choix décisifs, sans parler de marchandages plus ou moins avouables, à d’autres moments, avec tel ou tel groupuscule.

Cela tient presque du miracle - mais il est vrai que le peuple juif en a l’habitude - si Menahem Begin, dans les années 78-79, ou Rabin, en 1993, ont pu poser les premiers jalons de cette paix, sans laquelle Israël ne peut survivre à long terme.

Indépendamment de la mauvaise foi évidente de Yasser Arafat, encouragé dans son obstination par Jacques Chirac, lors de la négociation de Camp David II, durant l’été 2000, il n’est pas certain que Ehoud Barak aurait pu mettre en œuvre ses propositions, que nous nous permettons - à distance, il est vrai - de trouver courageuses.

Ces propositions n’avaient, en effet, pas été évoquées dans sa plate-forme électorale.

De même - et encore s’agissait-il d’un plan beaucoup plus modeste - Ariel Sharon n’avait pas recueilli, au préalable l’assentiment d’une majorité d’Israéliens en vue d’un désengagement de la Bande de Gaza, d’où les difficultés auxquelles il se heurta, lors de sa réalisation, à l’automne 2005.

Nous nous permettrons, au passage, de déplorer d’ailleurs que les conséquences de ce désengagement, sur le plan intérieur, n’aient pas été sérieusement étudiées, puisque l’on découvre que, près de 3 ans plus tard, une partie des colons n’ont pas été relogés définitivement (leur réimplantation dans d’autres Territoires ne nous paraissant pas d’ailleurs la solution la plus opportune...).

Le triomphe de l’idéal démocratique aura, malheureusement, pour effet sinon de mettre fin aux négociations en cours, du moins, malgré l’implication décisive et courageuse de la Secrétaire d’Etat américaine, d’en rendre l’aboutissement, même partiel, aléatoire d’ici la fin de l’année, comme l’espérait le président Bush.

Déjà la partie palestinienne ne manifestait pas un grand enthousiasme, s’arc-boutant sur des a priori, dans le secret espoir que le prochain occupant de la Maison Blanche serait moins sensible aux thèses sécuritaires israéliennes, qui ne peuvent être occultées, malgré l’engagement pris par les deux parties, lors de la Conférence d’Annapolis de novembre 2007, de parvenir à un accord sur la création d’un Etat palestinien avant fin 2008.

Mais, après tout, quelques mois supplémentaires après un délai de 60 ans ne seront-ils, peut-être, pas superflus, s’ils permettent au moins au peuple israélien de se préparer (ou plutôt d’être préparé) à accepter des concessions sur le tracé des frontières et le statut de Jérusalem, dès lors que l’essentiel, à savoir la reconnaissance d’Israël, sa vocation d’être l’Etat des Juifs et le droit de ses habitants de vivre à l’abri du terrorisme, seront solennellement reconnus et garantis.

Le tout est de savoir si un homme (ou une femme) politique prêt(e) à tenir un langage clair et réaliste sera entendu(e) par le corps électoral, après avoir réussi à franchir l’obstacle de son parti..

Un proche avenir devrait nous le dire.



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